Assemblée nationale : Black-Out sur les Rs 80 milliards de la MIC

Xavier-Luc Duval se heurte à un double mur composé du ministre des Finances, Renganaden Padayachy et du Speaker, Sooroojdev Phokeer

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Le Speaker : « Le ministre ne veut pas répondre, nous ne pouvons le forcer à répondre et il n’y a pas lieu d’avoir des interpellations supplémentaires »

Le ministre Lesjongard abreuve l’hémicycle d’une réponse-fleuve sur le niveau des réservoirs avec les pluies d’été attendues que vers la fin de l’année

La tranche du Question Time, après le Lunch Break, a été quasiment une répétition de la Private Notice Question de la fin de matinée, notamment sur des sujets d’importance nationale. C’était le Black-Out sur les opérations de la Mauritius Investment Corporation Limited avec la gestion des Rs 80 milliards de Tax Payers Money en provenance de la Banque de Maurice. Ainsi, le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, s’est heurté à un véritable mur, composé du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et du Speaker, Sooroojdev Phokeer, ce dernier intervenant pour couper court à des interpellations supplémentaires du leader du PMSD. « Puisque le ministre ne veut pas répondre à la question et que nous n’avons aucun pouvoir à le forcer à donner des réponses, il n’y a pas lieu d’avoir des interpellations parlementaires », a déclaré Sooroojdev Phokeer alors que Xavier-Luc Duval tentait d’acculer le Grand Argentier sur les déboursements opérés par la Mauritius Investment Corporation Ltd, avec à la présidence Lord Desai souffrant de « déficience auditive » ou encore de Yousouf Ismaël, qui fait l’objet d’une enquête à charge de la part de l’Independent Commission Against Corruption sur des contrats alloués dans des conditions suspectes alors qu’il était à la tête de la Central Water Authority.

Par contre, le ministre des Utilités publiques, Joe Lesjongard, a abreuvé la Chambre d’une réponse-fleuve sur le niveau des réservoirs et le fait que selon les prévisions de la Météo, les premières pluies d’été ne seront attendues que vers la fin de cette année. Toutefois, au sujet de la promesse électorale de L’Alliance Morisien d’assurer une fourniture d’eau selon la formule 24/7, à la suite d’une interpellation du député travailliste, Patrick Assirvaden, le ministre dira en substance que « l’abonné ne devra pas s’attendre à avoir de l’eau 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ».  À noter que sur 22 Parliamentary Questions inscrites dans la tranche du Prime Minister’s Question Time, seules quatre ont été répondues lors de la trentaine de minutes d’hier.

Après avoir confirmé la composition du Board de la Mauritius Investment Corporation Ltd, qui relève du domaine public, le ministre Padayachy a fait comprendre à la Chambre que « la Mauritius Investment Corporation Ltd, étant une société privée à responsabilité limitée, il ne serait pas approprié de divulguer les noms des membres de son Comité d’investissement et de ses conseillers légaux ».

Pourtant, l’interpellation du leader du PMSD portait non seulement sur la composition du Board mais également sur les membres de l’Investment Committee, les conseils légaux aussi bien que les fees et honoraires, qui sont prévus à cet effet.

XLD : J’ai non seulement demandé des détails sur la composition du Board de la MIC mais aussi le budget des fees pour les membres et autres. C’est la première fois qu’un ministre refuse de répondre à des questions sur l’utilisation des fonds publics.

Padayachy : Je n’ai pas les informations réclamées. Je vais revenir à la Chambre avec les informations demandées. Je n’ai pas encore ces informations. Je vais y revenir.

XLD : Lord Desai has a glorious past mais aujourd’hui, il est âgé de 80 ans. Il souffre de déficience auditive. Il ne peut participer aux délibérations que par visioconférence. Is he the person in whom we have blind confidence ?

Padayachy : L’ex-Deputy Prime Minister et ministre des Finances semble oublier que l’on est toujours sous la COVID-19 dans le monde même si Maurice est encore l’un des rares pays à avoir évité cette pandémie. C’est la technologie qui compte. Il n’y a pas de problème, c’est la personne qui compte…

XLD : Mais il souffre de déficience auditive. Il y a encore le cas de Yousouf Ismaël, secrétaire de la Chambre de Commerce et d’Industrie, qui fait l’objet d’une enquête de l’ICAC et qui a déjà été entendu formellement sur l’allocation de contrats à la CWA ?

Padayachy : Je ne sais pas s’il a été entendu Under Warning à l’ICAC. Il ne faut pas croire ce qui est écrit dans la presse. C’est faux…
XLD : Moi, je sais que cette information est fondée. Et le cas de Sonoo de la State Bank, qui préside l’Investment Committee sur les Rs 80 milliards ?

Padayachy : C’est une société privée et il ne serait pas approprié de divulguer les informations recherchées.

Speaker : Last question.

XLD : With your kind permission. This is the only PQ he is answering. He has taken our money and given to the MIC. Le montant est de Rs 80 milliards. Nous avons besoin de savoir le montant qui sera accordé à des promoteurs fonciers et immobiliers, proches du gouvernement… This we have the right to know…

Padayachy : L’honorable membre est un ancien ministre des Finances. Il doit savoir qu’il y a une ligne entre la Banque de Maurice et le ministère des Finances. Dans le passé, c’était une pratique de voir l’un critiquer l’autre…

À cet instant, le Speaker s’adressant à des membres de l’opposition, tempête « you don’t have the floor » comme pour assurer un meilleur contrôle de la situation.
Padayachy : Le gouverneur de la Banque de Maurice critiquait le ministre des Finances.

Speaker : (mettant fin aux échanges) : Next question. They don’t want to listen to the answer.

XLD : La honte…

Auparavant, à une autre interpellation de Xavier-Luc Duval sur la liste de demandes d’intervention soumises à la Mauritius Investment Corporation Ltd de même que les noms des entités et les montants approuvés et déboursés, le Grand Argentier avait invariablement adopté la même formule au sujet de la nature privée de cette filiale de la Banque de Maurice.

XLD : Mais le ministre des Finances semble oublier que lors d’un point de presse, le gouverneur de la Banque de Maurice avait déclaré que la transparence sera le maître-mot. Why reverse that attitude and refuse to answer questions to the House on the Rs 80 billion?

Padayachy : La Banque de Maurice est une institution indépendante…

Speaker : Next question. Je l’ai dit dans mon Ruling. The minister does not want to answer the question. I can’t force him. There is no need for supplementary questions.

XLD : Let me explain. En juin dernier, le ministre avait donné des détails à la Chambre. I am entitled to ask why and what are they trying to hide. What is fishy? Qu’y a-t-il à être caché du public ?

Speaker : Thank you. You have your explanations. Now next question.

XLD : Mr Speaker…

Speaker (imperturbable) : You put a question. The minister does not want to answer. We can’t force to answer. There is no need for supplementary…

XLD : Je suis totalement surpris de cette attitude de la part du gouvernement par le truchement du ministre. Le public aura pris note.

Abordant les séquelles de COVID-19 sur l’économie et en réponse au député travailliste, Ritesh Ramful, le ministre des Finances a avancé que le nombre de chômeurs pourrait atteindre 50 000 pour cette année calendaire, soit 8,3%. « Ce chiffre est bien inférieur aux 100 000 chômeurs prévus initialement en avril 2020. (Il ne précise qu’il avait lui-même mentionné ce chiffre dès la mi-mars.) En fait, grâce au soutien du gouvernement fourni par le biais du Wage Assistance Scheme et du Self-employed Assistance Scheme ainsi que des mécanismes de soutien mis à disposition via l’ISP Ltd, la DBM Ltd et SIC, nous avons pu empêcher le chômage de masse », ajoutera-t-il.

Dans sa réponse liminaire, le ministre des Finances a systématiquement établi un parallèle entre la situation à Maurice et celle dans d’autres économies. Il devait mettre en garde contre les retombées de la deuxième vague de COVID-19, qui sévit en Europe notamment. « Nos principaux partenaires commerciaux sont gravement touchés et ont donc dû prendre des mesures additionnelles pour freiner la propagation du virus. À Maurice, c’est d’ailleurs parce que le virus ne circule plus dans la communauté locale que l’activité économique reprend graduellement, de trimestre en trimestre », déclare le ministre. Et d’ajouter que « pour rappel, à Maurice, selon les estimations, chaque semaine de confinement a réduit notre PIB de 1,5 %. Il n’est donc pas surprenant que, pour la période d’avril à juin 2020, l’activité économique se soit contractée de 32,5 % par rapport à la même période l’année dernière. Au premier trimestre 2020, le PIB s’est contracté de 2,6 %. Ainsi, selon nos estimations, pour les six premiers mois de 2020, Maurice a déjà perdu 8,7 % de son PIB ». Il a révélé que « le confinement coûte à l’économie de Maurice plus d’un milliard de roupies par jour et plus la période de confinement est étendue, plus ce chiffre augmente de manière exponentielle. »

L’évolution des autres indicateurs, selon le ministre est la suivante :

PIB : Rs 436,5 milliards contre Rs 452,3 milliards, chiffre annoncé dans le dernier budget

Dette publique : Rs 397,1 milliards, soit Rs 356,9 milliards de dette nette du secteur public. « La dette nette du secteur public en pourcentage du PIB devrait s’élever à 81,8 % pour l’année fiscale 2020-2021 », dit-il en citant les 196% du PIB du Royaume-Uni.

Recettes : Rs 161,3 milliards contre des prévisions budgétaires de Rs 162,9 Mds avec des dépenses de Rs 165,4 Mds contre des Estimates de Rs 162,9 Mds.

Déficit budgétaire : Rs 4,1 milliards, soit 0,9% du PIB en dressant la comparaison avec le Royaume-Uni et les États-Unis pour ajouter que « le déficit révisé, estimé à 0,9 % pour Maurice, est donc bien l’un des plus minimes si l’on tient compte des effets de la pandémie de COVID-19 ».

PMQT

Le PM : aucun problème de

débarquement/stockage au port

Deux navires ont brûlé l’escale de Port-Louis et ont poursuivi leur route jusqu’à Colombo, Sri Lanka, en septembre. Le premier avait un problème au niveau de son propulseur et n’avait pu accoster et le second a évité Port-Louis, à la demande de sa compagnie maritime. C’est ce qu’a précisé le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à une interpellation du député Osman Mahomed. Il a annoncé l’entrée en opération d’un nouveau remorqueur ce mois-ci.

Répondant, le Premier ministre a indiqué que la Mauritius Ports Authority (MPA) compte trois remorqueurs, avec des capacités de traction de 45 tonnes à 79 tonnes, ainsi que trois petits remorqueurs, d’une capacité de 12 tonnes. Un de chaque catégorie est actuellement en réparation et il est prévu qu’ils soient remis en service vers la fin de cette année.

La MPA a engagé le consultant Keel Marine Ltd, pour entreprendre un audit de sa flotte de remorqueurs et faire une évaluation du département de Marine Engineering en termes de capacité et de ressources humaines. Un plan de remplacement des remorqueurs, avec des spécifications pour de plus grands navires était également compris. La compagnie a ainsi recommandé à la MPA d’opérer quatre gros remorqueurs et quatre petits, afin d’améliorer les opérations de transbordement. Il est aussi suggéré de remplacer les plus vieux dans une période de deux ans. Toutefois, étant donné que ce remplacement prendra du temps, un remorqueur d’une capacité de 60 tonnes a été loué pour une durée de deux ans. Il sera en opération à partir de ce mois.

En ce qu’il s’agit de la manipulation des conteneurs, la MPA dispose de plusieurs grues, dont trois de la dernière génération. Un plan pour le remplacement graduel a été également soumis. Selon le directeur par intérim de la MPA, il n’y a pas de délai dans l’accostage et le débarquement, actuellement. Sauf pour un navire qui n’a pu accoster en septembre dernier, car son propulseur d’étrave était défectueux et cela représentait un danger. Deux autres navires ont accosté mais n’ont pu effectuer de débarquement en raison de la présence des asticots à bord.

Le Premier ministre a aussi souligné qu’avant le confinement, de janvier au 15 mars, le port avait une capacité de transbordement de 9 400 conteneurs par semaine. Pendant le confinement, ce chiffre est descendu à 6 400 pour passer à 11 000 à partir de septembre 2020.

Osman Mahomed : Mention est faite d’un navire qui n’a pu accoster en septembre. Selon mes informations, il y en avait deux. Le Premier ministre peut-il préciser s’il fait allusion au MSC Livorno qui a évité Port-Louis le 10 septembre. Ses conteneurs ont été débarqués à Colombo et par la suite envoyés à Maurice par le MSC Vanessa, causant un délai dans la livraison. Ou alors, s’agit-il du Mersk Stralsund, qui ne s’est pas arrêté à Port-Louis le 14 septembre, avant de revenir le 2 octobre ? Cela a provoqué une nouvelle fois, du délai dans la livraison et possiblement des coûts additionnels ?

Le PM : Il s’agissait du MSC Livorno qui, comme je l’ai dit, avait un propulseur défectueux. Il y avait 250 conteneurs à bord de ce navire qui ont été transférés sur le MSC Vanessa arrivé à Port-Louis le 27 septembre.

Osman Mahomed : Le PM peut-il nous dire si le Mersk Stralsund, attendu à Port-Louis le 14 septembre a dû éviter Port-Louis et revenir le 2 octobre ?

Le PM : Oui, mais cette décision revient à la compagnie maritime.

Osman Mahomed : C’est un fait que plusieurs compagnies maritimes sont en train d’éviter Port-Louis ces temps-ci. J’y reviendrai. Le PM peut-il nous dire s’il y a également un problème de stockage au port actuellement ?

Le PM : Il n’y a pas ce genre de problème actuellement.

Doolub : Par rapport au navire qui n’a pu accoster, y a-t-il eu des coûts supplémentaires ?

Le PM : Il y avait bien un délai dans la livraison comme je l’ai mentionné, mais aucune implication financière.

Juman : Le PM est-il au courant qu’en raison du manque d’équipements et de main-d’œuvre, la compagnie MSC envisage d’utiliser le port de Colombo comme hub ? Cela a été mentionné dans une réunion et je vais déposer le document. Il revient que cela fait trois ans qu’on a promis un meilleur service à la maison-mère. Comment le Premier ministre compte-t-il redonner confiance à nos clients et en notre port ?

Le PM : Je dois vérifier ces informations et m’enquérir de la situation. Mais on me signale que MSC a en fait choisi de débarquer à Colombo au lieu de La Réunion.

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