Assemblée nationale – Fait du jour du Question Time – Successions de tacles politiciens !

En prélude au Finance Bill, le PM à Osman Mahomed : « But those from the Labour Party must look at their performance first, before they show fingers in terms of public sector debt »

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Le député Abbas Mamode accule le ministre Husnoo pour parole non tenue en matière de réponses à des PQs

Le DPM Collendavelloo renverse la vapeur sur Arvin Boolell au sujet du tout-à-l’égout à Quatre-Bornes avec des “cost overruns” de 40% (Rs 4 milliards) sous l’ère travailliste

La tranche du Question Time d’hier à l’Assemblée nationale, en avant-goût aux débats marathon sur le financement politique, a été caractérisée par une succession de tacles de nature politicienne, les deux côtés essuyant invariablement des coups. Des fois sans broncher. Dès la première interpellation parlementaire à l’agenda, le député travailliste Osman Mahomed a ainsi dû encaisser une première salve de la bouche du Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, au sujet de la gestion publique. En prélude aux débats sur le Finance Bill de mardi prochain, il a dévoilé une partie de la stratégie mijotée au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office en rappelant que les dettes faisant l’objet de early repayment de l’ordre de Rs 18 milliards ont été contractées sous l’ancien gouvernement de Navin Ramgoolam.

Toutefois, le coup le plus subtil, aussi bien que direct, a été administré par le député du PMSD Salim Abbas Mamode, qui a acculé le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, affichant d’habitude sa superbe, en lui rappelant qu’il n’avait pas tenu sa promesse faite précédemment avec des éléments de réponse au sujet de la liste de médecins spécialistes de l’État. Il devait revenir avec la même réponse à l’effet que « the information is being compiled and wil be placed in the Library ».

Malgré toute son expérience de parlementaire, le député travailliste Arvin Boolell s’est fait piéger par le Deputy Prime Minister et ministre des Utilités publiques, Ivan, Collendavelloo, sur le projet de tout-à-l’égout à Quatre-Bornes. Le N°2 du gouvernement a pris un malin plaisir à retracer le scandale de cost overruns de 40% de ce projet sous l’ancien gouvernement travailliste, détails qui ont fait l’objet de critiques sévères dans un précédent rapport de l’Audit et dans un du Public Accounts Committee, présidé par Aurore Perraud.

Les parlementaires ont également eu droit à un crêpage de chignon réciproque de la part d’Aurore Perraud et de la vice-Première ministre, Fazila Daureeawoo, au sujet du viol conjugal. Cette dernière a également réglé ses comptes avec le député du PMSD Patrice Armance au sujet du jardin des enfants de Cité Vallijee. Photos à l’appui, elle a contredit ce député, qui lui avait demandé lors de la précédente séance d’aller vérifier ses informations à ce sujet.

Répondant à la PQ du député travailliste Osman Mahomed au sujet de la dette publique, Pravind Jugnauth a réitéré l’intention du gouvernement de ramener ce paramètre budgétaire à 60% du Produit intérieur brut vers la fin de juin 2021, ou plus tôt. Il est revenu sur les différentes options pour atteindre cet objectif, dont le boosting de la croissance. Il a ajouté que pour soutenir cette dynamique de croissance, le gouvernement apportera le support nécessaire aux secteurs productifs afin de leur permettre de faire face aux défis auxquels ils sont confrontés et d’exploiter les opportunités. Il a passé en revue les différentes mesures énoncées dans le discours du budget, que ce soit pour le sucre, le secteur manufacturier — avec le Support for Trade Promotion and Marketing Scheme —, ou encore la campagne de promotion touristique pour relancer les routes desservant le Kenya et Shanghai.

Au chapitre des services financiers, il s’est appesanti sur le fait que le pays est maintenant “fully compliant” aux normes de l’OCDE en ce qui concerne la transparence et les échanges d’informations à besoin fiscal. « Nous avons également fait d’énormes progrès en ce qui concerne le respect des recommandations du FATF sur l’AML/CFT. Notre secteur des services financiers attire maintenant de plus en plus d’investisseurs dans la Fintech. Nous diversifions davantage la base de produits de notre centre financier international », dit-il.

Le Premier ministre a rappelé la nécessité de maintenir le déficit budgétaire à un niveau bas et soutenable. Il a fait état du benchmark de 3%. Sur le plan des revenus, il a énuméré différentes mesures envisagées par la Mauritius Revenue Authority pour assurer la buoyancy fiscale. Poursuivant sa réponse, qui avait pris la forme d’un full-fledged speech, Pravind Jugnauth a abordé le volet de la lutte contre le gaspillage et les dépenses non productives.

La troisième stratégie arrêtée consiste en la restructuration de certaines entreprises publiques. Il a cité l’exemple de la DBM. Il en est de même avec la fusion de différentes entités en Landscope Mauritius, le coût des opérations baissant de 24%.

La quatrième stratégie consistera en un remboursement anticipé des dettes extérieures lourdes. « Je rappelle que 97,8% des Rs 18 milliards de dettes étrangères avaient été contractées par le précédent gouvernement. En  remboursant ces dettes plus tôt, nous économiserons la somme de Rs 400 M en termes d’intérêts annuels. Le pays empruntera uniquement pour financer les projets d’investissements et la dette sera ainsi maintenue sous les 60% du PIB dans les années à venir », a-t-il conclu dans sa version liminaire.
Osman Mahomed : At paragraph 92 of the Government Programme, it is stated that Government will ensure that public sector debt as a ratio of GDP is on a declining trend in order to meet the statutory requirement of 50% by 2018. Today we are in excess of 65%. So, this promise has not been fulfilled. Can I ask the honourable Prime Minister since he mentioned about budget estimates, of a provision of Rs 22,5 billion of consolidated adjustment. A first time ever item in the estimates this year, starting with Rs 4 billion this year, Rs 6 billion next year, Rs 8 billion the year after and Rs 4,5 billion rupees and to ask the honourable Prime Minister what is this consolidated adjustment all about ?
Le PM : Well, I can  tell the Honourable Member that he must also  look at what the Labour Party has achieved in terms of increasing Public Sector Debt. At one time, it was around 52,7% and it came to December 2014, maybe if you are not aware, to 60,6%. Ils ont laissé, Madame la Présidente, Rs 237,2 milliards de dettes. This is what we inherited. And now they say that is has increased. They think, the Labour Party, that when we came to power, the only thing that we would do, was to reimburse that debt, and not invest in capital projects. This is what the Honourable Member is saying ?

En tant que gouvernement responsable, nous avions travaillé avec assiduité pour procéder à des investissements dans les infrastructures. De ce fait, la croissance se poursuivra. Yes, public sector debt has reached 65%. And it is forecast, with all the measures which I have mentioned and with the reimbursement of their debt, that by June 2020, it will come down to as low as 61,6%. This is why I say, those who start to criticise – I mean others can criticise – but those from the Labour Party, they must look at their performance first, before they show fingers in terms of public sector debt.

D’autre part, au chapitre de la réalisation des avoirs non stratégiques dans le cadre de cette stratégie de réduction de la dette publique à 60%, le Premier ministre a évoqué la vente de la MauBank, de la National Insurance Company (NIC) et des Casinos. « The government is not here to run a bank. Mais pour pouvoir disposer de ces avoirs, il nous faut leur donner de la valeur. En ce qui concerne la vente des casinos, le précédent gouvernement travailliste avait même initié des procédures à cet effet », ajoutera-t-il en substance.

D’autre part, le tacle qui a littéralement pris la valeur d’un KO a été donné par le député Abbas Mamode au ministre de la Santé. Pourtant, sur une PQ somme toute des plus sibyllines. Le député du PMSD voulait obtenir la liste des Top Guns dans le service de Santé publique, notamment les surintendants des hôpitaux et autres consultants spécialistes.

Husnoo (d’un air très sûr de lui) : The list is being compiled and will be placed in the Library.

Abbas Mamode (affichant une nonchalance) : Last year, I put a similar question, B469 and B90. The reply given by the Honourable was that the information is being compiled and placed in the Library. Depuis, presque une année s’est écoulée. No information has been tabled. Par contre, pour ce qui est de son prédécesseur, Anil Gayan, la réponse avait été fournie immédiatement.

Le médecin de service à la Santé a été des plus décontenancés devant cette flèche du Parthe venant du député du PMSD, et surtout la comparaison avec Anil Gayan.

Abbas Mamode : Le ministre peut-il confirmer le nombre de néphrologues employés dans les services de Santé publique. À ma connaissance, il y en a cinq…

Speaker : But you are providing the answer.

Abbas Mamode : Quelles sont les mesures prises pour remplir les postes vacants ?

Husnoo : What vacancies ?

Abbas Mamode : Le nombre de patients souffrant de diabète est très élevé. Il n’y a que cinq néphrologues pour les cinq hôpitaux. Le ministère ne prévoit-il pas de procéder à des recrutements à l’étranger pour pallier la situation ?

Husnoo : Nous avons effectué des recrutements l’année dernière. Nous avons environ 1 350 cas à traiter, soit un médecin par 250 patients. I don’t think it’s bad…

Dans un autre ordre d’idées, le ministre de la Santé a été confronté aux graves problèmes de parking dans l’enceinte et les envions de l’hôpital Jeetoo, surtout pour les véhicules transportant des cas au département des urgences. En réponse au député Abbas Mamode, il a révélé que l’hôpital Jeetoo dispose de 276 parking slots, dont 138 sont alloués à des membres du personnel hospitalier. « There is a lack of parking facilities in all the regions of Port-Louis », devait-il concéder.

Abbas Mamode : C’est vrai qu’il y a un problème de parking à Port-Louis. Mais le problème est encore plus grave pour les membres du public transportant des malades nécessitant des soins au département des urgences. Ils rencontrent les pires difficultés…

Husnoo : On me fait comprendre que ces véhicules ont la possibilité de se garer pendant deux heures.

Shakeel Mahomed : Puisque c’est un problème aussi grave, pourquoi ne pas avoir recours à des acquisitions obligatoires de terrain à cet effet ?

Husnoo : I think it’s a good idea. We’ll look into it.

Le député Boolell a dû puiser dans ses dernières ressources de parlementaire pour contrer l’offensive politicienne engagée par le Deputy Prime Minister au sujet des travaux de sewerage house connection à Quatre-Bornes, notamment à Bassin et Palma. Il voulait dénoncer les inconvénients causés aux habitants de la région par l’arrêt des travaux avec l’annulation de ce contrat alloué par la Wastewater Management Authority (WMA). Mais il devait recevoir les détails de ce scandale en plein visage.

Ivan Collendavelloo allait retracer la chronologie de ce projet initié il y a une dizaine d’années avec un tourbillon de chiffres. « Initialement, le coût de ce projet était estimé à Rs 2 842 498 362,50 pour la pose de 102 kilomètres de tuyaux de tout-à-l’égout, 13 000 house connections et le remplacement de 50 kilomètres de tuyaux de la Central Water Authority. Les travaux devaient être complétés en mai 2014. En 2011, le kilométrage des tuyaux était passé à 142 kilomètres. En juillet 2012, le coût du projet avait pris l’ascenseur pour atteindre Rs 4 milliards, soit exactement Rs 3 940 326 977, avec une extension des travaux de mai 2014 à novembre 2017 », devait-il faire comprendre, citant de larges extraits des critiques de l’Audit et du PAC sur la mauvaise gestion de ce projet.

Collendavelloo : En août 2012, la WMA avait soumis une demande de fonds additionnels. Avec la somme de Rs 3 920 360 438,42, excluant la TVA, les cost overruns étaient de 40%. It was not in compliance of the Public Procurement Act. Seules 6 500 House Connections sur 13 000 ont été complétées. Ce n’est nullement surprenant de prendre connaissance des commentaires du rapport du PAC. There was gross negligence on the part of the ministry and the WMA. All this happened before the government took office in December 2014, i.e. at a time when the PMSD and the Labour Party were in office. En mars 2015, le gouvernement devait recommander à la WWMA de résilier le contrat. Pour ce qui est travaux à compléter, tout se fait par phases.

Boolell (tentant de se faire entendre face aux applaudissements de la majorité) : I’m glad that the DPM is so good at rubbing a lot of mud. Mais ma préoccupation immédiate porte sur les inconvénients causés aux habitants avec les débordements d’égout. There is an overflow of wastewater instead of playing politics. Pourquoi n’aviez-vous pas institué une enquête ?

Collendavelloo : Je suis le premier à reconnaître  qu’il y a « a great degree of inconvenience caused ». Les travaux prendront du temps. But we won’t fleece public money in the same way as we’ve heard. Je n’ai fait qu’énoncer des faits et des chiffres avérés et des commentaires de l’Audit, du PAC et du ministère des Finances. There is no need to be upset. Vous n’y étiez pas impliqué « unless you participated in that rigmarole »

Rutnah : Il y a eu une augmentation des coûts de 50% du projet. Aux termes des dispositions de la loi, toute augmentation de coûts de plus de 35% nécessite invariablement un retendering. Le gouvernement envisage-t-il de prendre des mesures appropriées et d’initier une enquête dans cette affaire ?

Collendavelloo : We all know how money has been fleeced. The Honourable Member is joining Honourable Boolell asking for an enquiry. Tout ce que j’ai dit dans ma réponse est qu’il y a eu “gross negligence”. On a parlé d’opération visant à jeter de la boue (“spreading mud”). We must be very careful. There has been gross negligence. S’il y avait eu fraude, ce serait différent.

Aurore Perraud et Fazila Daureeawoo ont de nouveau croisé le fer, et cette fois-ci sur le viol conjugal, chacune accusant l’autre de n’avoir pas pris suffisamment de mesures pour protéger les femmes sous la Protection from Domestic Violence Act. Les répliques de part et d’autre étaient des plus cinglantes, la vice-Première ministre attirant l’attention sur le fait que quand Aurore Perraud occupait des fonctions ministérielles, elle avait eu à répondre à une Private Notice Question du leader de l’opposition d’alors, Paul Bérenger. « Honourable Baloomoody and Ganoo raised that issue (marital rape), saying that the Honourable Minister has missed an opportunity », devait renchérir Fazila Daureeawoo.

Aurore Perraud ne s’est pas fait prier pour rétorquer à l’adresse de la VPM, en disant : « Why is she missing such an opportunity since during these two years there have been two reports on this issue ? And she has done nothing. » Avant de la reprendre sur l’expression « if need be » quant à d’éventuels amendements à la loi sur le viol conjugal.

Ces envolées parlementaires qui collent

« Waiting to get elections soon to get rid of all these people. » (Le leader de l’opposition lors de la PNQ)

« Why don’t we follow the lead of leading countries ? » (XLD sur le recours au cannabis médicinal)

« Question time is not a pretext for debate. » (Maya Hanoomanjee à l’adresse de Danielle Selvon)

« Ankor pe fer politik lor maler dimounn. » (Le ministre de la Santé à l’adresse de Xavier-Luc Duval)

« Ils ont laissé Rs 237,2 milliards de dettes… Now they have the cheek to say that it has increased. » (Pravind Jugnauth répondant à Osman Mahomed)

« Fourteen persons were arrested during the course of enquiry and were released on bail… The DPP advised no further action against the 14 persons. » (SAJ sur le scandale BAI)

« Bhadain is Bhadain. What is the government doing not to repeat what happened before ? » (Osman Mahomed sur l’écroulement du groupe de Dawood Rawat)

« The Atrium Building is a danger. » (Rajesh Bhagwan sur cet eyesore du centre de Rose-Hill)

« You can have autistic students who are extremely bright. » (La ministre Leela Devi Dookun prenant à contre-pied Adrien Duval)

« The policy of certificate of character is non-sensical. » (Adrien Duval au ministre Toussaint sur cette obligation imposée à d’anciennes gloires du sport local)

« Should we have a Youth Justice System in the Republic of Mauritius ? » (le député de l’OPR Buisson Léopold)

« We’ll have to create another section in the judiciary… We’ll look into it. » (SAJ)

Les chiffres du Question Time

Rs 1 milliard. Tel est le chiffre avancé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au chapitre des 39 projets de drains en cours de réalisation dans la circonscription N°7 (Piton/Rivière-du-Rempart). C’était en réponse à une interpellation du député Ravi Rutnah. Pravind Jugnauth a aussi fait état de 113 projets de drains dans 16 régions au coût de Rs 185 millions et de 13 drains dans sept autres régions en cours de construction au coût de Rs 232 millions. Et dire que de mauvaises langues prétendent qu’il n’y aura pas de partielle au N°7 cette année.

61 demandes de permis d’opération de stations-service ont été logées auprès de la National Transport Authority depuis janvier 2015. 28 permis ont été émis, même si ce n’est que maintenant que la NTA entreprend un exercice de mapping de ces stations-service à travers le pays. La liste des propriétaires s’avère intéressante à consulter, dit-on…

118 607 tonnes de culture vivrière récoltées l’année dernière. C’est ce qu’a révélé le ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun. Ce chiffre démontre une progression de quelque 16 000 tonnes comparativement à 2015. À Rodrigues, la production vivrière est de 3 112 tonnes, contre 2 679 tonnes en 2015.

2 848,6 arpents de terre. Telle est la superficie sous le contrôle de Landscope (Mauritius) Ltd. De décembre 2016 à ce jour, cette société d’État, gérée par le tandem Sanspeur-Hanoomanjee, a alloué 46,33 arpents à 19 bénéficiaires pour des besoins industriels, 47,83 arpents à dix exploitants agricoles et 12,70 arpents à trois autres opérateurs.

21 sur 63 institutions scolaires dans le circuit du secondaire d’État ne sont pas convenablement équipées pour des cours de Design and Technology, de Food et de Textile Studies. C’est ce qu’a appris le député du MMM Veda Baloomoody suite à une interpellation à la ministre de l’Éducation nationale. Une enveloppe de Rs 39 millions a été consacrée pour achever les travaux au cours de l’exercice financier en cours.

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