Assemblée nationale | Fait du jour – Échanges marathon sur le dossier des squatters

  • Match Obeegadoo/Navarre-Marie, d’une durée de 11 minutes et 15 secondes, justifiant les opérations d’éviction en pleine pandémie de COVID-19
  • Nervosité et coups de griffe de part et d’autre, le Question Time ayant été amputé de la PNQ
  • Le ministre Toussaint acculé par Patrick Assirvaden sur les Rs 5 milliards et le Business Plan du complexe sportif de Côte d’Or

La deuxième séance du Question Time de la septième session de l’Assemblée nationale a été marquée par l’amputation de la tranche de la Private Notice Question. En principe, le leader de l’opposition, Arvin Boolell, s’apprêtait à faire feu de tout bois sur la question de la pension. Mais le Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, en a décidé autrement. Il maintient que cette mesure annoncée par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, devra attendre l’étape du Finance Bill pour être sujette à des interpellations. De ce fait, la tension et la nervosité étaient palpables dès le début des travaux avec les intervenants, notamment ceux du gouvernement à l’image du Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo, répondant du tac au tac à Patrick Assirvaden sur le CEBICL, mis sur pied pour une prise de participation de 26% au sein de CT Power. Ou encore le ministre Steven Obeegadoo rappelant à la parlementaire du MMM, Arianne Navarre-Marie que « son parti n’a pas le monopole du cœur ». De son côté, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a sorti de manière systématique l’arme parlementaire de « Come with a substantive question » pour éviter de se commettre avec des interpellations supplémentaires à risque.

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Le fait singulier du Question Time d’hier demeure cet échange de 11 minutes et 15 secondes entre Steven Obeegadoo et Arianne Navarre-Marie sur le dossier des squatters. Dans sa réponse liminaire, le ministre a retracé la chronologie du problème d’occupation illégale des terres de l’État depuis septembre 2015 jusqu’au dernier épisode du mois dernier.  « Le 23 mars dernier, alors que le pays était sous couvre-feu sanitaire et alors que les officiers chargés de surveiller les terrains publics étaient en confinement et que la police était occupée avec la sécurité, des structures illégales ont été érigées dans leur dos et dans le nôtre. Cela, en agissant contre le couvre-feu sanitaire et en total mépris de la sécurité publique », fait-il comprendre en prenant le soin de souligner que c’est le voisinage à Pointe-aux-Sables et à Résidence Malherbes qui a alerté les autorités sur ce problème.

Le nombre de squatters passant de 29 à 159 le 27 mai, dont 67 structures étaient occupées, le ministre Obeegadoo a justifié la ligne d’action du gouvernement avec les ordres d’éviction. « En sus de faire respecter la loi, l’État devait agir rapidement pour plusieurs raisons. La première, le nombre augmentait. En 19 jours, il y a eu 142 cas supplémentaires. Si on n’avait rien fait, la situation aurait été rapidement hors de contrôle. Ensuite, la situation était différente des autres fois, étant donné qu’on était sous couvre-feu sanitaire. Imaginez si une personne parmi était infectée. De plus, l’un des sites, à Pointe-aux-Sables, est un terrain marécageux répertorié comme Environmentally Sensitive Area », dira-t-il en s’appesantissant sur le fait que le squatting représente une injustice envers les personnes pauvres qui malgré les difficultés, ont fait l’effort de s’inscrire pour les maisons de la NHDC ou la NEF et sont en train d’attendre depuis des années.

Dans la conjoncture, Steven Obeegadoo fait comprendre que le challenge est d’identifier les cas « genuine » des autres. Le gouvernement travaille avec des ONG, dont Caritas, pour mener des enquêtes sociales. « Comme mentionné dans le budget, nous avons un engagement pour la construction des logements sociaux. Nous allons tout mettre en Å“uvre, de manière structurée, pour que toutes les familles nécessiteuses et non seulement celles précitées, aient droit à un logement », dira-t-il.

Navarre-Marie : Le ministre est en train de jouer sur les mots quand il parle de Cité Tôle et Résidence Malherbes, de même que le mot « squatters ». Nul n’est contre l’illégalité. Mais le ministre pourrait-il nous dire quelles sont les raisons ayant motivé la destruction de ces maisons en plein confinement et avant même qu’une enquête ait été effectuée ?

Obeegadoo : Il me semble que je dois répéter ce que je viens de dire. On n’est pas en train de jouer sur les mots. J’inviterai la ministre à visiter Malherbes…

Il n’y a pas de maisons en tôle généralement à Malherbes et les squatters sont concentrés dans une rue, Bernardin de Saint Pierre. J’inviterai la ministre à s’y rendre…

Navarre-Marie : Je ne suis pas ministre…

Obeegadoo : Former minister. She was minister and she could have shown a sense of responsibility on these matters. I would invite the honourable member to go to Malherbes and visit. The term ‘squatters’ is not playing on words. I mentioned the State Land Act and can give the honourable member a copy of that piece of law if she does not have it. Now again, the houses, the structures at Pointe-aux-Sables were removed on Friday 29th of May that is on the eve of the lifting of the confinement. Mais avant de passer à l’action, des enquêtes ont été menées par différents ministères en vue de s’assurer de la situation des occupants.

This was done before the illegal structures were… But we will not stop there. We will continue observing the persons who left and those who refused to leave on a case-by-case basis, so that we can identify the genuine cases.

Abbas-Mamode : Le ministre peut-il informer la Chambre si une enquête a été réalisée pour déterminer si les personnes concernées sont déjà enregistrées à la NHDC ou à la NEF ? Car s’il y a des personnes qui attendent et n’ont pas les moyens d’avoir une maison de la NHDC ou de la NEF, ils sont forcés à devenir squatters.

Obeegadoo : Je vais parler lentement afin de ne pas avoir à me répéter encore une fois…

Assirvaden en direction du MMM : Kouma zot inn kapav gard sa tou sa letan la?

Obeegadoo : Oui, M. le Président. Les 26 et 27 mai – si l’honorable membre veut bien prendre la peine d’écouter – des officiers de la NHDC, accompagnés des officiers de la NEF, sont passés de structure en structure, ont noté les noms de chaque personne présente et ont vérifié dans les registres de la NHDC et de la NEF, si elles étaient enregistrées et si elles avaient été convoquées pour interview et à quelle succursale. Ceux qui n’étaient pas enregistrés ont été invités à le faire. On a aussi vérifié s’ils n’avaient pas déjà un bail sur un terrain de l’État.

C’est le cas notamment, de cette habitante à Riambel qui est intervenue dans un enregistrement vidéo. Elle a été régularisée depuis 2005 par le gouvernement MSM/MMM. Elle a obtenu un terrain de dix perches et elle a occupé encore un autre terrain de l’État. Il y a une autre personne qui avait un appartement de la NHDC. L’année dernière, elle l’a vendu et est venue squatter un terrain de l’État.

This is why and I need to give credit, to honourable David who had courage of going live on radio and said that he acknowledged that many of these cases were undeserving. What is important today is to identify real genuine cases and to help those people.

Navarre-Marie : La réponse du ministre n’est-elle pas un aveu d’échec de la faillite de la politique du gouvernement en matière de logement pour les plus vulnérables ?

Obeegadoo : J’aurai tout à l’heure l’occasion, en réponse à une autre PQ, de donner tous les chiffres. Le gouvernement sortant a construit quelque 2 300 maisons et nous avons annoncé la décision de viser 12 000 maisons sur les prochains trois ans. Nous avons tout prévu et croyez-moi : vous n’avez pas le monopole du cÅ“ur…

Un brouhaha monte au sein de l’hémicycle.

Obeegadoo : Vous n’avez pas le monopole du cÅ“ur. Et au gouvernement, c’est agir avec le cÅ“ur et la raison, concrètement au quotidien, pour porter secours à tous ceux qui sont dans le besoin.

XLD : Le ministre est-il au courant qu’à ce jour, sous le vent glacial, il y a des familles avec des enfants vivant sous des tentes à Riambel ? Étant donné les déclarations qu’il avait faites sur ces situations avant de rejoindre le gouvernement, que compte-t-il faire aujourd’hui, pour ces familles ?

Obeegadoo : Je suis reconnaissant envers l’honorable membre de me donner l’occasion d’expliquer. À Riambel, c’est seulement le 18 mai que 37 structures ont été identifiées sur les terres de l’État. Et savez-vous combien étaient occupées ? Zéro.

 Le 22 mai, nous sommes passés à 46 cas. Toujours zéro occupé. Du 19 au 26 mai il y a eu 53 cas et bizarrement, au 26 mai, la moitié était occupée. Savez-vous pourquoi ? Parce que le 22 mai, le gouvernement a fait servir un illegal notice, pour évacuer. Nous sommes en train de travailler et je suis reconnaissant envers les trois députés de la circonscription, le ministre Ganoo et ses deux collègues, pour leur collaboration. Nous travaillons avec les ONG actives dans la région, pour identifier les genuine cases. Laissez-moi rappeler que lorsqu’on parle de Riambel, c’est le gouvernement MSM/MMM qui, en 2005, avait régularisé la situation des squatters à Africa Town. Et en 2015, c’est le gouvernement MSM/ML qui a régularisé les squatters de Cité des Dieux, à Riambel et c’est ce gouvernement qui va s’occuper de tous les « genuine cases » à Riambel.

Avec le complexe de Côte d’Or, le député travailliste Patrick Assirvaden a croisé le fer avec le ministre des Sports, Stephan Toussaint. Ce dernier a confirmé que le coût initial de construction de ce projet, qui était de Rs 3,2 milliards, s’élèvera finalement à Rs 4,7 milliards et cela, pour diverses raisons. À cela il faudra ajouter des coûts additionnels de Rs 163 millions au titre des Accelerated Costs pour que le complexe soit utilisé pour les récents Jeux des Îles de l’océan Indien, Rs 14 millions pour d’autres accessoires techniques, Rs 140 millions pour des équipements, ce qui amènent la facture à Rs 4 983 millions (Rs 5 milliards).

Pour ce qui est de l’exploitation de cette infrastructure sportive, le ministre Toussaint avance que le nouveau Board de la MMIL travaille actuellement sur un plan, qui sera rendu public.

Assirvaden : Avec ces Rs 5 milliards pour ce complexe, peut-il nous révéler le calendrier d’événements sportifs sur le plan international pour les douze prochains mois pour rentabiliser le stade fantôme ? Quel est le Business Plan quand on sait que le Maintenance Cost est de Rs 250 millions par an ?

Toussaint : En mars de cette année, un nouveau Board a été constitué. Ce nouveau conseil d’administration étudie ce plan. J’attends de prendre connaissance de ces activités. L’année dernière, il y a eu les JIOI. Puis, il y a l’académie de football de Liverpool, une compétition internationale de karaté en décembre, celle de natation de la force policière et une compétition de Jujitsu.

Nous avons prévu d’organiser les prochains CJSOI en 2021 à Côte d’Or. Les différentes fédérations internationales, la FINA, l’IAAF ont été approchées pour la tenue de manifestations sportives internationales.

Assirvaden : De petits événements organisés ne seront nullement suffisants pour rentabiliser des investissements de Rs 5 milliards dans ce complexe et des Maintenance Costs de Rs 250 millions annuellement.

Toussaint : Je n’ai pas de chiffres avec moi…

Ramful : Est-il vrai de dire que la facture d’électricité du complexe de Côte d’Or est de Rs 1,5 million par mois ?

Toussaint : Je n’ai aucun problème à répondre à des questions. Il suffit que les bonnes questions soient posées. La question initiale porte sur le coût…

COVID-19

Rs 94 M à 19 hôtels

pour la quarantaine

Rs 6 M pour les dégâts et vols dans ces établissements

Alors que les hôteliers disent avoir souffert lourdement de la crise causée par la pandémie de COVID-19, ils ont obtenu plus de Rs 94 millions du gouvernement pour la conversion de leurs établissements en centres de quarantaine. Telle est la réponse donnée par le ministre du Tourisme, Joe Lesjongard, à une Parliamentary Question de la backbencher de la majorité, Subashnee Luchmun Roy. De plus, l’État a dû dédommager certains à hauteur de Rs 6 millions pour dégâts causés à l’infrastructure et cambriolage.

Certains bâtiments publics choisis pour la quarantaine n’étaient pas appropriés, en raison notamment des toilettes et salles de bains communes, qui étaient de plus, insuffisantes. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a entrepris des consultations avec l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), en vue de convertir certains hôtels en centres de quarantaine.

Dans ce contexte, 19 établissements ont été retenus. À ce jour, ils ont accueilli 2 647 personnes en quarantaine. Le gouvernement a mis à leurs dispositions des serviettes et des draps, ainsi que trois repas par jour, et un Sanitary Kit avait été servi à chacun d’eux.

Chaque hôtel disposait d’une permanence comprenant un médecin, deux infirmiers pour chaque 75 personnes, en vue d’assurer le suivi médical. Une ambulance était aussi à disposition en cas d’urgence. À ce jour, le gouvernement a déboursé Rs 6 736 324 pour dédommager les hôtels en raison de dégâts causés par les résidents et aussi pour vol.

 À une question du député du MMM, Adil Ameer Meea sur le nombre de centres actuellement en opération, Joe Lesjongard a répondu qu’il y a actuellement sept hôtels utilisés pour la quarantaine des citoyens rapatriés. À Kate Foo Kune – qui voulait savoir quels étaient les critères dans le choix des hôtels –, il a indiqué qu’il fallait s’assurer que… chaque chambre avait sa propre toilette et salle de bains, afin d’éviter les mêmes problèmes qu’avec les centres de quarantaine.

Franco Quirin s’est, lui, intéressé à la répartition de ces Rs 94 millions aux différents hôtels.  Le ministre a fait comprendre que la liste était longue et qu’il allait la déposer sur la table de l’Assemblée nationale. Cependant, ce document n’était pas disponible lors du Lunch Break lorsque Le Mauricien a voulu s’en procurer une copie à la bibliothèque de l’Assemblée nationale.

Subashnee Luchmun Roy est revenue avec une interpellation supplémentaire pour demander quels sont les hôtels où il y avait eu des dégâts et le montant total payé par le gouvernement pour l’utilisation des hôtels comme centre de quarantaine. Joe Lesjongard s’est contenté de dire que six hôtels étaient concernés et qu’au total, le gouvernement avait payé Rs 94 601 613 aux hôtels pour leur conversion en centres de quarantaine.

Ces envolées parlementaires qui collent

« You have no right to refer to the Chair… Don’t make any comment » (Le Speaker en début de séance tentant d’imposer son rythme)

 « If you want to make a show, please carry on » (Le PM à l’égard de Rajesh Bhagwan)

« I have to do my job. Don’t shout at me (Rajesh Bhagwan au Speaker)

« You are paid out of tax money. Behave! » (Le Speaker)

« Extrêmement choquant que la Commission électorale ait produit un rapport pour blâmer la MBC. Et le Premier ministre dit qu’il n’est pas au courant » (Patrick Assirvaden lors de la tranche du Prime Minister’s Question Time)

« There is no Cité Tôle at Résidence Malherbes » (Le ministre Obeegadoo déclarant que cette description dans la presse blesse les habitants de Résidence Malherbes)

« The State has to act, and act fast » (Le ministre Obeegadoo avec les Eviction Orders)

« Stopping the project now would be selling it to the private sector. This is what the honourable member wants us to do. We are not in the business of selling this project to the private sector » (Le DPM Collendavelloo à Patrick Assirvaden sur le projet de CEBFibernet Co Ltd)

« I’m not used to answer multiple questions » (Ivan Collendavelloo lors d’une supplémentaire de Patrick Assirvaden)

« Yes, we are in a difficult economic situation. We don’t need to be an economist to understand that » ( Ivan Collendavelloo sur les séquelles de COVID-19)

« Heckling is not a solution to debates » (Le DPM devant le ton adopté par l’opposition)

« We did not invent exception to procurement procedures » (Le DPM répondant au député Assirvaden)

« These are the regions where you are very strong » (Le DPM à l’égard de Kushal Lobine sur une question d’approvisionnement en eau au No 15)

« The consequence of COVID-19 on unemployment could not be quantified as it is too early to assess… There is no formal report » (Le ministre Callichurn)

« We don’t have any report in writing on the informal sector » (Le ministre du Travail)

« The assistance paid is not a salary » (Le ministre Toussaint sur l’Athletic Assistance Scheme).

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