L’opposition s’aligne en force sur The Finance (Miscellaneous Provisions) Bill et la motion de censure contre Sooroojdev Phokeer, soit une quinzaine d’intervenants pour chaque item
La majorité gouvernementale s’apprête à donner la réplique du tac au tac lors de cette séance hors du commun
La séance parlementaire du jour, étêtée de Private Notice Question et de Question Time, se présente comme un marathon. En effet, avec la motion de blâme du leader de l’opposition, Arvin Boolell, contre le Speaker, Sooroojdev Phokeer, dernier item sur l’Order Paper de cette Night Sitting en vue – et probablement jusqu’aux petites heures du matin –, les parlementaires devront débattre et adopter The Supplementary Appropriation (2017/18) Bill de Rs 57,2 millions et ensuite s’attaquer à The Finance (Miscellaneous Provisions) Bill, un projet de 175 pages avec des amendements à quelque 70 textes de loi pour donner force de loi aux mesures annoncées dans le budget 2020/21.
Toutefois, si pour le budget supplémentaire, l’opposition n’alignera que deux orateurs, en l’occurrence Reza Uteem du MMM et Kushal Lobine du PMSD, par contre pour les deux autres items à l’agenda des travaux du jour, les trois partis de l’opposition, le Parti Travailliste, le MMM et le PMSD, ont conjugué leurs efforts pour aligner une quinzaine d’intervenants pour chacun de ces deux débats. À une moyenne d’un quart d’heure par orateur, il faudra prévoir au moins 7 heures et demie pour l’opposition.
Face à cette contre-offensive de l’opposition, la majorité gouvernementale prévoit de se prévaloir de sa présence numérique au sein de l’hémicycle pour endiguer les attaques de l’autre côté de la Chambre. Ainsi, techniquement, le nombre d’orateurs venant des rangs du gouvernement sera supérieur à la quinzaine de l’opposition pour chaque débat du jour, avec bien plus de huit heures allouées.
En tout cas, la séance du jour ou de nuit ne s’annonce pas de tout repos pour le Deputy Speaker, Mohammud Zahid Nazurally, même si pour la première partie des travaux, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, « is in the Chair ». En début de séance, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a présenté en première lecture le Criminal Code (Amendment) Bill prévoyant une lourde peine de dix ans de prison pour toute tentative de porter atteinte à l’intégrité de la souveraineté de Maurice. Il a également présenté au nom du Deputy Prime Minister et ministre des Terres, Steven Obeegadoo, absent de l’hémicycle en début de séance, The Mon-Choisy/Cap-Malheureux Overhead Pedestrian Bridge (Authorised Construction) Bill et à l’Attorney General, Maneesh Gobin, The Courts (Amendment) Bill.
De son côté, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, intervenant en anglais, contrairement à ses habitudes de s’adresser à la Chambre en français, a présenté en deuxième lecture le budget supplémentaire de Rs 57,2 millions pour 2017/18. Toutefois, auparavant, le Speaker avait rappelé aux parlementaires et au ministre Padayachy de ne pas importer des « extraneous matters » dans les débats.
Répondant au Grand argentier, qui s’est félicité que le déficit du budget en 2017/18 est de 2,9 % contre les 3,2% du PIB initialement prévu, le porte-parole du MMM, Reza Uteem, n’a pas raté de faire état de l’astuce du gouvernement en incluant les débats sur le budget supplémentaire datant de trois ans lors d’une séance le mardi. « Tout le monde sait que la séance du mardi est la seule où les parlementaires peuvent venir de l’avant avec des PQs et le leader de l’opposition avec une PNQ. Or, aujourd’hui, tel n’est pas le cas avec ce budget supplémentaire. This government is afraid of us asking parliamentary questions ».
De son côté, le Premier ministre a souligné que ce budget supplémentaire a été rendu nécessaire en vue de réaliser une « landmark » de l’espace démocratique, notamment le financement du projet de Live Broadcasting des travaux parlementaires. « Live broadcasting has become a reality under our stewardship of the country. Cette retransmission consolide nos traditions démocratiques », a déclaré Pravind Jugnauth, qui a dénoncé l’opposition pour avoir utilisé « cette plateforme en direct pour des attaques démagogiques contre le gouvernement et la présidence de l’Assemblée ».
Pravind Jugnauth est revenu sur les tractations entre le gouvernement travailliste et l’opposition MMM en 2014 avant les élections de décembre 2014 en « fermant le temple de la démocratie ». « They made a mockery of democracy. They stabbed democracy for their greed of power », devait-il lancer.
Les débats à l’Assemblée nationale se poursuivent.
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Kushal Lobine guillotiné par le Speaker sur l’ESE
Les débats sur le budget supplémentaire en début de séance ont été marqués par de vives tensions entre l’opposition et le Speaker. En effet, alors que l’opposition avait prévu un second intervenant, en la personne du député du PMSD, Kushal Lobine, le ministre des Finances est intervenu pour procéder au Summing-Up des débats alors que le Premier ministre venait de terminer son intervention sur The Supplementary Appropriation (2017/18) (No 2) Bill.
Dans un premier temps, les députés de l’opposition devaient tenter d’attirer l’attention de la présidence sur ce manquement privant le député de l’opposition d’une intervention. Le ministre des Finances devait poursuivre son Summing-Up. Devant le brouhaha venant des rangs de l’opposition, Sooroojdev Phokeer n’eut d’autre choix que d’interrompre le Grand argentier.
Shakeel Mohamed : On a point of order…
Speaker : You have a point of order…
Shakeel Mohamed : Yes. I have a point of order. Don’t threaten me with your fingers. Why do you refuse the right to Honourable Kushal Lobine to speak? You asked for the list of orators and you have the list of orators…
Speaker : Don’t ask questions. La liste m’est parvenue « after the Prime Minister has took the floor ».
Sur ce, Sooroojdev Phokeer devant demander au ministre Padayachy de poursuivre son Summing-Up. À un certain moment, il devait intervenir de manière péremptoire en enjoignant le Whip de l’opposition d’éviter d’interrompre les débats, au cas contraire « Honourable Shakeel Mohamed, you will have to withdraw ».
Cet incident devait faire monter la tension dans les rangs de l’opposition au début de cette séance marathon.