ASSEMBLÉE NATIONALE | Hier après-midi – Le PM brandit le rapport d’enquête de la BAD mais ne le dépose pas…

  • Pravind Jugnauth réaffirme que le nom de Paul Bérenger figure dans le document, provoquant de vifs échanges avec Shakeel Mohamed entre autres

Le document de l’Office of Integrity and Anti-Corruption de la Banque africaine de Développement (BAD), avec les noms d’Ivan Collendavelloo et de Paul Bérenger cités – entre autres noms – a été de nouveau introduit dans les débats parlementaires par le Premier ministre Pravind Jugnauth. Il n’a pas déposé le document sur la table de l’Assemblée nationale. Donnant la réplique au Whip de l’opposition,  Shakeel Mohamed, il a brandi le rapport d’enquête que lui a remis la BAD en reprochant au leader de l’opposition, Arvin Boolell, d’avoir décliné son invitation à l’examiner. Cet épisode a donné lieu à de violentes prises de bec entre le Premier ministre et des membres de l’opposition, en particulier avec Shakeel Mohamed dont plusieurs Points of Order ont été rejetés par le Speaker, Sooroojdev Phokeer, qui l’a menacé de le sanctionner s’il continuait à interrompre le Premier ministre.

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Pravind Jugnauth a accusé Shakeel Mohamed d’avoir mis en cause la source et l’authenticité du rapport de la BAD. « We know how far he can go in his insinuations and his allegations », dit-il. Cette déclaration a soulevé une véhémente protestation de la part de l’opposition et de Shakeel Mohamed, avec le Point of Order rejeté par le Speaker avec un avertissement de ne pas « disrupt the proceedings of the House ».

Le Premier ministre devait réitérer ses propos. « Je condamne les propos de Shakeel Mohamed sous le couvert de l’immunité parlementaire », poursuit-il, avant de qualifier la démarche du député de « cowardish ». « Le peuple a découvert le jeu de l’opposition dans une tentative de sauver le leader du MMM, dont le nom est mentionné dans le document », a-t-il répété.

Ces propos ont provoqué de nouvelles protestations de l’opposition. « The member cannot make reference to a document unless he tables the document he is quoting from », rétorque Shakeel Mohamed. « I’ve heard your point of order and you keep quiet and listen to my ruling… », reprend le Speaker à plusieurs reprises avant de demander au Premier ministre s’il avait un document à déposer.

Jugnauth : « J’ai invité le leader de l’opposition à consulter le document… (brouhaha) Tinn invit twa vinn gete. J’assume les responsabilités de mes propos dans cette chambre et je réaffirme que the name of Honourable Bérenger is cited in this report.

Shakeel Mohamed : Je demande au Premier ministre de retirer ses propos unless he tables it.

Speaker : « Ce n’est pas un Point of Order ».

Sooroojdev Phokeer demande au Premier ministre de continuer.

Jugnauth : I am rebutting what Honourable Mohamed said in his speech.

Speaker : Honourable members, this is what I have to say to people who do not understand the ruling. I told the Prime minister to be ready to table if ever he is quoting from any document and he said that he is not quoting. He is referring to it.

Pravind Jugnauth revient sur l’étape de la réception du rapport de la BAD en ajoutant que « this is a fact that cannot be disputed nor challenged ».

La tension au sein de l’hémicycle était monté d’un cran avec un rappel à l’ordre du Speaker au député Franco Quirin. Pravind Jugnuath a réitéré son invitation à consulter le document de la BAD. « D’une part, le leader de l’opposition réclame la publication du rapport et d’autre part, il affirme qu’il faut respecter la clause de confidentialité de la Banque de Développement », trouve le Premier ministre, qui considère qu’il s’agit là d’une tentative de sauver son voisin. « I leave it to the population to say who is covering who », lance-t-il en guise de flèche du Parthe à l’encontre d’Arvin Boolell.

Abordant l’inclusion de Maurice sur la liste noire de l’Union européenne, Pravind Jugnauth a expliqué que la principale cause de ce classement est “effectiveness”, c’est-à-dire que pour enlever Maurice de cette liste, il faut  consolider les domaines à hauts risques et apporter des mesures correctives. « Je dois toutefois souligner que l’inclusion de Maurice sur la liste noire de l’UE, qui selon la Commission européenne est due à des déficiences stratégiques, a été faite unilatéralement. La Commission européenne n’a pas donné à Maurice l’occasion de fournir des explications, voire de faire des représentations auprès d’elle. Maurice n’a été ni consultée ni informée qu’une nouvelle méthodologie a été introduite. Je voudrais affirmer qu’on n’a pas été averti ou informé. J’ai rencontré le Commissaire pour le développement international en deux occasions. Durant nos deux interactions, à aucun moment cette question n’a été évoquée. Durant le dernier dialogue politique entre Maurice et l’UE, qui se tient annuellement, cette question n’a pas été évoquée non plus », regrette-t-il tout en souhaitant un élan de patriotisme de la part de l’Opposition à Maurice pour avoir été traité injustement.

Pravind Jugnauth estime que le texte de loi pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constitue un pas dans la bonne direction pour être en conformité avec les cinq recommandations du Groupe d’Action financière. « Nous sommes convaincus que tous ces efforts permettront d’enlever Maurice de la liste des “High Risk Third Countries. Le texte de loi démontre clairement notre volonté de nous conformer aux recommandations du GAFI. Il témoigne également de l’engagement de Maurice de consolider le régime mauricien concernant la lutte contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme. Il démontre également l’engagement du gouvernement de quitter la liste grise du GAFI et la liste noire de l’Union européenne», avance le Premier ministre en faisant état du soutien de l’Allemagne, qui assure la présidence de l’Union européenne.

Le Premier ministre s’est aussi appesanti sur l’importance de lutter contre la prolifération du blanchiment de l’argent sale non seulement pour Maurice mais pour la plupart de pays à travers le monde. Et de souligner la nécessité d’être sur ses gardes à tout moment et de consolider l’arsenal législatif, de contrôle et de supervision. « Our effort to combat money laundering is therefore a continuing one. Legislations and systems are necessary but not sufficient to combat money laundering. It takes a concerted effort  among government regulators and operators in the financial systems. We must each do our share. Only then will we be able to convince the world of the effectiveness of our effort and that Mauritius will cooperate fully in the global combat against money laundering and terrorism financing », a-t-il conclu son intervention sur le Financial Intelligence and Anti-Money Laundering (Miscellaneous Provisions) Bill.

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