Assemblée nationale – PNQ – Le PM : « À 6 milles, la présence du MV Wakashio était suspecte »

Arvin Boolell : « The Prime Minister is guilty of impropriety and of gross negligence »

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Le PM : « It’s like a Court Martial where the leader of the opposition is the judge »

La première heure de la séance de l’Assemblée nationale d’hier après-midi a été consacrée au naufrage du MV Wakashio. D’abord, la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell, a donné lieu à des critiques sévères à l’encontre du Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur la gestion de cette crise avec pour conséquence « an unprecedented oil spill », expression utilisée par ce dernier. Les ministres des Finances et de l’Environnement, Renganaden Padayachy et Kavydass Ramano, devaient remettre une autre couche sur les séquelles du naufrage en début de soirée du 25 juillet au large de Pointe-d’Esny. Le fait notoire est que le Premier ministre a concédé que la présence du MV Wakashio à quelque 6 milles nautiques du rivage était suspecte. Il rapportait les propos du commissaire de police, Khemraj Servansing à ce sujet tout en confirmant que ce ne fut qu’à un peu plus d’une heure du naufrage que la National Coast Guard avait tenté de se mettre en contact avec le commandant du vraquier. L’on notera que contrairement à ses habitudes, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, ne devait nullement avertir le leader de l’opposition avec la « Last Question » en mettant fin abruptement aux échanges à l’échéance des trente minutes réglementaires.
Dans sa réponse liminaire, le Premier ministre a fait ressortir que « prior to MV Wakashio reaching our territorial waters it was being tracked by the National Coast Guard Operations Room since 23 July 2020 at 23.30 hours when it entered our Exclusive Economic Zone at 200 nautical miles ». Il devait ajouter que « I am informed by the Commissioner of Police that on 25 July 2020 when the vessel was 6 nautical miles away from our coast, it became a suspect vessel. » Toutefois, les membres de l’opposition ont ri lorsque le Premier ministre a révélé que le seul hélicoptère en mesure d’intervenir auprès du Wakashio dans la soirée du 25 juillet, le Druv, était en révision et qu’aucun Fast Interceptor Vessel ne pouvait intervenir en raison du mauvais temps. Par ailleurs, les navires d’intervention des garde-côtes, le Barracuda, le Victory et le Valiant auraient pris neuf heures pour faire le trajet de Port-Louis à Pointe-d’Esny.
Concernant les remarques faites par le ministre français des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, le Premier ministre a considéré que « Minister Lecornu reiterated these sentiments and had at no time made any derogatory remarks on the handling of the incident by Government ». Il devait par ailleurs indiquer s’être entretenu avec le ministre français avant son départ de l’île et que ce dernier avait considéré que la France était prête à continuer à aider Maurice. Quant à ses commentaires faits à La Réunion, le Premier ministre a estimé que « such comments may be subject to different interpretations ».
Le Premier ministre est revenu sur les différentes étapes succédant au naufrage du MV Wakashio dans la soirée du 25 juillet en vue de « prevent or minimise damage to the environment while performing the salvage services ».
Il a aussi indiqué que des « inquiries are currently being held by special investigation teams at the level of the Central CID to carry out a thorough investigation so as to determine the facts and circumstances that led to this situation ». Des enquêtes préliminaires ont été lancées par le directeur du Shipping. De plus, une Court of Investigation sera instituée.
Arvin Boolell a, dès sa première interpellation supplémentaire, accusé le Premier ministre de négligence. « The Prime Minister is guilty of impropriety and of gross negligence ». Ce qui a amené ce dernier à trouve que « this is like a Court Martial and the leader of the opposition is the judge ». Il a aussi expliqué que selon les termes du droit international, les autorités mauriciennes « ne pouvaient intervenir » sur le navire. « We did whatever we could with the help of friend countries », a-t-il ajouté.
Le leader de l’opposition est alors revenu à la charge pour dire que la police dispose d’un hélicoptère capable de sortir dans n’importe quelle condition climatique. Ce à quoi le Premier ministre a répété que celui-ci était en révision. Et lorsque Arvin Boolell a ensuite déploré « l’absence de leadership », Pravind Jugnauth a simplement rétorqué en se demandant parfois, en matière de leadership, « qui est le vrai leader de l’opposition ».
Arvin Boolell a alors cité une déclaration du ministre Lecornu, à La Réunion, qui avait affirmé que les procédures à l’île sœur étaient différentes. Et le Premier ministre de citer l’intégralité de la déclaration du ministre français afin de démontrer que ce dernier, selon lui, « n’avait pas critiqué Maurice ». De plus, dit-il encore, le ministre Lecornu « avait refusé de répondre » à un journaliste qui lui avait demandé si, entre l’accident et la marée noire, l’intervention mauricienne n’avait pas trop tardé.
À d’autres questions, le Premier ministre a indiqué qu’on « ne peut empêcher un navire de traverser les eaux mauriciennes ». Et de soutenir que le 25 juillet, 26 navires étaient dans nos eaux, dont 11 se sont arrêtés à Port-Louis.

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