Assemblée nationale : PNQ sur fond de Tax Rebates à Serenity

  • Xavier-Luc Duval : « Le système est défectueux et ouvre la porte à la fraude »
  • Le leader de l’opposition propose que les réclamations des producteurs soient adressées à la MRA et vérifiées par le bureau de l’Audit
  • Pravind Jugnauth : « Aucun cas de fraude n’a jusqu’ici été rapporté et tous les producteurs ont respecté leurs engagements »
  • Le Premier ministre révèle que c’est Dan Baboo qui avait encouragé Steven Knight à produire « Serenity » à Maurice

La pertinence du Film Rebate Scheme, dont le but est de promouvoir l’industrie touristique mauricienne, a été mise à mal par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, dans une PNQ adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth. Ce dernier a expliqué que sur les 136 projets de films approuvés, 95 ont été réalisés, nécessitant des dépenses de l’ordre de Rs 3,5 milliards. Et d’ajouter que des remboursements d’un montant de Rs 900 M ont été effectués. Alors que le leader de l’opposition interpellait le Premier ministre sur le film « Serenity », tourné à Maurice, et qui a bénéficié d’un taux de remboursement de l’ordre de 39% sur les dépenses effectuées, ce dernier a révélé que c’est Dan Baboo, alors ministre de la Culture, qui avait encouragé Steven Knight à venir tourner ce long-métrage à Maurice.

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Dans sa PNQ, le leader de l’opposition a demandé au Premier ministre de dire si, en ce qui concerne le Film Rebate Scheme, il pouvait demander à l’EDB de donner le montant total remboursé à la production cinématographique entreprise en 2017, 2018 ainsi que du 1er janvier 2019 à ce jour, de même que : a) de déposer la liste desdites sociétés en indiquant les titres des films et le montant remboursé pour chaque catégorie de production; et b) d’indiquer les titres de films ayant obtenu une restitution supérieure à Rs 50 millions et/ou plus de 30% des Qualifying Production Expenditure.

Le Premier ministre a donné les chiffres réclamés par le leader de l’opposition et expliqué que le développement de l’industrie cinématographique était prévu dans le programme gouvernemental. L’idée est d’attirer les producteurs de cinéma dans l’île, de promouvoir l’image de Maurice à l’étranger et de créer de l’emploi dans ce secteur économique. Il a révélé que quelque 2 000 emplois ont ainsi été générés dans les différents domaines cinématographiques.

Répondant aux questions de Xavier-Luc Duval, le Premier ministre a affirmé qu’en 2017, Rs 773 millions avait été dépensées et que le montant du remboursement a été de l’ordre de Rs 289 M. En 2018, les dépenses des producteurs sont estimées à Rs 1,5 milliard et les remboursements autour de Rs 484 M.

Le Premier ministre a également expliqué que les projets de films et le taux de remboursement sont décidés par un Film Rebate Committee composé de représentants du PMO, du ministère des Finances, du ministère de la Culture, de la MFDC, de la MTPA et de l’EDB.

À ce stade, Xavier-Luc Duval a déploré qu’il n’y ait aucune personne spécialisée dans la production cinématographique siégeant sur ce comité afin de décider de la qualité des films et de leurs chances de succès.

Les chances de réussite d’un film ont donné lieu à des échanges entre le Premier ministre et le leader de l’opposition. Pravind Jugnauth a ainsi fait comprendre qu’il est extrêmement difficile de savoir si un film marchera ou non à sa sortie.

Les débats ont débouché sur la production du film Serenity, qui a été, selon le leader de l’opposition, un fiasco. Le Premier ministre n’a pas partagé cet avis, estimant que le film a été diffusé dans 2 561 salles à travers les États-Unis ainsi que dans plusieurs pays. Il est en outre sorti en vidéo en avril 2019. Et d’ajouter que la qualité d’un film relève d’une question d’appréciation.

Dans le cadre de ces échanges, le Premier ministre a révélé que c’est Dan Baboo qui avait encouragé Steven Knight à tourner à Maurice et avait organisé une rencontre avec le ministre des Finances d’alors, à savoir Xavier-Luc Duval.

La possibilité de rembourser jusqu’à 40% aux producteurs a aussi donné lieu à des débats. Le Premier ministre a indiqué que cette possibilité a été introduite en raison de la compétition féroce qui prévaut au niveau international, mais que, de toutes les façons, il revenait au FRC de décider du taux de remboursement.

Le leader de l’opposition a finalement soutenu que les conditions définies en vue de bénéficier de remboursements étaient « défectueuses » et pouvaient « ouvrir la porte à la fraude ». Par exemple, souligne-t-il, un producteur pourrait gonfler artificiellement ses dépenses afin de bénéficier d’un remboursement plus élevé. Ce à quoi le Premier ministre a répondu qu’aucun abus de ce genre n’a été rapporté et que, de toute manière, les demandes de remboursements « sont vérifiées scrupuleusement ».

Il a également affirmé que les producteurs ont respecté leur contrat en payant la taxe sur les dépenses effectuées à Maurice.

Le leader de l’opposition a proposé que les comptes soient soumis à la MRA, qui dispose des moyens de contrôle, et non pas à l’EDB, ainsi que le bureau de l’Audit pour la vérification des comptes. Le Premier ministre a reconnu que « toute chose peut être améliorée » et que « des améliorations peuvent être apportées aux systèmes de contrôle ».

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