ASSEMBLÉE NATIONALE | PNQ sur la COVID-19 – Jagutpal catégorique : « Aucune enquête sur le Souillac Cluster »

XLD :  « My moral duty is to shed light on the death of the 10 dialysis patients and the one who is critically ill… There is no room for self-satisfaction »

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Le Speaker coupe court à l’ultime réponse du ministre de la Santé avec un « Time is over » sans merci

Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a maintenu à deux reprises en réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qu’il n’a aucune intention d’instituer une enquête sur le COVID-19 New Souillac Hospital Cluster. « I do not intend to order any inquiry », devait déclarer catégoriquement le ministre au début des échanges et pour conclure sa réponse ayant duré presque une vingtaine de minutes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’on est tenté de dire que le ministre de la Santé aurait été sanctionné par le Speaker, Sooroojdev Phokeer, lors de son ultime réponse. En effet, réagissant aux protestations et à la pression du leader de l’opposition, Sooroojdev Phokeer devait mettre fin promptement à la PNQ avec un « Now, time is over » alors que Kailesh Jagutpal tentait de conclure. Autre fait à signaler : la fin de la PNQ n’a pas été marquée par des applaudissements venant des rangs de la majorité, comme tel a été le cas jusqu’ici.

Devant le refus du ministre de la Santé d’accéder à une demande pour une enquête en vue de faire la lumière sur le décès de dix patients du New Souillac Hospital et d’un autre « critically ill » avec la contamination à la COVID-19 à compter du 26 mars, Xavier-Luc Duval a réaffirmé que « my moral duty is to shed light on the death of the 10 dialysis patients and the one who is critically ill ». Il a ajouté que dans la conjoncture « there is no room for self-satisfaction ». Et de dénoncer le fait qu’aucun des 90 patients suivant des traitements de dialyse au New Souillac Hospital n’avait été vacciné contre le virus avant le 26 mars quand la Nursing Officer avait été testée positive.

Dans une attaque frontale au ministre de la Santé, le leader de l’opposition lui a lancé : « Why were you negligent in that way? Why did he not vaccine a single patient before the pandemics at New Souillac Hospital? » Plus loin, il devait s’appesantir sur les conditions de quarantaine à l’hôtel Tamassa des patients suivant des traitements de dialyse. « It took six days for him to revise the dramatic situation at Tamassa.  Probablement, suite à des remarques de ses collègues au sein du gouvernement ». Plus grave encore a été la remarque de Xavier-Luc Duval à l’effet que « it is clear that these persons were in good health. They came and they met with death ». Il devait faire comprendre qu’indépendamment de la position du ministre, des parents d’une des victimes du New Souillac Hospital Cluster réclament déjà une enquête pour négligence médicale.

Le ministre s’est alors lancé dans une longue explication pour justifier sa décision. Il a ainsi expliqué que le centre de dialyse de Souillac est opérationnel depuis 2012 et dispose de 60 machines de dialyse utilisées par 90 patients pour leur traitement. Il a ensuite énuméré le nombre de spécialistes et de membres du personnel médical en poste à l’hôpital ainsi qu’à l’hôtel Tamassa, non sans souligner que « tous les membres du personnel sont des spécialistes dans leurs domaines » et bénéficient d’une formation continue, en sus d’être « très engagés dans leur travail », en particulier durant ces circonstances difficiles durant lesquelles ils doivent quitter leur famille pendant des semaines pour se consacrer à leurs patients. Les membres du personnel médical, dit-il, « travaillent comme une équipe » pour les patients dialysés et « consacrent tout leur temps » à leurs patients, conformément aux directives internationales.

Au moment où le virus COVID-19 a fait son apparition à l’hôpital de Souillac, poursuit-il, 87 personnes étaient déjà en traitement dans cet établissement. Trois malades avaient été admis à l’hôpital Nehru de Rose-Belle pour d’autres problèmes de santé. Poursuivant ses explications, le ministre de la Santé a affirmé que le 26 mars dernier, il avait été rapporté qu’à la suite de tests PCR effectués la veille, une infirmière postée à l’unité de dialyse de l’hôpital de Souillac avait été testée positive à la Covid-19. « Les mesures sanitaires définies par les protocoles établis ont été mises en Å“uvre immédiatement », dit-il.

Des mesures visant à assurer la continuité du traitement des patients ont aussi été prises, selon lui. Et d’ajouter que tous les membres du personnel affectés à l’unité de dialyse ont été isolés et ont fait leur test PCR. À la suite de quoi il a été découvert que sept d’entre eux, dont deux médecins, étaient positifs, avant d’être admis à l’hôpital ENT. Ce jour-là, les patients dialysés n’avaient pas été transportés dans les véhicules de l’hôpital pour suivre leur traitement, dira encore le ministre.

Six patients sont cependant venus à l’hôpital par leurs propres moyens. Ils ont subi des tests PCR et trois d’entre eux ont été trouvés positifs, et admis également à l’hôpital ENT, le 26 mars, pour des traitements. Quant aux trois autres, ils ont été mis en quarantaine à l’hôtel Tamassa. Tout comme tous les autres patients traités à l’hôpital de Souillac, dit-il.

Quatorze de ceux ayant demandé à être accompagnés d’un parent ont été autorisés à le faire. À ce niveau, le ministre a précisé que le coût de la chambre est de Rs 32 000 par personne, soit Rs 64 000 pour deux personnes.

Le ministre a en outre noté que Maurice est « un des rares pays dans le monde » qui isole à la fois tous ceux qui ont été en contact avec les personnes testées positives et ceux trouvés positifs dans un centre de traitement. Dans le cas des personnes dialysées, « toutes les mesures ont été prises afin de minimiser les risques de contamination », dit-il. Il a aussi indiqué que l’unité de dialyse a été fermée « pendant deux jours afin d’être désinfectée complètement ».

Par la suite, tous les patients qui suivaient des traitements à l’hôpital de Souillac ont été testés le 28 mars et 12 d’entre eux se sont révélés positifs à la Covid, portant ainsi le nombre des dialysés testés positifs à 15. Par ailleurs, du 26 mars au 9 avril, 39 patients ont été testés positifs.

À ce stade, le leader de l’opposition a souligné que tous ces détails avaient déjà été donnés la semaine précédente et que « le ministre est en train de faire perdre le temps de la Chambre ». Ce qui n’a pas empêché le principal concerné à poursuivre ses explications, en donnant cette fois les dates des décès des différents malades.

Dès sa première question supplémentaire, le leader de l’opposition a, lui aussi, présenté ses condoléances aux familles endeuillées et a rendu hommage au personnel hospitalier. Cependant, il a insisté sur la nécessité de faire la lumière sur les décès de ces dix personnes et sur celle toujours grièvement malade en ce moment. Pour lui, « il n’y a pas de place pour l’autosatisfaction », rappelant ainsi que 424 000 vaccins avaient été reçus lorsque la pandémie a éclaté à l’hôpital de Souillac, et « qu’aucune des personnes en traitement n’a été vaccinée ». Il s’est par ailleurs demandé pourquoi des instructions avaient été données pour stopper la vaccination des personnes âgées et ceux étant plus vulnérables et fragiles afin de vacciner les détenteurs de WAP.

Faisant référence à un document déposé par le leader de l’opposition, le ministre de la Santé a alors indiqué que chaque personne ayant un problème rénal a une chance d’avoir une dialyse, alors qu’à l’étranger, seul un groupe de malades sélectionnés bénéficie de cette facilité, soit ceux pouvant faire une transplantation rénale. Ainsi, selon lui, le gouvernement a décidé de donner les vaccins pour les cas de comorbidité en priorité. Mais en même temps, dit-il encore, durant le confinement, « la priorité était de protéger les personnes vulnérables en les incitant à ne pas quitter leur domicile ».

De plus, a-t-il poursuivi, le gouvernement avait au début « offert également la chance à toutes les personnes âgées ainsi que ceux souffrant de maladie cardiaque ou rénale de se faire vacciner ». Cependant, la campagne vaccinale s’est faite sur une base volontaire. « On ne pouvait forcer personne à se faire vacciner. » Sans compter, dit-il, que « l’effet des vaccins n’est pas immédiat », car « il faut attendre quatre semaines pour que les anticorps réagissent ». Et de noter que 63 des patients avaient été vaccinés « bien qu’au début, la vaccination s’est faite lentement ».

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