Assemblée nationale : Une tranche de Question Time sous sédatif

Franco Quirin arrache un engagement de Jagutpal pour la publication des conclusions de l’enquête sur la petite Emilie, déclarée morte à sa naissance mais rentrant chez elle pour ses trois mois

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Le ministre Hureeram en vedette avec une série de PQs sur le Land Drainage

Alan Ganoo a appelé à apporter des précisions au sujet des certificats de vaccination contre le Covid-19

Que ce soit de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval ou encore des interpellations, la tranche du Question Time avait tout l’air d’être sous sédatif Pas de Point of Order. Pas de protestation que ce soit d’un côté de la Chambre ou de l’autre, le Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer étant en Low Tone. Surtout aucun Warning émis pour cette partie des travaux parlementaires. Sauf pour l’expulsion du député du MMM, Adil Ameer Meea, à la fin de la séance par le Deputy Speaker à l’ajournement (voir texte plus lpin-. Pour le camp de la majorité, une partie des explications se situerait dans le dénouement de l’affaire Betamax, avec une facture de Rs 5,4 milliards à régler à la suite du verdict du Privy Council…

Mais du côté de l’opposition, la nécessité d’un éclairage politique se faisait sentir. Pour sa première PNQ de la série budgétaire, Xavier-Luc Duval a été chercher un dossier nullement connecté à la chose économique de près ou de loin. Il s’est intéressé aux Missing Persons, au nombre de 773 en 2019, 570 en 2020 et 178 jusqu’ici sans compter les 2 224 travailleurs étrangers qui n’ont laissé aucune trace… Sur les bancs du parti Travailliste, l’on était concentré sur le point de presse du leader, Navin Ramgoolam, en début d’après-midi.

En substance, le député du MMM, Franco Quirin, a arraché du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal que les conclusions de l’enquête autour de la naissance de la petite Emilie – déclarée morte à sa naissance à l’hôpital Nehru mais qui est rentrée chez elle au cours de la semaine dernière pour ses trois mois – seront rendues publiques. Pour sa part, le ministre des Infrastructures, Bobby Hureeram, a eu sa Field Day avec pas mois de quatre PQs et des réponses des plus élaborées au sujet du problème de Land Drainage sous toutes ses coutures.

D’entrée de jeu, Franco Quirin a déclaré ses intérêts dans le cas du bébé Emilie Quirin. « Même si nous portons le même patronyme, nous n’avons aucun lien de parenté », a-t-il fait ressortir avant d’interpeller le ministre de la Santé. Il a dénoncé le fait que l’enquête au sujet de cette sinistre affaire survenue à l’hôpital Nehru n’a démarré qu’après trois mois. Mais sa satisfaction demeure que lors de l’ultime interpellation supplémentaire, il obtiendra de Kailesh Jagutpal que le rapport du Medical Negligence Standing Committee sera déposé sur la table de l’Assemblée nationale. Les parents de la petite Emilie pourront également prendre connaissance de la teneur de cette enquête.

De son côté, le ministre Jagutpal s’est contenté de dresser la chronologie de cette affaire tout en rappelant les procédures établies dans ce genre de situation, soit

le 16 février dernier à 10 h 10, la mère du bébé a consigné une doléance au Complaints Officer au sujet d’un « alleged case of medical negligence following the birth of her newborn ».

« Given that her baby was still under treatment at the hospital by the Medical Practitioners concerned, the Acting Regional Health Director did not deem it ethically appropriate to carry out an enquiry immediately », ajoute le ministre.

Le même jour, la mère devait faire une déposition au poste de police de l’hôpital avec copie transmise le même jour aux responsables de l’hôpital.

22 février : le ministre a réclamé un rapport de l’hôpital à ce sujet avec la demande en date du 5 mars.

24 mars : l’Acting Regional Health Director a informé le ministre qu’en raison de la deuxième vague de Covid-19 et les cas de patients dialysés contaminés à l’hôpital de Souillac « there was a delay in submitting the report to my Ministry ».

4 mai (soit après la publication de ce scandale dans les colonnes de Week-End en date du 2 mai) le ministre a saisi le Medical Negligence Standing Committee de ce dossier pour une « in-depth investigation ».

Le ministre Jagutpal a confirmé que cette instance d’enquête a déjà procédé à l’audition de toutes les parties concernées, dont la dernière séance s’est déroulée le 3 juin. « The Medical Negligence Standing Committee is currently finalising its investigation and a report will be submitted in due course », devait-il conclure dans le contexte de cette affaire, qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour la famille Quirin de Mahébourg, même si le traumatisme demeure vivace.

Cancer du sein : de nouveaux tests

génétiques bientôt disponibles

Ces cinq dernières années, 2 809 cas de cancer du sein ont été détectés, soit 2 745 chez les femmes et 64 chez les hommes. De ce nombre, 5 à 10% des cas sont héréditaires. Répondant à une interpellation du député Farhad Aumeer, le ministre de la Santé, le Dr Kailesh Jagutpal, a laissé entendre que de nouveaux tests génétiques seront bientôt disponibles, de même que des soins plus poussés, avec l’entrée en opération de l’hôpital pour le traitement du cancer. Les services d’un Breast Surgeon pour la mastectomie et la reconstruction sont également envisagés.

Kailesh Jagutpal a indiqué qu’en 2015, il y avait 483 cas chez les femmes et 10 cas chez les hommes. En 2016, 516 et 19 cas respectivement; 583 et 7 pour 2017; 570 et 16 pour 2018; 548 et 12 pour 2019. Les chiffres pour l’année 2020 sont toujours en cours de compilation. Concernant le dépistage, il a précisé qu’il existe un programme de « Cervical Screening » pour les femmes actives sexuellement âgées de 30 à 60 ans.

Concernant la mammographie, il existe un programme pour les femmes âgées de 50 à 69 ans, chaque deux ans, selon les recommandations de l’OMS. Environ 4 000 femmes font le dépistage pour le cancer du sein et du col de l’utérus à Maurice chaque année. Le dépistage revêt une importance capitale, a rappelé Kailesh Jagutpal, précisant que le taux de survie pour le cancer du sein dépisté de manière précoce était de 90%. De plus, il existe des facilités d’imagerie ultrasonore dans les hôpitaux régionaux, alors que la mammographie digitale est disponible dans les hôpitaux Jeetoo et Victoria.

Pour le traitement, la chirurgie demeure une étape incontournable, tout comme la chimiothérapie, la radiothérapie, la thérapie hormonale et la thérapie ciblée. Ces soins sont dispensés aux hôpitaux Jeetoo, SSRNH, Nehru et Victoria. Les chirurgies peuvent se faire dans tous les hôpitaux régionaux. En ce qui concerne la thérapie ciblée, 20% des patients nécessitent un traitement aux anticorps, auparavant utilisé pour les femmes en période de pré-ménopause pendant une période de six mois. Toutefois, un nouveau protocole est en place pour les cas de post-ménopause et des patients métastasés. Le traitement dure un an.

Le nouvel hôpital du cancer sera opérationnel au début de l’année prochaine et sera doté d’équipements de pointe. La médecine nucléaire sera aussi disponible. Trois salles de radiothérapies seront bientôt aménagées et un département de soins palliatifs sera aussi mis sur pied dans le nouvel hôpital. Il existe déjà un service Outpatient dans les différents hôpitaux régionaux.

Par ailleurs, le Dr Jagutpal a précisé que 5 à 10% des cas de cancer du sein sont héréditaires. Il a ainsi confirmé que les tests BRCA1 et BRCA2 pour les tests génétiques seront bientôt disponibles dans les hôpitaux publics.

Aumeer : Le dépistage précoce permet de sauver de vies. Le ministre ne pense-t-il pas qu’il faille prévoir d’autres tests génétiques, à part le BRCA1 et le BRCA 2 ? Particulièrement du fait que des études ont démontré qu’il y a des Clusters familiaux, prédisposés au cancer du sein.

Jagutpal : Vous avez raison. Toutes les dispositions ont été prises pour ce genre de tests dans le nouveau centre de cancer. Il y aura également le PET Scan.

Ramyad : L’appel d’offres pour le PET Scan a-t-il déjà été lancé ?

Jagutpal : Les procédures pour l’appel d’offres ont déjà été enclenchées et une partie des équipements est déjà arrivée. Le commissioning est en cours. Le reste des équipements arrivera une fois que le bâtiment sera complété.

Doolub : Une de mes mandantes m’a fait savoir qu’il existait une liste d’attente pour la mammographie. Peut-on savoir combien de personnes sont sur cette liste actuellement et quel est le nombre de mammographies effectuées dans les cinq hôpitaux régionaux ?

Jagutpal : Selon les statistiques du ministère, il y a eu 1 025 mammographies en 2018, 320 en 2019 et 1 285 en 2020. Nous avons 67 patients en attente pour le moment.

Aumeer : La mastectomie partielle ou complète est une dure épreuve pour les patients. Le ministre peut-il nous dire si la chirurgie de reconstruction est disponible dans les hôpitaux pour le bien-être de ces patientes. Car beaucoup connaissent des périodes de déprime après de telles interventions.

Jagutpal : Il n’y a pas de Breast Surgeon à Maurice pour le moment. Nous avons lancé un appel d’offres sans succès. Le ministère a toutefois un arrangement avec l’Edinburgh University, pour les services d’une “breast surgeon”. Si tout se passe bien, il sera bientôt là pour les chirurgies liées à la mastectomie et à la reconstruction.

RÉOUVERTURE DES FRONTIÈRES

Reconnaissance numérique

des certificats de vaccination

Le député travailliste Farhad Aumeer a interrogé le ministre des Affaires étrangères, Alan Ganoo, sur un système numérique d’authentification et de vérification des tests de laboratoires et de vaccins dans le sillage de l’ouverture des frontières.

Il voulait savoir si Maurice comptait collaborer avec l’Union africaine en termes de soutien technique du PanaBIOS. Dans sa réponse, le ministre Alan Ganoo a précisé que depuis le début de la pandémie de Covid-19, Maurice travaille en étroite collaboration avec l’Africa Centre for Disease Control and Prevention. Il répondait à une interpellation du député Farhad Aumeer, au sujet d’un système numérique d’authentification et de vérification des tests de laboratoires et de vaccins dans le sillage de l’ouverture des frontières. Une Task Force, sous la responsabilité du ministre des TIC, Deepak Balgobin, a aussi été mise en place pour travailler sur les solutions numériques nécessaires.

Alan Ganoo a précisé qu’en octobre 2020, l’Union africaine avait lancé la Trusted Travel Platform en vue de développer un standard commun sur les voyages à travers le continent. Celui-ci était institué par le consortium PanaBIOS par le truchement d’un partenariat public-privé. Le but était alors d’aider les États membres à vérifier les certificats de vaccination contre le Covid-19 et d’harmoniser la réglementation sur l’accès. Cette plateforme comprend la digitalisation du protocole des pays membres. Il permet également aux pays respectifs de vérifier les tests de laboratoire et ce, grâce à un système électronique reliant les différentes autorités et partenaires.

En avril de cette année, un groupe de travail public-privé a été établi sous la présidence du Premier ministre adjoint, Steven Obeegadoo, pour élaborer des recommandations au regard de la réouverture des frontières et la relance du secteur du tourisme. Trois sous-comités ont par la suite été institués pour se pencher sur les critères d’entrée sur le territoire, le protocole sanitaire et la connectivité aérienne.

Ainsi, les procédures à l’aéroport et la digitalisation des services ont été passées en revue dans le but d’éviter des duplications. Il s’agira surtout de recueillir les informations par rapport aux tests et à la vaccination contre le coronavirus. Le ministre des TIC préside, pour sa part, une Task Force sur les solutions numériques nécessaires pour permettre la réouverture des frontières en toute sécurité. Les consultations sont en cours à ce niveau.

De son côté, le ministère de la Santé a développé des “Covid links based on an open source” avec l’aide de l’United Nations Development Programme, pour les passagers. Plus de 250 000 fichiers informatiques seront créés et connectés à la Travel Platform mise à disposition pour l’Union africaine. Toutes les données ainsi que la confidentialité seront respectées. « Je peux assurer que toutes les précautions seront prises afin de s’assurer que la réouverture des frontières se fasse dans les meilleures conditions et en toute sécurité, selon le protocole sanitaire », dit-il.

Aumeer : Le ministre peut-il s’assurer que les certificats de vaccination anti-Covid-19 pour les passagers qui arriveront à Maurice à partir du 15 juillet soient dotés d’un QR Code afin qu’ils soient facilement authentifiés par les autorités mauriciennes, et d’éviter de faux certificats. À ce sujet, j’informe la Chambre qu’il y a déjà de faux certificats de vaccination en vente à Maurice.

Ganoo : Comme je viens de le dire, il y a une Task Force présidée par le ministre des TIC, qui travaille sur la question et fera des recommandations concernant l’entrée des passagers. Je suis sûr que cette question sera aussi abordée par les “subworking groups”.

Dhunoo : Le ministre a parlé d’une Task Force. Peut-on savoir quelles en sont ses responsabilités ?

Ganoo : Les objectifs sont multiples : gérer la question d’entrée des passagers, en étroite collaboration avec le comptoir de santé à l’aéroport; se pencher sur le système informatique, soit l’Advanced Passenger Information System et le Public Health Passenger Locator Form qui pourrait être envisagé; l’International Civil Aviation Organisation Collaborative Arrangement pour la question de santé au niveau de l’aviation civile; l’International Air Transport Association Travel Pass Mobile App; identifier les manquements au niveau informatique concernant les informations liées au Covid-19 et, finalement, proposer des solutions digitales pour la réouverture des frontières.

Aumeer : Le ministre peut-il nous dire si le gouvernement envisage la “neutral recognition” des certificats de vaccination, peu importe le vaccin utilisé, avec des pays dont les ressortissants visiteront Maurice ? Car de telles actions ont déjà été entreprises par certains pays afin que l’on reconnaisse le Vaccine Green Passport de chaque pays respectif.

Ganoo : Cette question est étudiée par les différentes autorités, dont le High Powered Committee.

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