Bourse: le Semdex recule sur fond de flambée des marchés à l’étranger! 

La situation à la Bourse de Maurice soulève des interrogations chez de nombreux observateurs, car quasiment toutes les places boursières mondiales sont euphoriques, ayant déjà retrouvé leur niveau pré-pandémie depuis le mois dernier, à l’exemple du CAC40 en France ou du DAX en Allemagne. À la Bourse de Maurice, c’est la chute… Le principal indice boursier décorrélé des marchés mondiaux demeure toujours loin de son niveau pré-pandémie.

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Jeudi 15 avril, le Semdex se situait à 1624.36 points, soit bien en-dessous des 2 217 points enregistrés en février 2020, juste avant l’éclatement de la pandémie. Lorsque la première vague de COVID-19 affectait le pays de plein fouet, l’indice avait chuté à 1795 points (13 avril 2020). Depuis, il est resté sous la barre de 1700 points. Il était même descendu sous la barre des 1500 points vers début avril 2020.

Sur les marchés financiers étrangers, la situation est complètement différente ; les analystes parlent de « record » et même de « résurrection » des marchés. Le 1er avril dernier, l’indice S&P 500 a clôturé au-delà de 4000 points pour la première fois de son histoire. Il a également enregistré un ‘return’ de 5,8% au premier trimestre. L’indice MSCI EFM Markets Africa a réalisé une hausse de 10,8%. Le MSCI The World Index était en hausse de 3,3%. En Europe, les marchés financiers affichent également la forme, malgré le nombre de cas de COVID et les restrictions en vigueur dans beaucoup de pays.  L’EuroStoxx 50 était en hausse de 10,3% au premier trimestre et a déjà dépassé son plus haut niveau pré-pandémie de février 2020. Mais notre Semdex national est décorrélé des marchés étrangers. Dans son dernier bulletin, la firme Aon Hewitt (Mauritius) observe d’ailleurs que « locally, the picture was quite different (…) the SEM Official Market indices registered negative returns for the quarter. SEMTRI and SEMDEX both lost nearly 3%. »

« Historic Bull run »

Aon Hewitt rappelle que “Post March 2020, the foreign equity markets witnessed a historic bull run. Stocks rallied to recover from steep losses caused by the pandemic in March 2020. In March 2021, the major foreign equity indices closed the month on a positive note despite being volatile. They were driven by investor optimism over the vaccine rollout, and supportive fiscal and monetary policy.” Aux États-Unis, c’est aussi une hausse dans le niveau d’emploi dopé par la réouverture des restaurants/bars/écoles/sites de construction qui contribue à la relance du marché des capitaux. Les valeurs technologiques ont suivi, avec le Nasdaq 100 récupérant 1,6% au premier trimestre.

Sur les douze derniers mois, les indices internationaux affichent une croissance à deux chiffres que les analystes étrangers qualifient d’« insolente ». L’EuroStoxx50 a grimpé de 40,5%. Le MSCI The World Index a pris 54% et le MSCI Emerging Markets affiche une progression de 58,4%. « Les marchés internationaux ont enregistré un ‘bull run’ depuis un an. Il y a plusieurs raisons, en particulier le Stimulus Package de 1,9 trillion de dollars présenté par le président Joe Biden aux États-Unis et le développement et le déploiement des vaccins dans le monde. En outre, comme les taux d’intérêt sont en baisse, les marchés d’actions ont tendance à monter. Je ne pensais pas que les marchés allaient rebondir si rapidement, je pense que le vaccin a amené un retour de confiance chez les investisseurs », explique Imrith Ramtohul, Senior Investment Consultant chez Aon Hewitt.

Dans ce contexte euphorique, comment expliquer la contre-performance du Semdex ? « Il a reculé de 3% au 1er trimestre. Nous voyons que contrairement aux marchés internationaux, il n’y a pas de reprise à la Bourse de Maurice. Je pense que c’est parce que nous sommes encore en pleine deuxième vague et nos frontières sont toujours fermées donc les hôtels sont encore en difficulté et leurs valeurs en bourse sont touchées. Il y a aussi le fait que nos compagnies sont à payer moins de dividendes et il y en a même qui n’en payent pas. C’est possible que cela contribue à diminuer l’intérêt des investisseurs pour la bourse locale. Une autre raison est que Maurice figure sur le black list de l’UE et cela peut aussi expliquer pourquoi les investisseurs étrangers réduisent leurs achats d’action », affirme Imrith Ramtohul. Les étrangers ont désinvesti pas moins de Rs 418 millions du marché officiel de la bourse de Maurice au cours du premier trimestre 2021.

Rien pour redynamiser les entreprises

 

Pour expliquer le recul du Semtex, d’autres spécialistes de l’investissement affirment que « le gouvernement met des bâtons dans les roues des entreprises, notamment avec la Contribution sociale généralisée. Par ailleurs, le gouvernement n’a proposé aucune mesure pour redynamiser les entreprises, contrairement à d’autres pays où l’on voit des Stimulus Packages. Ces pays-là misent clairement sur la reprise. On aurait pu proposer une baisse au niveau de la taxe par exemple… Il a aussi le blacklisting qui fait son petit effet. »

Quant à savoir dans combien de temps la bourse de Maurice pourra reprendre du poil de la bête, les analystes locaux ne semblent pas très optimistes : « Ça prendra du temps… Il faut d’abord que l’économie retourne à la normale, que les frontières rouvrent et que Maurice sorte enfin de cette liste noire. Le secteur touristique doit, en priorité, repartir vite car il représente 22% de notre Produit intérieur brut.»

 

Changement de stratégie ?

Qu’en est-il des investisseurs institutionnels qui sont de gros investisseurs en bourse ? Ont-ils modifié leur stratégie d’investissement vu la faiblesse du Semdex ? « Beaucoup investissent davantage à l’étranger et ont réduit leur allocation dans les actions en bourse localement. Ils s’aperçoivent que les Prospects sont meilleurs pour les compagnies à l’étranger. Par ailleurs, comme notre roupie se déprécie, beaucoup de gros investisseurs préfèrent investir en devises, notamment en dollars et en euros, afin de protéger leurs investissements. Par exemple, le dollar valait Rs 35.00 l’année dernière et il est à Rs 40.00 cette année, cela alors que la roupie perd de sa valeur, donc ils réfléchissent à deux fois avant d’investir à la bourse de Maurice », explique un spécialiste des placements de fonds.

 

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