Brexit : l’évolution de la livre sterling suivie de près à Maurice

Les conditions du Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, continue à faire rage dans ce pays, et ce au point que le Premier ministre Boris Johnson a perdu sa majorité au Parlement britannique. L’évolution de la livre sterling est suivie de très près à Maurice dans ce contexte.

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À Maurice, le taux de la livre sterling n’a cessé de fluctuer ces dernières semaines. Au 1er août dernier, elle était vendue à Rs 44,57 pour tomber au-dessous de Rs 44 une semaine plus tard avant de prendre du poil de la bête pour atteindre Rs 44,16 le 16 août. La livre sterling avait atteint son summum le 28 août, soit à Rs 44,82. Il était vendu à Rs 44,62 le 2 septembre. La défaite de Boris Johnson lors du vote pris dans la soirée du 3 septembre n’a pas affecté davantage la devise britannique.

« La Banque de Maurice suit de près l’évolution de la situation et est prête à intervenir si la situation le justifie pour lisser toute volatilité excessive du taux de change de la roupie », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale, Yandraduth Googoolye. Le gouverneur de la BOM souligne dans sa déclaration que le Royaume-Uni est l’un de nos principaux partenaires commerciaux, en tant que destination d’exportation et marché source du tourisme. Il poursuit : « Les exportations vers le Royaume-Uni représentent environ 11,3% du total des exportations, tandis que les touristes britanniques représentent 10,9% du nombre total d’arrivées de touristes. Dans le contexte de solides liens économiques et financiers, un Brexit sans accord pourrait avoir un impact négatif sur une petite économie ouverte comme Maurice, allant du commerce à l’investissement étranger, en passant par la volatilité des taux de change et les répercussions sur l’économie britannique, l’UE et l’économie mondiale alors que le commerce et la croissance sont entravés ».

Yandraduth Googoolye souligne que suite à la nomination d’un Premier ministre britannique au Royaume-Uni en juillet dernier, la probabilité d’un Brexit dur a considérablement augmenté. « La livre sterling s’est déjà dépréciée d’environ 2,8% par rapport au dollar américain depuis le début de l’année, ce qui s’est reflété dans la roupie nationale qui s’est appréciée de 1,9% par rapport à la monnaie britannique. Les exportations vers le Royaume-Uni ont diminué de 6,6% au premier semestre de l’année, tandis que les arrivées de touristes ont diminué de 2,2%. Il existe encore beaucoup éléments d’incertitude qui persistent concernant le Brexit », constate-t-il.

Risque de récession

au Royaume-Uni

« En cas de Brexit désordonné, la livre sterling se déprécierait davantage, bien que les marchés aient déjà pris en compte cette évolution dans une certaine mesure. La Banque d’Angleterre a estimé en août dernier que le Royaume-Uni risquait de sombrer dans la récession au début de 2020, alors que l’incertitude accrue entourant le Brexit ralentirait l’économie. La Banque de Maurice suit de près l’évolution de la situation et est prête à intervenir si la situation le justifie pour lisser toute volatilité excessive du taux de change de la roupie. Dans un tel contexte, la Banque veillera également à ce que la politique monétaire continue de soutenir l’activité économique intérieure », souligne Yandraduth Googoolye.

Au niveau de la Chambre du Commerce de Maurice  la vigilance concernant nos exportations « est de mise », observe son secrétaire général, Barlen Pillay. « Au niveau de la MCCI, nous continuons de suivre la situation du Brexit qui aura certainement un impact sur le pays. Il nous faudra être vigilants sur nos exportations, notre tourisme et aussi sur différents secteurs, dont les services financiers. Un “hard Brexit” aura certainement un effet sur la croissance économique du Royaume-Uni donc l’impact sur le climat des affaires et le taux de change. Cela aura un effet sur le moyen terme et sur la demande interne de la Grande-Bretagne qui aura mécaniquement un impact sur les commandes venant de Maurice », affirme-t-il.

Pour Barlen Pillay, un des atouts de Maurice est qu’elle a déjà signé un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni, qui assure nos relations commerciales basées sur le présent accord de partenariat économique avec l’Union européenne, un accord de continuité. « Dans ce sens, nos exportations de marchandises – principalement le thon, le sucre et le textile – rentreront au Royaume-Uni aux mêmes conditions qu’actuellement. D’après une récente étude de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en mars de cette année, Maurice a un avantage par rapport aux autres pays qui n’ont pas encore signé d’accord de continuité. L’organisme estime que l’île pourrait bénéficier d’une augmentation de 103% de ces exports vers la Grande-Bretagne, c’est-à-dire un peu plus de USD 220 millions de plus. Par contre, il nous faudra être vigilants sur une baisse du pouvoir d’achat des Anglais qui aura un impact sur la demande des produits mauriciens vers la Grande-Bretagne. De plus, si l’Angleterre décide de baisser les tarifs douaniers sur la clause de nation la plus favorisée sur certains produits, le taux préférentiel pour Maurice va baisser. Par exemple, les propositions de l’Angleterre de baisser les tarifs douaniers globaux sur le secteur textile pourront avoir un effet sur notre compétitivité », soutient Barlen Pillay.

Capitaliser sur les opportunités 

Pour ce qu’il s’agit de la livre sterling, Barlen Pillay appréhende, comme le prévoient les analystes économiques, que le taux de change soit à parité avec l’euro et à 1,05 par rapport au dollar. Ce qui représenterait une dépréciation de l’ordre de 15% de la livre sterling. « Cela aura un impact sur la valeur de nos recettes touristiques venant du Royaume-Uni mais aussi au niveau des services financiers. Heureusement que, pour nos exportations, nos factures se font plus en dollars et en euros plutôt qu’en livres sterling maintenant. Effectivement, ces dernières années, les exportations mauriciennes libellées en livres sterling, qui étaient de 18% en 2008, sont tombées à presque 5% en 2018 », poursuit Barlen Pillay.

Parmi les mesures qui pourraient être prises pour prévenir les effets négatifs sur notre économie, Barlen Pillay souligne la nécessité d’accentuer la diversification de notre tourisme, que ce soit en marché ou en produits et services que Maurice offre.

« Il nous faudrait également pouvoir capitaliser sur les opportunités qui peuvent se manifester. Par exemple, attirer des compagnies qui se délocalisent du centre financier au Royaume-Uni dans notre centre financier à Maurice. Il nous faut avoir une stratégie comme en 1982, avec Hong Kong, et quand des compagnies s’étaient implantées à Maurice dans le secteur textile; et on connaît le résultat », observe Barlen Pillay.

Il ajoute : « Nous estimons qu’environ 600 000 retraités britanniques vivent actuellement en France et en Espagne. Avec des incertitudes sur leur statut post-Brexit, nous pouvons attirer disons 5% d’entre eux, dépensant chacun un minimum de USD 1 500. Cela peut entraîner une augmentation significative dans la consommation et le PIB du pays. Il faut une stratégie ciblée de la part de nos institutions dans ce sens. »

Revenus touristiques dépendants selon l’évolution de la livre 

Au niveau de l’industrie touristique, Désiré Elliah, CEO du groupe LUX, considère qu’il faudra voir l’effet du Brexit sur le pouvoir d’achat des Britanniques qui représentent 25% des arrivées dans les hôtels du groupe hôtelier. Le plus important, à son avis, le taux de change de la roupie par rapport à la livre sterling. Tous les hôtels sont vendus en Grande-Bretagne en livres sterling. Ce qui fait que nos revenus en roupies dépendent du taux de la livre. En même temps, les touristes britanniques dépensent en roupies à Maurice. Ce qui fait qu’ils disposeraient de moins de roupies en cas de dépréciation de la livre.

Concernant les touristes anglais en général, Désiré Elliah constate alors que les arrivées britanniques à Maurice sont en baisse, mais en hausse aux Maldives. « Ce qui veut dire que les Anglais voyagent », constate-t-il.

Capitaliser sur les opportunités 

Pour ce qu’il s’agit de la livre sterling, Barlen Pillay appréhende, comme le prévoient les analystes économiques, que le taux de change soit à parité avec l’euro et à 1,05 par rapport au dollar. Ce qui représenterait une dépréciation de l’ordre de 15% de la livre sterling. « Cela aura un impact sur la valeur de nos recettes touristiques venant du Royaume-Uni mais aussi au niveau des services financiers. Heureusement que, pour nos exportations, nos factures se font plus en dollars et en euros plutôt qu’en livres sterling maintenant. Effectivement, ces dernières années, les exportations mauriciennes libellées en livres sterling, qui étaient de 18% en 2008, sont tombées à presque 5% en 2018 », poursuit Barlen Pillay.

Parmi les mesures qui pourraient être prises pour prévenir les effets négatifs sur notre économie, Barlen Pillay souligne la nécessité d’accentuer la diversification de notre tourisme, que ce soit en marché ou en produits et services que Maurice offre.

« Il nous faudrait également pouvoir capitaliser sur les opportunités qui peuvent se manifester. Par exemple, attirer des compagnies qui se délocalisent du centre financier au Royaume-Uni dans notre centre financier à Maurice. Il nous faut avoir une stratégie comme en 1982, avec Hong Kong, et quand des compagnies s’étaient implantées à Maurice dans le secteur textile; et on connaît le résultat », observe Barlen Pillay.

Il ajoute : « Nous estimons qu’environ 600 000 retraités britanniques vivent actuellement en France et en Espagne. Avec des incertitudes sur leur statut post-Brexit, nous pouvons attirer disons 5% d’entre eux, dépensant chacun un minimum de USD 1 500. Cela peut entraîner une augmentation significative dans la consommation et le PIB du pays. Il faut une stratégie ciblée de la part de nos institutions dans ce sens. »

Revenus touristiques dépendants selon l’évolution de la livre 

Au niveau de l’industrie touristique, Désiré Elliah, CEO du groupe LUX, considère qu’il faudra voir l’effet du Brexit sur le pouvoir d’achat des Britanniques qui représentent 25% des arrivées dans les hôtels du groupe hôtelier. Le plus important, à son avis, le taux de change de la roupie par rapport à la livre sterling. Tous les hôtels sont vendus en Grande-Bretagne en livres sterling. Ce qui fait que nos revenus en roupies dépendent du taux de la livre. En même temps, les touristes britanniques dépensent en roupies à Maurice. Ce qui fait qu’ils disposeraient de moins de roupies en cas de dépréciation de la livre.

Concernant les touristes anglais en général, Désiré Elliah constate alors que les arrivées britanniques à Maurice sont en baisse, mais en hausse aux Maldives. « Ce qui veut dire que les Anglais voyagent », constate-t-il.

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