BUDGET 2020/21 – CSG/NPF : Guerre ouverte !

Business Mauritius lance une campagne sans précédent contre le GM sur le thème « Tansion nou pansion »

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Le secteur privé : « La CSG se présente davantage comme une injustice, avec un effet domino assuré sur l’économie »

Fait sans précédent dans les relations entre le secteur privé sous la bannière de Business Mauritius et le gouvernement. C’est la guerre ouverte entre ces deux partenaires sociaux ayant pour toile de fond la mesure du budget 2020-21, visant à introduire la Contribution sociale généralisée (CSG) avec la disparition pure et simple du National Pensions Fund (NPF). Sur le thème « Tansion nou pansion! », Business Mauritius se lance dans une campagne d’envergure, avec à l’appui des affiches informatives ainsi qu’une série de vidéos explicatives « dans l’optique de sensibiliser la population mauricienne dans son ensemble à ce nouveau système ».
L’attaque du secteur privé contre cette initiative budgétaire du gouvernement Jugnauth, pilotée par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, est frontale tout en s’articulant sur trois interpellations à savoir : « Quels sont les enjeux du nouveau système de pension ? Qui y contribuera… ou pas ? Est-il juste et équitable pour tous les Mauriciens ? ». « Il est regrettable que les consultations autour de la réforme du système de pension aient été faites de manière unilatérale, sans consultation avec toutes les parties prenantes. C’est pour cette raison que nous avons décidé de mener une campagne d’information », déclare Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius. Et de réaffirmer le fait que « le système de pension a toujours été un atout majeur de notre État-providence depuis l’indépendance ».
Tout en soulignant qu’avec la pension universelle à quelque Rs 9 000 par mois les finances de l’État sont sous pression, Business Mauritius met en garde contre l’effet domino sur l’économie car « la CSG et la pension universelle équivalent au coût de trois Metro-Express par an ». Le CEO de Business Mauritius met l’accent sur l’urgence de la réforme du système de pension en ajoutant que « sauf que dans sa forme actuelle, celle-ci (la réforme) n’est pas viable et se présente davantage comme une injustice pour le secteur privé ».
Commentant la Contribution sociale généralisée, le secteur privé s’appesantit sur le fait que « le pourcentage du PIB alloué au paiement de la pension universelle est passé de 2% en 2000 à 5% en 2020. Cette situation va se détériorer davantage en raison de la crise économique provoquée par la pandémie de COVID-19. À l’avenir, les pouvoirs publics pourraient augmenter les taxes, voire emprunter à des institutions financières, ce qui ferait croître notre niveau d’endettement au-delà d’un seuil raisonnable. Le pays risquerait alors une dépréciation de sa monnaie, impactant le pouvoir d’achat et la qualité de vie ».
Dans un autre ordre d’idées, Business Mauritius est parvenu à la conclusion que les grands perdants de ce nouveau système sont incontestablement les employeurs et employés du secteur privé. « Et les décaissements de la CSG, à partir de juillet 2023, augmenteront les inégalités entre les pensionnés du privé et les fonctionnaires. Ceux ayant travaillé dans le privé ne percevront que la pension universelle et la CSG après 65 ans », souligne le patronat.
Le phénomène du vieillissement de la population fait qu’alors qu’en 2014, l’on comptait 4,6 personnes actives contribuant pour la pension d’un retraité. Selon les prévisions, ce taux passera à 2,4 personnes en 2034, et à 1,6 en 2054. « Les employés et employeurs du secteur privé devront, ainsi, contribuer beaucoup plus pour nos futurs retraités », affirment les experts de Business Mauritius, tout en réitérant que « la CSG est une taxe qui vise uniquement à payer la pension. L’argent n’est pas investi et ce système ne génère donc pas des revenus additionnels ». Pour le secteur privé, la CSG représente une charge additionnelle, qui est un poids supplémentaire pour de nombreuses entreprises locales et étrangères qui font déjà face à d’énormes difficultés liées à la COVID-19.
Business Mauritius attire l’attention sur le fait que « ce système n’est tout simplement pas viable pour une population vieillissante comme la nôtre. En effet, les salariés du privé devront cotiser toujours plus pour soutenir les dépenses liées à la pension. Si la CSG semble un système à coût réduit aujourd’hui, il risque de coûter très cher aux générations futures ».
Pour souligner le caractère injuste et inéquitable de la CSG, le secteur privé note qu’à chaque contribution, qu’elle soit à hauteur de Rs 3 000 ou de Rs 150 par mois, « tous recevront le même montant de Rs 4 500 à 65 ans ». À titre d’exemple, Business Mauritius fait ressortir que « bien qu’elle fasse baisser les cotisations pour ceux touchant moins de Rs 50 000, dans un premier temps, la CSG n’est pas pour autant juste. Par exemple, un messenger touchant un salaire mensuel de Rs 10 000 contribuera à hauteur de Rs 150 chaque mois, alors qu’un ministre ne contribuera rien. De même un médecin exerçant dans une clinique et touchant un salaire de Rs 100 000, contribuera à hauteur de Rs 3 000 à la CSG. Son confrère, exerçant dans un cabinet privé, paiera uniquement Rs 150 même si ses revenus mensuels frôlent les Rs 200 000 ».
En conclusion, la campagne « Tansion nou pansion » touche à une corde très sensible avec la comparaison entre l’employé du secteur privé et son confrère du service Civil. « Les grands perdants du remplacement du NPF par la CSG seront, sans conteste, les retraités du secteur privé. Dès juillet 2023, la CGS augmentera les inégalités entre eux et les fonctionnaires à la retraite. La disparité sera plus visible pour ceux qui commenceront à travailler après septembre 2020. Les employés du privé ne percevront que la pension universelle et la CSG après 65 ans. Le salarié du privé contribuera donc pour tous les retraités, y compris les fonctionnaires ».
D’aucuns affirment qu’avec cette nouvelle offensive du secteur privé, le Grand Argentier joue gros politiquement. Affaire à suivre…

Poids de la pension porté  par les générations futures

Si le système est maintenu dans sa forme actuelle, lorsque les contribuables d’aujourd’hui partiront à la retraite, le poids que représentera leur pension sera encore lourd et celui-ci devra être porté par les générations futures. Les entrepreneurs locaux auront plus de difficultés à recruter, voire à retenir de jeunes talents. La CSG pourrait être un frein au développement économique, réduire notre compétitivité et être une source de frustration pour les salariés du privé car il sera de plus en plus difficile de leur offrir des salaires compétitifs.

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