Budget : coup d’envoi des consultations jeudi

  • Les syndicats et le patronat parmi les deux premiers partenaires reçus par le PM et ministre des Finances, Pravind Jugnauth
  • L’industrie sucrière constitue une préoccupation dans la conjoncture, avec le prix de la tonne de sucre frisant les Rs 11 000, soit une réduction de 30% du seuil de rentabilité

Le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, donnera le coup d’envoi des consultations prébudgétaires jeudi. Le programme pour les Pre-Budget (2018/19) Consultations, établi par la Budget Cell du ministère des Finances, prévoit six sessions s’échelonnant jusqu’au jeudi 10 mai, avant que les différents ministres ne soient appelés pour l’exercice de grand oral avec la présentation de leurs propositions pour le prochain exercice financier. Lakwizinn de l’Hôtel du gouvernement, qui supervise les retombées politiques et économiques avant le Budget Day intervenant en juin, se dit consciente de l’importance de cette étape du Government Business vu que le prochain budget est le pénultième avant la fin du présent mandat du gouvernement. Le dernier budget 2019-20 ne devra pas allouer une grande marge de manœuvre pou fer labous dou, de peur de porter l’étiquette de bribe électoral. Le calendrier indique que les premiers invités à la table des consultations prébudgétaires ne sont autres que les représentants des salariés, soit le corps syndical, et le patronat, avec des responsables de Business Mauriitius. Au chapitre des préoccupations économiques, la performance des exportations en général, la tendance baissière du prix de la tonne de sucre ou encore la menace de la prochaine majoration des tarifs d’eau, avec en toile de fond la privatisation de la Central Water Authority (CWA), s’installent aux premières loges.

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D’aucuns affirment qu’avant les consultations sur le budget, le dossier de l’eau pourrait être classé. Compte tenu de l’importance du sujet et de ses retombées sur le plan social aussi bien qu’économique et devant le tollé général contre l’approche adoptée par le Deputy Prime Minister et ministre de tutelle, Ivan Collendavelloo, l’arbitrage de Pravind Jugnauth, le plus tôt possible, devrait permettre à désamorcer la situation. Ces mêmes sources prêtent l’intention au Premier ministre d’aborder la question de la majoration des tarifs d’eau et de la privatisation de la CWA au terme des recommandations du Fonds monétaire international lors de son intervention à Vacoas mardi.

En abordant ce sujet, Pravind Jugnauth s’apprête à faire preuve de prudence pour, d’une part, ne pas froisser un des derniers partenaires de l’alliance gouvernementale du 10 décembre 2014, soit le Muvman Liberater, et, d’autre part, de ne pas alimenter des foyers de contestation au sein du Sun Trust, et cela surtout à la veille des prochaines échéances législatives. La question qui reste d’actualité est si le Premier ministre abordera le dossier de l’eau lors de son intervention au meeting du 1er-Mai. Des faucons au sein du MSM poussent à une déclaration renvoyant aux calendes grecques la privatisation de la CWA, alors que pour la hausse des tarifs de l’eau, le Minister Mentor, sir Anerood Jugnauth, fidèle à lui-même, les a devancés et a mis les points sur les “i” lors de l’inauguration d’une clinique à Flacq au cours de la semaine écoulée.

Au chapitre économique, l’Economic Development Board (EDB) s’est donné pour responsabilité de formuler un plan d’action pour relancer le secteur des exportations. Après l’atelier résidentiel du mois de mars, le think tank du gouvernement poursuit ses consultations pour mettre au point ses budgetary inputs d’ici à la fin de mai. Par contre, la baisse substantielle du prix de la tonne de sucre, avec l’élimination du quota d’exportation sur le marché européen depuis octobre de l’année dernière, pose un véritable casse-tête, que ce soit à la Government House ou à la Plantation House, plus particulièrement au Syndicat des Sucres de Devesh Dukhira.

Tentative de rassurer

Intervenant à l’Assemblée nationale mardi dernier, le ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun, a lâché que le prix de la tonne de sucre se rapproche dangereusement de la barre des Rs 11 000, soit un prix inférieur de 30% du seuil de rentabilité pour les planteurs de canne et même les usiniers/planteurs. Il fonde de gros espoirs sur les délibérations du Joint Working Group pour proposer un turnaround plan pour le sucre. Mais au sein de la communauté des planteurs de canne, le mood est encore loin de la relance des opérations aux champs.

« Government is currently working on a turnaround plan for this sector in consultation with other stakeholders to reverse the trend. Some of the measures initiated to increase revenue, in addition to the various schemes introduced since 2015, are as follows : new remunerative markets ; focus on special sugars ; increase revenue on other cane products, namely biomass, bagasse and molasses ; introduction of new cane varieties with higher fibre contents and setting up of the JTC to look into the immediate, medium and long term survival of the industry », s’est appesanti Mahen Seeruttun dans une tentative de rassurer, d’autant qu’avec une production sucrière de 355 213 tonnes l’année dernière, l’industrie a enregistré un de ses plus piètres chiffres.

Entre-temps, avec l’étape des consultations prébudgétaires, le Premier ministre et ministre des Finances aura l’occasion de tâter le pouls des différents stakeholders. Jeudi, soit de 10h à 12h30, les syndicalistes auront droit à la parole, alors que la tactique de Pravind Jugnauth est de ne pas se lancer dans de grands exposés, sauf probablement pour rappeler les economic basics. Vendredi après-midi, ce sera au tour de Business Mauritius, avec le président Cédric de Spéville en tête, de brosser un tableau de la situation économique et présenter les options de l’ensemble des capitaines de l’industrie.

Le programme de la semaine prochaine annonce des consultations avec des représentants de la société civile, des ONG, des associations de consommateurs, des regroupements de jeunes et des membres d’associations engagées dans la protection de l’environnement. Ces échanges se dérouleront en début d’après-midi du mercredi 9 à la Lunchroom de l’Assemblée nationale, suivis des contacts avec des artistes. Le jeudi 10 sera consacré à l’agro-industrie, avec les points de vue des associations de petits planteurs et des sociétés coopératives pour clore avec les représentants des petites et moyennes entreprises.

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