Budget : le SDP souhaite un comité interministériel sur la pêche

  • Selon Judex Rampaul, il faut identifier les raisons qui empêchent le secteur de décoller, en dépit des différentes mesures annoncées

Pour un pays comme Maurice, le secteur de la pêche aurait dû être un des piliers de l’économie, mais tel n’est pas le cas. Tel est en tout cas l’avis du Syndicat des pêcheurs (SDP), qui a soumis son mémoire au Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, dans le cadre des consultations budgétaires. Selon son président, Judex Rampaul, « il faut savoir pourquoi les différentes mesures proposées par le gouvernement par le passé n’ont pas porté leurs fruits et situer les responsabilités ». Raison pour laquelle il a demandé la mise sur pied d’un comité ministériel sur la pêche.

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Que faut-il faire pour que le secteur de la pêche décolle ? Pour répondre à cette question, le SDP propose la mise sur pied d’un comité ministériel qui aurait des consultations avec tous les partenaires du secteur. Par la suite, des recommandations, qui auraient force de loi, devraient être présentées. Ce comité devrait également identifier s’il y a eu des cas de mauvaise gestion et situer les responsabilités. C’est ce qu’avance Judex Rampaul, qui est d’avis qu’on « ne peut plus continuer selon le modèle actuel ».

Dans le passé, le gouvernement est venu de l’avant avec plusieurs propositions pour le secteur « qui n’ont pas donné les résultats escomptés », estime-t-il. Le dernier en date étant le “grant” pour l’achat de bateau de pêche semi-industriel, où la première coopérative qui en a bénéficié a fait naufrage. « Voilà ce qui se passe quand les agents politiques ont la priorité sur les vrais pêcheurs. Aujourd’hui, la coopérative menée par Gandhi (Mohamed Mustapha) a loué son bateau à un particulier et les pêcheurs qui en faisaient partie ont été éjectés. »

Il se pose également des questions sur la manière dont ces coopératives sont validées. « Il y a des pêcheurs qui ont 70 ans et, aujourd’hui, ils se retrouvent avec une grosse dette auprès de la MauBank. Car le “grant” ne couvrait que 50% du bateau, le reste étant couvert par un prêt à la MauBank. » Pourtant, poursuit Judex Rampaul, ce modèle de pêche semi-industrielle est pratiqué par une autre coopérative, Med Fishing Cooperative, et s’est avéré être un succès à ce jour. « C’est parce qu’elle est constituée de pêcheurs qui connaissent leur métier. »

Parmi d’autres exemples du passé, citons la construction du Fish Auction Market, à Bain-des-Dames, au coût de Rs 30 M, qui n’est jamais entré en opération et qui a fait l’objet de vives critiques dans rapports d’audit successifs. Aujourd’hui, les équipements installés sont abîmés et même le bâtiment, qui sert de “store” à la National Coast Guard, présente des craquements.

Le rapport du directeur de l’audit sur la pêche mentionne même : « The fisheries sector has not been able to take off since the last 14 years. » Ce rapport est très critique, notamment sur l’implémentation du plan directeur. « It was not followed by detailed implementation plans and financial strategy. » Ce qui mène le bureau de l’audit à dire en conclusion : « The ministry took initiatives in developing several plans for the fisheries sector for the past 14 years. However, it has not been able to achieve its strategic objectives of developing the sector fully and eventually making it an economic pillar. »

Parmi les autres mesures du secteur ayant fait naufrage, citons encore le Fisherman Investment Trust, pour lequel les pêcheurs ont réclamé, à plusieurs reprises, une commission d’enquête. D’autre part, le modèle d’aquaculture proposé n’a jamais fait l’unanimité parmi la communauté des pêcheurs. De plus, le rapport d’audit a relevé des irrégularités concernant la distribution des cages flottantes. « Your committee noted with deep concern that projects have been handled in an amateurish way and that there has been a total mismanagement of this project. Your committee found it unacceptable that procurement procedures for the enforcement of contract for the supply of cages were not complied with and no robust action had been taken by the authorities against the successful bidder. »

Finalement, le SDP demande également au Premier ministre et ministre des Finances de prévoir une compensation pour les pêcheurs enregistrés ayant atteint l’âge de la retraite. Pour cela, la mise en place d’un fonds est suggérée. Il serait alimenté de taxes imposées aux bateaux de pêche étrangers, des hôtels et autres gros opérateurs engagés dans les activités nautiques.

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