BUSINESS – PME : un autre coup de massue avec la deuxième vague Covid-19

Leur situation est devenue très difficile avec ce deuxième « National Lockdown ». Les Petites et moyennes entreprises (PME), déjà confrontées à des difficultés suite au confinement de 2020, disent être dans une impasse, d’où elles estiment qu’il sera très difficile de sortir, vu que c’est un autre coup de massue. Déjà fragilisés par le manque de commandes, la perte du pouvoir d’achat des Mauriciens et les prix élevés des matières premières, les entrepreneurs essaient, tant bien que mal, de garder la tête hors de l’eau. Mais d’autres pourraient, sans le soutien approprié, aussi fermer leurs portes.

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Sévèrement affectée suite au premier confinement, Cactus Lily, une entreprise ayant vu le jour il y a deux ans, et dirigée par Suchita Gopaul, a durement lutté afin de pouvoir assurer ses activités. Mais ce deuxième confinement a été un coup dur pour la compagnie. « Au moment où le confinement a été annoncé, tout s’est arrêté », soutient cette mère de famille, qui a dû faire face, contre vents et marées, pour redémarrer ses activités après le premier lockdown.

Vikas Puri , directeur Inno Vad

Étant dans le business de vente au détail, elle doit constamment être en mouvement pour distribuer ses produits et rencontrer ses clients, ce qu’elle fait en temps normal par autobus. Le confinement a donc aggravé sa situation. « Cela a eu un impact négatif sur mes activités », dit-elle.

Opérant dans la vente de fruits et légumes, et malgré ses propres difficultés, elle aide cependant d’autres entrepreneurs en leur achetant des produits pour les revendre ensuite. Des produits qu’elle ne pourra conserver longtemps, car « ils sont périssables ». « Je vends en petite quantité pour que les gens aient des produits frais. Le fait que je ne puisse pas me déplacer me cause beaucoup de problèmes », regrette- t-elle encore.
Elle note par ailleurs une certaine réticence de la part des Mauriciens à dépenser, comme c’était le cas dans le passé. Après le « panic buying », elle constate ainsi que les gens ont réduit de lanière substantielle leurs dépenses alimentaires, sachant qu’ils ont aussi d’autres dépenses.

Et de concéder que le deuxième confinement a rendu ses activités « plus difficiles » après avoir constaté une légère reprise à partir de novembre de l’année dernière. « Malgré le Work Access Permit, ce sera difficile de sortir, car nous ne savons pas ce qui nous attend », dit-elle.

Pourra-t-on remonter la pente après ce deuxième confinement ? Suchita Gopaul ne veut pas se prononcer, préférant attendre la fin du confinement. « Nous avons appris du premier confinement. Cela me donnera du temps pour revoir mes priorités concernant mon travail, et surtout trouver des moyens pour aider les autres », fait-elle ressortir.

Entre-temps, l’entrepreneuse a dû procéder à des ajustements financiers dans sa famille. « Nous avons réduit nos dépenses de moitié. Nous ne vivons plus comme avant », ajoute-t-elle. Mais elle note aussi des signes positifs, comme de puiser l’inspiration dans la manière de vivre des grands-parents. La directrice de Cactus Lily tient en tout cas à conserver le moral afin de pouvoir continuer ses activités.

Les difficultés sont aussi très nombreuses pour Vikas Puri, directeur de la compagnie Inno Vad, spécialisée dans le marketing digital depuis trois ans. Tenant la tête hors de l’eau malgré la perte directe de Rs 2 millions d’investissements, dommage collatéral du confinement, il doit cependant s’ajuster en permanence afin d’assurer la continuité de ses activités.

« Avec l’apparition de la Covid-19, j’ai perdu Rs 2 millions d’un coup. Les commandes reçues étaient annulées. Après cette étape, la reprise des activités a été très faible », dit-il. Ce directeur de compagnie travaille avec de grandes entreprises, du moins lorsque ces dernières ont une campagne de communication, mais aussi avec des PME, à qui il propose un plan de paiement aux modalités « confortables ».

Concernant les PME toujours, Vikas Puri souligne qu’avec la Covid, ces entreprises ont éprouvé de grosses difficultés, car il ne pouvait plus leur donner de travail en raison du manque de commandes. « Jusqu’à ce jour, nous avons encore des difficultés. C’est très difficile de gérer tout cela », avoue-t-il.

Et ce deuxième confinement lui donne encore davantage du fil à retordre, car des commandes reçues pourront aussi être reportées. De fait, pouvoir honorer les dépenses familiales devient un problème cornélien. « Nous faisons de notre possible pour assurer nos activités », reprend-il, ajoutant que « ce sont les PME qui sont les plus touchées par la Covid, plus encore que les grosses entreprises ». Suite au premier « lockdown », Vikas Puri dit avoir frappé à la porte des banques pour obtenir un financement, ce qui, selon lui, est loin d’être facile.

Le directeur de compagnie a en outre une autre épée de Damoclès sur la tête, à savoir l’accumulation de dettes. Une situation « très difficile », dit-il, qui l’oblige, malgré son attitude positive, à serrer davantage la ceinture. D’autant qu’il compte poursuivre ses activités grâce au soutien des entreprises et des PME.

La situation est également très compliquée pour Deepta Soodaye. Opérant dans le secteur de la fabrication de sacs en jute depuis deux ans, elle fait face, avec le deuxième confinement, à une situation pénible pour son entreprise, Dee Craft. « Le prix des matières premières a augmenté. Le marché est plus difficile et je n’ai plus autant de clients qu’avant. De plus, les places ne sont pas suffisantes pour que je puisse exposer mes produits », dit la jeune entrepreneuse.

Les sacs qu’elle produit sont, dit-elle, « respectueux de l’environnement ». Avant le premier lockdown, ses activités se portaient pourtant très bien et ses clients, dit-elle, « étaient assez nombreux ». Si elle avait l’habitude de travailler avec des instances gouvernementales ainsi que des entreprises, elle admet que, depuis peu, pour obtenir une commande, « les procédures sont devenues plus compliquées ». Pire : des commandes ont été annulées.

Du côté des affaires, ce n’est pas brillant. Deepta Soodaye dit ainsi avoir noté une chute de 50% de ses ventes suite au premier confinement, et s’attendre à une baisse de 20% avec le deuxième, venu tout chambouler. D’autant qu’elle avait noté une lente reprise en novembre de l’année dernière. Sans compter que, dans le même temps, ses dépenses familiales ont augmenté,  et qu’elle devra s’y ajuster. Mais si la situation est « très difficile en ce moment », elle espère néanmoins que ses activités reprendront vers novembre prochain.

 

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