Calendrier politique : L’Unfinished Business préélectoral

La fièvre pour les prochaines élections législatives gagnera en intensité au cours des prochaines semaines. Avec le Writ pour l’élection partielle à Piton/Rivière-du-Rempart (No 7) publié à la toute dernière minute des limites prescrites par la Representation of People’s Act et fixant le Nomination Day au 17 août et le Polling Day au 13 novembre, l’option de la dissolution de l’Assemblée nationale avant cette dernière date, mais intervenant après le dépôt des candidatures, demeure la plus plausible.

- Publicité -

Mais, à ce stade, tout n’est que conjectures en ce qui concerne le calendrier menant aux élections générales, sauf que la dissolution de l’Assemblée nationale deviendra automatique juste avant la Noël, entre le 21 ou le 22 décembre, dépendant des interprétations et un Caretaker Government assurant les affaires courantes du pays. Et le pays doit être rappelé aux urnes impérativement au plus tard le 20 mai de l’année prochaine. Disposition de la Constitution oblige ! Au terme de la section 56 (4) de la Constitution et de la clause 41 (2) de la Representation of the People Act, le délai minimal pour les élections générales sont de 30 jours à partir de la dissolution de l’Assemblée nationale et d’un maximum de 150 jours, soit cinq mois.

Toutefois, l’adoption du Budget 2019/20 complétée à la fin de la semaine, un autre Pointer susceptible de baliser la route vers les législatives demeure le Government Business au Parlement, notamment la présentation de textes de loi annoncée par le gouvernement comme étant prioritaire.

Dans l’immédiat, le Premier ministre et Leader of the House n’a donné aucune indication quant à ses intentions pour rappeler le pays aux urnes. Certes, il pourra difficilement tenir la pression de faire élire un membre de l’Assemblée nationale pour siéger à peine quatre séances avant l’échéance du 21 décembre prochain. Tout indique que d’ici le 17 août, jour du dépôt de candidatures pour l’élection de remplacement au siège laissé vacant  par la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo, Pravind Jugnauth ne laissera pas paraître des signes de précipitation pour activer les procédures constitutionnelles relatives à ces consultations populaires.

Mais après cette date du 17 août, le Premier ministre et ses plus proches collaborateurs devront mettre au point la prochaine étape pour éviter de se faire rattraper par l’impression des bulletins pour la partielle du No 7. Cette étape confiée à l’Imprimerie du Gouvernement par la Commission électorale devrait être franchie formellement au début du mois de novembre, soit une dizaine de jours avant le Polling Day du mercredi 13 novembre.

A partir de la date de la dissolution éventuelle de l’Assemblée nationale, “the electoral clock starts ticking”. Donc, ces deux clauses de la loi devraient être suivies à la lettre, soit la 56 (4) de la Constitution, qui stipule que l’Issue of Writ doit se faire dans un délai de 60 jours de la dissolution et  rien n’interdit que la fermeture du Parlement et la publication du Writ se faissent le même jour.

Puis la section 41 (2) de la Representation of the People Act définit les paramètres pour le Nomination Day, cette même échéance qui a confondu les pseudo experts constitutionnalistes, car la formule officielle du Writ parle du jour du dépôt de candidatures comme étant “the election of one member of the National Assembly”. Le Nomination Day doit être fixé dans un délai minimal de 15 jours ou un maximal de 30 jours après la sortie du Writ.

Le Polling Day doit être organisé dans un minimum de 15 jours et un délai ne dépassant pas 60 jours après le jour du dépôt des candidatures. Ces séquences amènent les experts en Constitution, dignes de ce nom, de brandir la formule de soit 15 + 15 = 30 jours, soit le Maximum Delay de 60 + 30 + 60 = 150 jours. Dans le scénario où Pravind Jugnauth se laisse tenter par un scrutin kwi-vidé à la mi-décembre, la dissolution et la publication du Writ vers la fin d’octobre demeurent l’Electoral Corridor possible à emprunter. Au cas contraire, il faudra songer au début de l’année prochaine, soit bien avant la première quinzaine d’avril 2019.

En ballottage défavorable

Depuis mardi après-midi, jour de la publication du Writ pour la partielle au No 7, la préoccupation au sein de l’état-major des partis politiques, dans le gouvernement ou dans l’opposition, s’avère être de pouvoir arrêter la stratégie payante pour consolider les chances de faire partie du prochain gouvernement. Au sein de Lalyans Lepep, le message transmis de ce qui reste comme partenaire est que le Muvman Liberater d’Ivan Collendavelloo a fait preuve de fidélité sans faille depuis décembre 2014.

Avec la rhétorique, dont il est crédité, le Deputy Prime Minister et leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, saura présenter son cas pour une reconduction de Lalyans Lepep avec des conditions plus favorables que celles de décembre 2014 où le PMSD était Principal Junior Partner. Une première indication pourra être obtenue demain dans l’intervention du No 2 du gouvernement en clôture des débats sur le budget.

Mais dès vendredi dernier, le ML a vu en le ministre de l’Infrastucture publique, Nando Bodha, un allié de taille. Il a fait ressortir que “when we speak of the alliance (in politics), the next word is ‘cassure’”. En ajoutant lors de son intervention sur le budget qu’avec le ML comme partenaire à l’Hôtel du gouvernement, tel n’a pas été le cas. Comme preuve de reconnaissance de loyauté en politique, il ne pouvait y avoir meilleure formule.

Même si du côté de Lakwizinn du PMO, l’on continue à brandir le Writ for National By-Election à Piton/Rivière-du-Rempart pour convaincre d’un Government Business As Usual trompeur, les élections législatives restent “high on the agenda”. Les Top Chefs du PMO travaillent sur le coup d’envoi de la partielle le dimanche 7 juillet par un rassemblement où le Dr Yasheel Aukhojee, une des dernières recrues du Sun Trust, pourrait bien coiffer au poteau Rajanah Dhaliah, l’actuel directeur de la State Trading Corporation.

En coulisses, le Groundwork pour les élections générales est bien enclenché. Dans les prochains jours devrait atterrir sur le Prime Minister’s Desk au Treasury Building un rapport d’évaluation des retombées du budget au sein de la population. Cette mission a été confiée au National Security Service. Un complément est également exigé à ce rapport, à savoir un Political Rating sans complaisance des Sitting Members de la majorité en vue de décider s’ils méritent l’investiture pour les prochaines élections.

Sur la base des conclusions de ce rapport des Services de Renseignements, les coups d’encensoir au Premier ministre et leader du MSM n’auront servi à rien. Certains, et non des moindres, dont des Active Ministers and Members of Parliament sentent qu’ils sont déjà en ballottage défavorable. Le cas du ministre Yogida Sawmynaden en est un avec la menace du Glamour Boy de la finance se faisant de plus en plus précise à Moka/Quartier-Militaire (No 8) aux côtés de Pravind Jugnauth et de Leela Devi Dookun-Luchoomun.

Lors de la prochaine joute électorale, cette même circonscription, avec Côte d’Or en vedette, pourrait également témoigner d’un autre round opposant “neve ek tonton”. Ashock Jugnauth est donné comme un des candidats potentiels du Parti travailliste au No 8. Mais la confirmation de ce détail est attendue le jour du dépôt de candidatures.

Les trois députés sortants de Rivière-des-Anguilles (No13), l’Attorney General Maeesh Gobin, le transfuge-porte-parole, Zouberr Joomaye, et le rebelle Bashir Jehangeer, ont de quoi s’interroger sur leur avenir  politique. Les noms du Macron-Boy, Nilen Vencadasmy, d’un autre membre de la profession légale et d’un médecin sont cités comme étant susceptibles d’être les poulains de Pravind Jugnauth. Le Muvman Liberater mise également sur cette circonscription du Sud pour placer un des favoris de son leader.

MMM : un dernier Fill In the Blank à compléter

A Beau-Bassin/Petite-Rivière (No 20), Anil Gayan, le ministre du Tourisme, pourra être muté dans une autre circonscription pour faire de la place à un autre membre de Lakwizinn de Pravind Jugnauth. De par les relations conflictuelles, qui se sont envenimées, malgré les apparences, le ministre du Logement, Mahen Jhugroo, pourra difficilement faire campagne aux côtés de l’actuel Chief Whip, Bobby Hurreeram. Ce dernier, qui avait été un candidat battu au No 20 aux élections de 2010, pourra y revenir tenter sa chance en bénéficiant aussi l’appui du réseau de ses beaux-parents.

Gilles L’Entêté de la National Housing Development Company Ltd et un Kuto Mussana de première classe, actuellement à la tête d’une institution brassant des milliards, se présentent comme des candidats désignés de Lalayns Lepep à moins d’un changement de dernière heure avec une alliance électorale élargie contractée.

Dans les rangs du MMM, la ligne “alle tusel”, comme ce fut le cas pour les élections de décembre 1976, d’août 1983 et de juillet 2010 et avec Paul Bérenger en tant que Premier ministre, s’impose et ne souffre plus de presque aucune objection dans les instances du parti. A ce jour, la liste des 60 candidats, dont une douzaine de candidates, est presque bouclée avec un dernier Fill In the Blank à compléter.

L’on constatera que sur la base de la liste disponible, deux candidats de la population générale, dont une femme, seront alignés dans des circonscriptions rurales Grand-Baie/Poude d’Or (No 6) et Montagne-Blanche/ Grande-Rivière-Sud-Est/No 10). Parmi les autres investitures féminines du MMM, il y a encore Sheila Bunwaree à Rose-Belle/Vieux-Grand-Port (No 11), Jasline Toulouse à Savanne/Rivière-Noire (No 14) et Jennie Adebiro, ancienne présidente de la commission féminine du parti.

Tous les Serving Members du MMM à l’Assemblée nationale obtiendront l’investiture aux prochaines législatives. En parallèle, le Policy Council, avec Sheila Bunwaree en tant qu’animatrice principale, maintient le tempo dans les préparatifs de réflexion et de rédaction du manifeste électoral en consultations avec les représentants des secteurs concernés. Pour ce qui est de la partielle au No 7, le MMM a tranché: le pays a besoin d’élections générales et non d’une partielle pour un député d’un mois avec des dépenses de l’ordre de Rs 75 millions.

Au Parti travailliste, rares sont les membres qui peuvent affirmer des plus catégoriquement qu’ils seront candidats dans des circonscriptions déterminées pour les prochaines joutes législatives. L’une des rares exceptions pourrait être le trio pour Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18) avec Rama Sithanen, Arvin Boolell et Tania Diolle. Cette dernière pourrait se retrouver sur la liste du Labour à la lumière d’une “kot maltayé” à être confirmée avec le Mouvement patriotique et Alan Ganoo briguant les suffrages au No 14 et Jean-Claude Barbier à Port-Louis Ouest/Grande-Rivière-Nord-Ouest (No 1).

Enter les fils  à papa

Une lutte sans merci oppose deux fils à papa dans les rangs du PTr à ce même No 1. Alexandre Laridon, fils d’Alain Laridon, et Fabrice David, le fils de l’ancien ministre James Burty David, sont au coude-à-coude pour un ticket dans la capitale. Un autre fils à papa, en l’occurrence Saleem Beebeejaun, tente actuellement sa chance pour être candidat dans la circonscription No 2 dans l’espoir de bénéficier du Bank Vote de papa en tant qu’ex-Deputy Leader du Labour. Mais faute d’un ticket rouge, il pourrait être repêché par le pouvoir en place.

Le leader du PTr et ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui multiplie les sorties sur le terrain, était dans son fief de Triolet en fin de semaine dans le cadre des célébrations de la fête Eid-ul-Fitr. A ce jour, il n’a pas encore pris de décision ferme quant à la circonscription où il sera candidat. Au cas où il décide d’émigrer vers l’Est, soit à Montagne-Blanche/GRSE (No 10), ce Move sera interprété comme le fait qu’il n’aura pas pardonné l’affront que lui aurait fait l’électorat du No 5 lors des élections du 10 décembre 2014.

En prélude au coup d’envoi officiel de la campagne, le PTr a adopté une tactique visant à brasser large. Dans chacune des circonscriptions, une moyenne de huit membres du parti, classés en Team A, Team B et Team C, est déployée pour déblayer le terrain électoral, alors que le choix final des investitures ne sera décidé que juste avant le Nomination Day.

Pour le No 7, le PTr pourrait donner sa chance à un professionnel du monde des assurances, qui lorgne une carrière politique depuis ces 25 dernières années. Mais, sur le terrain, Yatin Varma assure également une présence active, alors que Balkissoon Hookoom tente aussi de faire comprendre qu’il a un acquis électoral non négligeable.

Pour sa part, la posture adoptée par le PMSD demande à être éclaircie. Ce parti est en quête d’un Senior Partner pour les élections. Avec ce qui aurait été évoqué comme propositions venant de son allié politique naturel et traditionnel, certains des députés sortants devront être sacrifiés. D’où, la phrase lancée, vendredi soir dans les couloirs du Parlement, par un des parlementaires de la basse-cour bleue “nou lipie dan dé bato”. Vient se greffer à cette équation politique inconfortable, la proximité affichée au vu et au su de tous par des membres du PMSD avec au moins un des Top Chefs de Lakwizinn.

En tout cas, la série de Private Notice Questions dans le cadre du budget, outre celle sur la Banque de Maurice pour confrontation directe avec Pravind Jugnuath, n’aura pas permis au leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, d’affirmer son choix électoral, préférant cibler des seconds couteaux, comme Alain Wong, un transfuge, et Soodesh Callychurn.

En tout cas, le train électoral est en marche avec très probablement le transit à Piton/Rivière-du-Rempart (No 7) pour la partielle brûlé…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -