Chagos : De la Chambre des Lords à l’Argentine, la Grande-Bretagne acculée

  • Lord Luce : « The UK Government should take the lead by initiating discussions with the Mauritian Government with a view to helping to restore the rights of the Chagossians »
  • Le ministre des Affaires étrangères de l’Argentine, Jorge Faurie, établit un parallèle entre l’occupation britannique des Chagos et celle des Malouïnes

La Grande-Bretagne tente d’endiguer la vague de pressions soulevées par l’injonction de la Cour internationale de Justice réclamant la fin dans les meilleurs délais de l’occupation illégitime des Chagos, faisant partie du territoire mauricien. Dans l’immédiat, la ligne de défense adoptée par Whitehall est que le “pronouncement” de La Haye « is an advisory opinion, not a judgment ruling ». C’est ce qu’a soutenu la Whip du gouvernement, la baronne Goldie, hier, à la Chambre des lords suite à une “Private Notice Question” de Lord Luce, en tant que membre de l’All-Party Parliamentary Group sur les Chagos à la Chambre des Communes. Ce dernier a lancé un appel au Foreign and Commowealth Office et, par extension, aux autorités britanniques pour ouvrir des consultations avec Maurice suite à l’“Advisory Opinion” du 25 février, qui porte un rude coup à la réputation internationale de la Grande-Bretagne. D’autre part, après Chypre, l’Argentine compte relancer une offensive contre la Grande-Bretagne pour récupérer les îles Malouïnes sur la base de l’argument du processus de décolonisation validé par la Cour internationale de Justice.

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Intervenant lors d’une “Private Notice Question” à la Chambre des lords, hier, axée sur un “assessment” des répercussions de l’Advisory Opinion, Lord Luce n’est pas passé par quatre chemins pour remuer le couteau dans la plaie en soulignant que « the expulsion of the 1,500 Chagossians in the late 1960s, together with the separation of the archipelago from Mauritius on independence, was unlawful and wrong ». Il prend à témoin le fait qu’à part la juge américaine, Joan Donoghue, les 13 autres juges de la Cour internationale de La Haye ont souscrit à cette « damning conclusion ».

Dans la conjoncture, Lord Luce a maintenu que Londres se doit d’agir promptement dans la mesure où la base américaine de Diego-Garcia n’est nullement remise en cause dans ce nouveau développement. Ce membre actif de l’All-Party Parliamentary Group des Chagos soutient que « the Government should take the lead by initiating discussions with the Mauritian Government with a view to helping to restore the rights of the Chagossians in the other 53 outer isles and thus help to restore the reputation of Britain’s human rights record ».

Dans une autre séquence de la PNQ, Lord Luce, prenant à contre-pied la thèse défendue par la Whip du gouvernement May, ajoute que « the fact of the matter is that this is a clear wrong that should be put right. When the Minister talks about an advisory decision, she has to remember that 33 countries signed the referral to the international court, along with Mauritius. The whole of the Commonwealth is united against us on this subject ».

Tout en évitant de se prononcer de manière catégorique sur le prochain Move de Londres sur le dossier des Chagos, la Whip, Baroness Goldie, a répondu que « there is a careful determination to be made on analysis of the judgment, which the United Kingdom Government will undertake ». En réponse à une interpellation supplémentaire de Baroness Northover, la Lords Spokesperson sur les Foreign and Commonwealth Affairs, au sujet de l’absence de soutien de l’Europe sur les Chagos, elle concède que « this is an interesting and challenging situation ». Toutefois, elle ajoutera que « The United Kingdom Government are very clear that, while we do not share the view of others that this is a court judgment—we take the view that it is an advisory opinion—we will look at that opinion and analyse it carefully. We are certainly prepared to engage with Mauritius, but there are other considerations. The British Indian Ocean Territory is still needed for defence and security purposes. It is being used to combat some of the most difficult problems of the 21st century, including terrorism, international criminality, instability and piracy ».

En conclusion aux échanges à la Chambre des Communes et surtout sur l’éventualité que « the (UK) government will enter into discussions with the governments of the United States and Mauritius with a view to settling the claims of the Chagossian islanders », la porte-parole du gouvernement britannique a fait état de son incapacité d’apporter des éléments de réponse. « I cannot comment in detail as to precisely how the Government will approach the future relationship. I have made clear what the Government propose to do at the moment », dira-t-elle.

Les débats sur l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice sur les Chagos sont loin d’être bouclés que ce soit à la Chambre des Lords ou aux Communes. Ainsi, Lord Jones of Cheltenham s’intéresse à la compensation à être versée à Maurice pour le Resettlement aux Chagos. La réponse est prévue pour une prochaine séance.
Sur le plan diplomatique, l’Argentine a pris le relais de Chypre pour enclencher une nouvelle étape dans ses revendications contre la Grande-Bretagne sur les Malouïnes. D’ailleurs, Buenos Aires était partie prenante des Proceedings, avec des Submissions, devant la Cour internationale de Justice sur les Chagos.

Commentant la teneur de l’Advisory Opinion du 25 février, le ministre des Affaires étrangères de l’Argentine affirme qu’il y a « enormous validity for the Argentine claim to the Malvinas ». Il fait également comprendre que « in Chagos there was a situation of territorial dismemberment, the population that inhabited the islands was moved against their will, as happened in 1833 [in Malvinas], and the Argentine position before the United Nations has always emphasized the need to restore Argentina’s territorial integrity, the principle of self-determination not being applicable in this case ».

De leur côté, les membres de la délégation officielle, présents dans la salle d’audience de La Haye, lundi, ont eu une séance de travail avec les membres du Légal Panel, dirigée par Sir Philippe Sands, QC, de Matrix Chambers avant de rentrer en cette fin de semaine. Une première séance de Debriefing à l’hôtel du gouvernement devrait intervenir incessamment en vue d’établir la Roadmap pour la présentation de la nouvelle résolution devant les instances compétentes des Nations unies.
Affaire à suivre…

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