Chagos : l’injonction du Vatican aux USA/GB

Le pape François : « Nous devons obtempérer aux décisions des institutions internationales. C’est pourquoi les Nations unies ont été créées »

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Le cardinal Maurice Piat : « L’invitation du pape François à faire plus pour les jeunes nous interpelle »

Les huit heures passées par le pape François à Maurice pour marquer le 155e anniversaire de la mort du Bienheureux Père Laval ont eu des retentissements diplomatiques et politiques sur le plan international. Avec son franc-parler, le souverain pontife s’est prononcé sur le dossier des Chagos sans aucun compromis, en rappelant à tous les États membres des Nations unies, y compris les États-Unis et la Grande-Bretagne, que les décisions des institutions internationales doivent être « impérativement respectées ». C’était lors de la traditionnelle conférence de presse à bord de l’avion ramenant la délégation officielle au Vatican et animée par le souverain pontife. De son côté, l’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice Piat, se félicite de la visite du pape et s’appesantit sur les points forts de son message à la population, à savoir la place des jeunes dans la société d’aujourd’hui et de demain.

Rapportant les propos du pape François, suite à une question de Jean-Muc Mootoosamy, journaliste de Radio-One, voyageant à bord du Shepherd No 1 à destination de Rome hier, le chef de l’Église catholique a adressé une injonction à la Grande-Bretagne et aussi aux États-Unis au sujet des Chagos, soit en substance, de l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice, et que la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 22 mai dernier en faveur de Maurice sur l’archipel des Chagos « doit être respectée à la lettre ».

« We have to obey international organizations. This is why United Nations was created, why international courts were created », a répondu le pape François à la question du journaliste sans aucune autre forme de procès de l’ancienne puissance coloniale, qui semble, jusqu’ici, faire la sourde oreille à l’opinion quasi unanime sur le plan international pour un retrait des Britanniques des Chagos d’ici le 22 novembre prochain. Toutefois, il devait s’appuyer sur une doctrine de l’Église catholique à l’effet que « it’s true that not always things that seem ‘just’ for all of humanity are ‘just’ ». Et d’ajouter : « But you must obey international institutions. »

Le pape a ajouté que respecter les décisions des institutions internationales est synonyme de « fraternité et de civilité » entre nations du monde. « When we recognize international organizations, we give them the capacity to judge internationally. When they speak, if we are part of humanity, we must obey », a-t-il fait comprendre aux journalistes pendant ce tour d’horizon de quelque 65 minutes. (Voir détails des commentaires sur sa visite à Maurice en page 14.)

Avant cette prise de position sans équivoque, soutenant les réclamations de Maurice sur les Chagos, le pape avait plus subtilement signifié ses intentions au sujet des Chagos lors de son homélie au pied du Monument Marie Reine de la Paix lundi dernier. Il a utilisé l’expression des Chagos reléguant aux oubliettes le terme des Britanniques de British Indian Ocean Territory (BIOT). D’ailleurs, la presse internationale avait relevé cette nuance politique et diplomatique dès la fin de l’homélie du pape lundi dernier.

De son côté, le cardinal fait part de sa reconnaissance « envers tous ceux et celles qui ont préparé cette visite, les professionnels, les volontaires et tout le personnel de l’évêché ». Il poursuit : « Je remercie également les autorités du pays et les services gouvernementaux qui ont apporté un soutien inestimable au succès de cette visite. Merci aussi à tous ces Mauriciens, de toutes traditions religieuses, qui sont venus en foule pour accueillir le pape à Marie Reine de la Paix, sur le bord des routes et à Sainte-Croix. »

L’évêque de Port-Louis se dit également « touché » par « la qualité de présence du pape durant ces quelques heures sur le sol mauricien, à travers son sourire rayonnant, sa reconnaissance envers tous ceux qui le saluaient sur le bord de la route, sa manière de nous encourager et de nous interpeller en même temps ». Il n’a pas manqué de relever les points forts du message du pape à la nation, notamment ce plaidoyer en faveur des jeunes.

« Son invitation à faire plus de place aux jeunes nous interpelle, car il nous invite non seulement à nous en préoccuper mais à les écouter et nous laisser renouveler par eux. Ou encore, il soulignait comment l’exemple du Père Laval est encore pertinent aujourd’hui dans son engagement envers les plus démunis et sa confiance envers les pauvres qui peuvent eux aussi apporter une contribution au développement de notre pays. Il a remis au centre notre responsabilité pour la sauvegarde de l’environnement et pour la promotion d’une culture de la rencontre et du dialogue interreligieux », a-t-il expliqué.

En conclusion, le cardinal Piat affirme « à nous maintenant de nous laisser inspirer par les paroles et l’exemple du pape François afin que sa visite ne reste pas simplement un souvenir ébloui mais soit comme une semence jetée en terre mauricienne qui puisse porter du fruit pour un renouvellement de l’Église et de la société ».

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