Chagos : Pravind Jugnauth révèle avoir reçu des menaces des Américains…

… pour avoir affirmé que les autorités mauriciennes se préparent à se rendre dans l’archipel

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Le Premier ministre Pravind Jugnauth a révélé avoir reçu des menaces des Américains lorsqu’après le jugement de la Cour internationale de justice, il avait affirmé que les autorités mauriciennes se préparaient à se rendre au Chagos.

S’adressant à l’assistance à l’occasion de la cérémonie de dépôt de gerbes organisée pour commémorer la déportation de la communauté des Chagossiens devant le monument des Chagos au Quai C dans la région portuaire, il a renouvelé l’intention des autorités mauriciennes à se rendre aux Chagos. Il a évoqué à cette occasion le jugement de la Cour internationale de justice en faveur de Maurice concernant l’archipel. « Lorsque j’avais dit à la suite de ce jugement que nous nous préparons à nous rendre au Chagos, les Américains m’ont averti pour  dire qu’il ne faut même pas songer que nous pouvons nous approcher des Chagos. Je préfère ne pas dire le terme qu’ils ont choisi pour dire qu’ils couleront notre bateau avant même que nous nous approchons de l’archipel », a avancé le Premier ministre. « Ils usent de menaces, de force et d’intimidation alors que nous demandons le rétablissement de nos droits. Heureusement qu’il y a des institutions internationales qui nous donnent l’occasion de présenter notre cas devant eux », a-t-il lancé.

Le Premier ministre a toutefois exprimé sa détermination que « malgré les menaces, malgré les coups bas, je sais les coups bas que nous avons à subir ». Il a poursuivi en affirmant que « pour notre pays, notre République et les Chagossiens, nous continuerons à maintenir la pression et je continue à voir comment nous pourrons organiser une visite aux Chagos. Il nous faut avoir la logistique nécessaire et nous verrons ce que feront les Américains. » Et de soutenir que tant que la République de Maurice n’obtient pas son territoire « nous continuerons à prendre les autres mesures et d’autres actions ». Il se dit convaincu que la justice finira par prévaloir. « Avec conviction et détermination nous avons déjà fait des avancées. Nous connaîtrons une plus grande avancée plus loin et j’espère que durant mon lifetime nous obtiendrons notre territoire », a-t-il fait ressortir.

Durant son discours, Pravind Jugnauth a dénoncé le gouvernement britannique qu’il a traité « d’hypocrite ». « Il est inacceptable qu’une partie de notre territoire soit encore occupée par l’Angleterre. » Le chef du gouvernement a mis en exergue que cela fait bientôt une année que la Grande-Bretagne aurait dû avoir quitté les Chagos : « Ils occupent toujours notre territoire. Ce qui est révoltant, c’est qu’ils ignorent complètement l’Advisory Opinion donnée par la CIJ et la résolution adoptée aux Nations unies avec une majorité écrasante le 22 mai 2019 leur demandant de mettre en oeuvre les recommandations de l’Advisory Opinion. »

Cependant, Maurice a obtenu une grande victoire en réussissant à mettre sur la carte du monde que l’archipel des Chagos appartient à la République de Maurice. «  Ce qui confirme que la présence des Britanniques aux Chagos est illégale », a-t-il souligné.

Pravind Jugnauth dit noter que même en Grande-Bretagne des voix s’élèvent en faveur de Maurice. L’ancien leader du labour Party, Jeremy Corbyn avait écrit au Premier ministre d’alors, Theresa May, pour lui demander de respecter l’opinion de la CIJ. En juin dernier, 31 députés avaient écrit à Boris Johnson pour lui faire part qu’il faut respecter la décision de la CIJ car l’Angleterre continue à perdre sa crédibilité.

Pour démontrer « l’hypocrisie » de la Grande-Bretagne le Premier ministre a cité le cas entré par la Gambie contre le Myanmar devant la CIJ pour demander à la Cour d’adopter des mesures provisoires. « L’Angleterre, avec raison, a dit au Myanmar de respecter les décisions prises par la CIJ dans le cas des Rohingya et d’appliquer les décisions de cette instance internationale. Malheureusement, dans le cas des Chagos ils défient la CIJ. Le gouvernement britannique de par son action est hypocrite, avec la complicité des Américains, et continue à violer non seulement le droit à l’auto détermination mais aussi des droits fondamentaux pour avoir retiré les Chagossiens de force dans des conditions inhumaines et continue à les empêcher de retourner dans leurs îles natales. Dans un autre ordre d’idées, le Premier ministre a rappelé qu’après le naufrage du Wakashio, le gouvernement avait sollicité l’aide des pays amis dont la France, l’Inde, l’Angleterre et les États-Unis. Malheureusement, malgré le fait qu’ils disposent des équipements sophistiqués aux Chagos, les États-Unis n’avaient pas levé le petit doigt pour aider Maurice.

Olivier Bancoult du Chagossian Welfare Fund Board  est, lui aussi, revenu sur l’exil forcé des Chagossiens et a dénoncé l’attitude de la Grande-Bretagne avec la complicité des États-Unis. Il s’est dit satisfait d’avoir réussi à donner à la lutte des Chagossiens une dimension internationale. Et d’insister sur le fait que la dignité des Chagossiens n’est pas à vendre et qu’ils n’accepteront jamais de prendre l’argent des Britanniques avec des conditions.

La cérémonie d’hier à laquelle assistaient plusieurs personnalités dont le ministre des Affaires étrangères Nando Bodha, le leader de l’Opposition Arvin Boolell, sir Anerood Jugnauth, Cassam Uteem entre autres, a aussi été marquée par une des prières dites sous la direction de l’abbé Gerard Mongelard et du Reverend Mario Li Hing. Après la cérémonie du dépôt de gerbes, des fleurs ont trouvé la voie de la mer et ce, en mémoire des Chagossiens disparus en mer alors même que les sirènes du remorqueur Da Patten se faisaient entendre.

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