COLLÈGES PRIVÉS | Revised Comprehensive Grant Formula — Managers de collège : « Une évaluation rapide des bâtiments et services »

  • Mobilisation des responsables des collèges mécontents de la nouvelle formule de “grants” pour la tenue d’une grande réunion dans les jours à venir

Après ses premières analyses des différentes recommandations figurant dans la New Revised Comprehensive Grant Formula, la Fédération des managers des collèges privés estime que la somme totale que l’État versera désormais aux écoles sera moindre en comparaison aux différents “grants” perçus jusque-là. C’est ainsi que cette fédération renouvelle sa demande pour « un état des lieux complet » de leurs infrastructures scolaires, et ce, en s’appuyant sur une recommandation allant dans le même sens et figurant dans un rapport d’un Technical Working Group sur les “grants” soumis au gouvernement en 2016. Par ailleurs, selon des informations disponibles, un autre groupe de managers a discuté jusqu’à très tard hier soir des possibilités de contester la nouvelle formule de subventions en Cour, parce que le gouvernement « a ignoré complètement les investissements financiers et les efforts constants » des opérateurs du privé au fil des années pour améliorer leurs infrastructures scolaires.

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« Nous ne contestons pas les mesures de contrôle concernant l’argent donné par l’État », dit d’emblée Bashir Taleb, président de la Fédération des managers des collèges privés. « Toutefois, nous ne sommes pas d’accord avec les changements apportés par les autorités d’une manière unilatérale concernant les critères pour nous donner de l’argent », explique-t-il au sujet du mécontentement qui prévaut dans le secteur. Des managers trouvent « regrettables » que ni la PSEA ni le ministère n’aient jugé bon de discuter avec eux de leurs intentions de changer complètement la formule pour le déboursement des “grants”, en ne manquant pas de souligner que la VPM et ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, « clame souvent que le secondaire privé est un partenaire important de l’État pour l’éducation secondaire ».

S’il est vrai que le ministère de l’Education avait convoqué les principaux animateurs du Front commun des managers à une réunion le mois dernier au sujet des subventions, des participants affirment cependant qu’à aucun moment les représentants du ministère ne les a informés des changements majeurs dans les critères de déboursement. « Si vraiment le gouvernement nous considérait comme un partenaire, il aurait dû nous envoyer un Draft de ses propositions pour discussions avant de finaliser son projet », est ainsi d’avis un responsable de collège.

La Fédération des managers rappelle que, jusqu’à 2016, elle participait aux réunions du Technical Working Group pour la révision des “grants”. « Ces discussions permettaient aux différents partenaires d’avoir une vision d’ensemble pour le secondaire privé », selon d’anciens participants de ces Technical Working Groups. La fédération est d’avis que le ministère de l’Education aurait dû avoir fait une évaluation générale des infrastructures scolaires du secondaire privé avant de changer la formule des “grants”. « Il faut faire un état des lieux complets. On découvrira alors ce que le privé met à la disposition de l’État pour offrir l’éducation secondaire aux enfants mauriciens et ce que nos écoles offrent en plus que certains collèges d’Etat », poursuit Bashir Taleb.

Ce dernier brandit le dernier rapport d’un Technical Working Group sur la question des “grants” en date de 2016, et où mention est faite de la nécessité d’une “fresh evaluation” des bâtiments du secondaire privé par le Valuation Office, le dernier exercice datant en effet d’avant 2014. La recommandation de ce Technical Working Group dans son rapport à l’item “Compensation for use of the school premises” se lit ainsi comme suit : « A fresh set of valuation would need to be carried out every three years by the Government Valuation office on the beginning of each review of the grant formula to determine a fair value of the Annual Rental Value (ARV) of schools. Following the valuation of each school shall be provided with the valuation figure assessed by the Governement Valuation Office. »

Cependant, quatre ans après la publication de ce rapport, les responsables des collèges privés attendent toujours la visite des officiers du Valuation Office pour entreprendre cette “fresh evaluation” de leurs bâtiments. Aussi estiment-ils que ce retard ne permet pas aux autorités d’avoir une “true picture” de la réalité, et qu’en conséquence, ils ne reçoivent pas de « compensation qui soit juste ». Soulignons que la PSEA reconnaît elle-même dans cette New Revised Comprehensive Grant Formula (précisément à la recommandation 6) le besoin d’avoir un « fresh valuation exercise by Government Valuation Office ». La Fédération des managers a de fait suggéré à la PSEA, et à plusieurs reprises, de confier cette évaluation aux professionnels du privé reconnus par les autorités, étant donné que l’Evaluation Office du gouvernement « n’a pas le temps ».

Un des points de cette nouvelle formule causant la colère des managers a trait à l’abolition des “Facilities Grants”, principale composante de l’ancienne formule. Il s’agissait en fait des subventions pour les “school facilities” au plan académique, récréatif et sportif. Ainsi, les écoles obtenaient des subventions sous différents items, à savoir les laboratoires de science, les bibliothèques, les gymnases et terrains de jeux, et autres “specialist rooms”, “audiovisual rooms” et “ICT rooms”.

Les managers affirment que la nouvelle formule des “grants” ne concernerait que les dépenses futures. La Fédération des managers fait ainsi d’abord remarquer que la plupart des responsables de collèges ont, au fil de leur existence, entrepris d’importants travaux de rénovation, et ont aussi « consenti de gros investissements » dans la modernisation d’équipements pédagogiques. En outre, plusieurs responsables d’école ont contracté des prêts ces trois dernières années afin, à la demande du ministère, d’aménager des “specialist rooms” pour les nouvelles matières techniques introduites dans les Grades 7 à 9 dans le cadre du Nine-Year Schooling. « Nous avons fait de gros investissements dans l’intérêt des enfants, et nous avons cru que l’on récupérerait la somme investie graduellement durant les années à venir. Mais tel n’est pas le cas avec la nouvelle formule. Nous sommes démotivés par la manière de faire des autorités », confient des responsables de collège.

Plusieurs sources dans les milieux du secondaire privé ont proposé à la Fédération des managers d’organiser une réunion de tous les directeurs de collège, indépendamment de leur appartenance ou non à cette fédération, pour décider d’une action collective afin de protester contre la nouvelle formule de “grants”. En vue de cette rencontre, les dirigeants de la fédération ont de fait mis en place deux groupes de travail : l’un analysant tous les points susceptibles de faire l’objet d’une plainte en cour et, l’autre, pour connaître les implications financières de la nouvelle formule. À noter qu’un autre groupe de managers se dit déterminé lui aussi à avoir recours à une action légale. Il s’est d’ailleurs rencontré plusieurs fois depuis mercredi dernier à ce sujet.


PSEA | Des officiers : « Aucune structure
de contrôle mise en place »

Un des points forts de la Revised Comprehensive Grant Formula a trait à un nouveau système de contrôle des dépenses des écoles, qui devrait entrer en vigueur à compter de ce mois de novembre. Or, au sein de la Private Secondary Education Authority (PSEA), plusieurs officiers ont avoué au Mauricien hier leur « scepticisme » quant à la possibilité de cet organisme à commencer avant la fin de l’année les vérifications, telles que stipulées dans le document, car, selon eux, la PSEA n’a actuellement pas les ressources humaines nécessaires, ni même les compétences requises pour faire ce type de travail.

« Tout le monde se demande quels sont les employés qui contrôleront les reçus et les factures de 80 écoles à Maurice et à Rodrigues, et authentifieront les dépenses puisque la direction n’a toujours pas mis en place de structure nécessaire. On veut contrôler les subventions allouées aux collèges privés, mais on s’y prend mal… On met la charrue avant les bœufs ! » constatent avec agacement des employés, qui vont jusqu’à parler de « dysfonctionnement » de la PSEA. D’autres, eux, n’hésitent pas à parler de « manque de sérieux de la part de la direction ».

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