COMPENSATION SALARIALE ANNUELLE — Tripartites : premier round sous haute tension syndicale

  •  Vif accrochage verbal entre les syndicalistes Ashok Subron et Reaz Chuttoo au sujet de la CSG
  •  La FCSOU boycotte les délibérations du comité technique
  • Le Bureau central des statistiques établit le taux d’inflation à 2,7 %

Le premier round des négociations tripartites portant sur le paiement de la compensation salariale annuelle a été marqué, hier, à la Victoria House, par un vif accrochage verbal entre le syndicaliste Ashok Subron et le président de la Confédération des Secteurs public et privé (CTSP), Reaz Chuttoo. Tout a commencé lorsque Ashok Subron a cité le nom du président de la CTSP en faisant référence à ceux qui sont en faveur de la Contribution sociale généralisée (CSG). Cette remarque n’a pas plu au président de la CTSP. Il s’est alors mis debout pour aller chercher des explications auprès d’Ashok Subron. Mais ce dernier a été vite maîtrisé par ses collègues. Un policier présent au cours de la réunion est intervenu pour calmer les esprits. Dans le feu de l’action, Reaz Chuttoo a dit à haute voix à l’adresse d’Ashok Subron qu’il « gère mal les finances de la General Workers Federation (GWF) ». Le deuxième round des négociations portant sur le quantum de la compensation salariale a été fixé pour demain.

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À l’issue de cette réunion, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a déclaré que les syndicalistes ont posé beaucoup de questions au regard du mode de calcul du taux d’inflation. Ces informations, dit-il, seront communiquées aux syndicalistes avant la prochaine réunion. « J’ai invité les dirigeants syndicaux à soumettre leurs mémoires d’ici demain où une décision finale sur le quantum de la compensation salariale sera prise ce jour-là », a-t-il précisé.

Pour le Chief Operating Officer de Business Mauritius, Pradeep Darsun, le Bureau central des statistiques a confirmé que le taux d’inflation cette année est à 2,7%. « Le ministre du Travail a rappelé lors de son intervention que la situation est difficile. Dans ce contexte, je pense qu’il faut qu’il y ait une approche prudente. Nous allons poursuivre nos consultations au niveau de Business Mauritius. Je dois faire ressortir qu’il y a des secteurs qui sont très affectés alors que d’autres sont quasiment à l’arrêt. » Il ajoutera : «  Pour le moment, nous ne pouvons avancer aucun chiffre pour la compensation salariale. Les membres de Business Mauritius vont se rencontrer à nouveau ce mardi pour prendre une décision finale en prélude de la rencontre de mercredi prochain. » Et de souligner que les syndicats ont fait part de leurs demandes sans toutefois les justifier. « Je pense que dans un contexte difficile il faut qu’il y ait une solidarité sur la compensation salariale. »

Ashok Subron trouve « très grave » la position du secteur privé. « Business Mauritius a fait savoir qu’il n’est pas en mesure de payer la compensation salariale annuelle en raison de la COVID-19 alors que nous disons qu’il faut payer la compensation salariale annuelle en raison de la COVID-19 car il y a une externalisation du coût de celle-ci sur la classe ouvrière », a-t-il fait remarquer, avant de faire état d’une liste de 40 questions qu’il a adressée au gouvernement en marge de la compensation salariale annuelle.

Clency Bibi, président de la GWF, a demandé au gouvernement d’exercer un contrôle strict sur le prix des médicaments.

Pour Atma Shanto, président de la Fédération des Travailleurs Unis (FTU), la position de Business Mauritius « est très révoltante ». Il a aussi affirmé que le taux d’inflation à 2,7% par le Bureau central des statistiques ne reflète pas la réalité : « Nous demandons ainsi à ce que la prochaine réunion du comité tripartite soit présidée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, car il faut écouter la classe syndicale avant de prendre une décision finale. »

Pour le président de la State Employees Federation and Other Unions, Radhakrishna Sadien, il faut qu’il y ait un système de contrôle des prix car après chaque paiement de la compensation salariale le pays enregistre une cascade d’augmentations. Il devait aussi souligner qu’il importe de revoir le panier en vue de déterminer l’inflation, car un certain nombre de produits ne s’y trouve pas. Il a pris l’exemple des pains spéciaux, le taux d’intérêt bancaire ou encore le prix des médicaments. L’instauration d’un système de contrôle des prix se révèle donc nécessaire, dit-il.

Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, abonde dans le même sens. Il devait affirmer que les travailleurs ont beaucoup souffert de la hausse des prix des commodités durant la période de confinement sanitaire, d’où la « nécessaire compensation de Rs 700 » en vue d’amortir la hausse du coût de la vie.

Pour sa part, Reaz Chuttoo, président de la CTSP, souligne qu’il faut venir de l’avant avec une politique de rattrapage du pouvoir d’achat. Le patronat a les moyens de payer la compensation salariale car les 3% que les employeurs ont l’habitude de contribuer au NPF restent maintenant dans leurs caisses. « Ils peuvent ainsi prendre la contribution de 3% pour les accorder aux travailleurs. La CTSP accueille favorablement la mise sur pied du comité technique autour de la CGS car le NPF a lapse depuis 2018. Le patronat a le moyen d’accorder la compensation salariale san ki bann patron debours enn sou dan zot pos », a-t-il dit.

Quant à Rashid Imrith, président de la Fédération des Syndicats du Service Public (FSSP), le Premier ministre a pris les devants l’année dernière pour amender la compensation salariale de Rs 180 pour la porter à Rs 300. « C’est pourquoi nous pensons que sa présence est très importante pour la réunion de mercredi pour créer un feel good factor afin de redémarrer le pays avec une compensation salariale qui satisfait tous les partenaires et qui ne bloque pas l’économie », a souligné Rashid Imrith.

À noter que le président de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), Narendranath Gopee, a choisi de boycotter la réunion du comité technique. Ladite réunion aurait dû être présidée par le Grand argentier, estime-t-il. Et d’insister : « Cette réunion n’est qu’une perte de temps. » Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, n’a pas non plus fait le déplacement, mais pour des raisons professionnelles. Deux membres de cette confédération syndicale ont tout de même participé dans la réunion du comité technique d’hier.

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