Compensation salariale : les premières salves de la tripartite

  • Taux uniforme de Rs 1 000 proposé par la CSG-Solidarité d’Ashok Subron et Rs 851 par l’ACE de Rashid Imrith
  • L’Additional Remuneration Bill devra être adopté par l’Assemblée nationale avant les vacances de fin d’année susceptibles d’intervenir d’ici le vendredi 21

Compte tenu du contexte politique, 2019 étant une année électorale, les syndicats sont engagés dans une opération « met for gagn for » en prévision des négociations tripartites de demain sous la présidence du Premier ministre, Pravind Jugnauth. À 24 heures de cette échéance, les syndicats ont déjà tiré leurs premières salves avec des propositions de compensation salariale allant de Rs 851 de la All Employees Confederation de Rashid Imrith aux Rs 1 000 à tous les salariés venant de la CGS-Solidarité d’Ashok Subron.

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En cours de journée et jusqu’à demain, d’autres centrales syndicales devront soumettre leurs propositions au National Tripartite Committee. Les indications disponibles semblent confirmer que les négociations tripartites de demain s’annoncent décisives en vue de décider du quantum de la compensation électorale de 2019. Car le gouvernement devra présenter à l’Assemblée nationale l’Additional Remuneration Bill avant les prochaines vacances parlementaires d’ici le vendredi 21 décembre.

Du côté du Business Mauritius, la posture théorique adoptée est qu’avec un taux d’inflation inférieur à 5%, le paiement de cette compensation ne s’impose pas.

Baisse du pouvoir d’achat.

Dans le mémorandum soumis au comité tripartite, CSG-Solidarité, sous la plume d’Ashok Subron, Clency Bibi et Lall Dewnath, réclame le paiement d’une compensation uniforme de Rs 1 000 à tous les salariés à partir du 1er janvier. « The Rs 1 000 is based on the loss of purchasing power of the average worker per household of Rs 1 085, since the present government took power », soulignent les syndicalistes en s’appuyant sur une analyse des chiffres officiels. Ils ne ratent pas de souligner que « the salary compensation to be granted to all employees of the country might be the last of the present Lalyans Lepep government mandate ».

En parallèle, CSG Solidarité, qui a animé un point de presse en cours de matinée pour rendre publiques ses propositions, fait ressortir que « in addition, the present proposal will enable the upgrading of the minimal salary to Rs 10 000, to reach the referral real minimum salary which we estiate at least Rs 15 000 ». Cette centrale syndicale demande également au gouvernement de revoir la définition du “basic salary” dans l’Employment Rights en vue d’éliminer toute confusion.

Craintes.

Analysant l’évolution socio-économique, CSG-Solidarité craint une détérioration de la fracture sociale. « We are of the view that the Mauritian society is being dangerously fractured. A new social apartheid is in the making. A gentrification process is underway. One layer is the local economic oligarchy, the new rich settlers and elites ruling the State and Parastatal Bodies. In the middle layer, a more and more sacrificed middle class and working class, on the other pole, at the bottom, a rising layer cheap of migrant labour », s’appesantissent Ashock Subron, Clency Bibi et Lall Dewnath.

CSG-Solidarité s’insurge contre le fait que « the loss of purchasing power of the working people is also coupled with a deterioration of the overall share of wealth going to the working pople under Lalyans Lepep mandate ». À ce chapitre, l’accent est mis sur la contribution fiscale des opérateurs économiques. « The worrying tendency for direct taxes (corporate & ohers) to significant decline under the prescription of neo-liberal economic policy in the last 20 years has also worsened under the mandate of the present government. Mauritians will be shocked to note that the direct taxes paid by capitalist in 2014 amounted to a ridiculous 0,42% of GDP, and went further down under the present government to reach 0,36% of GDP », ajoutent-ils. Ils parlent d’une baisse de 13,8% des contributions fiscales.


NARENDRANATH GOPEE : « Une compensation entre Rs 700 et Rs 1 000 »

Narendranath Gopee, de la Federation of Public Services and Other Unions (FPSOU), propose une compensation salariale de Rs 1 000 à tous ceux percevant un salaire jusqu’à Rs 23 460, y compris les pensionnés, et de Rs 700 pour ceux percevant plus de Rs 23 460. Le syndicaliste estime qu’il y a eu des fluctuations des prix dans le coût du panier de ménagère.

« L’inflation nette a été calculée sur la base du coût mensuel de la variation du panier, sur la variation du coût moyen du panier en 2017 et 2018,  sur la valeur médiane du coût du panier de 2017 et 2018 et sur le taux d’inflation centré sur une valeur estimée des dépenses de consommation pour l’année 2018. La variation nette démontre une augmentation (“inflation absolue des prix”) d’exactement Rs 1 000.  Pour le calcul de l’inflation absolue basé sur le prix moyen du panier de ménagère, le prix moyen est de Rs 12 223 en 2018, contre Rs 11 085 en 2017. Donc, l’inflation absolue s’élève à Rs 1 138. Se basant sur  les “médian valves”,  soit Rs 12 486 pour 2018 et Rs 10 993 pour 2017, l’inflation absolue est de Rs 1 493. Enfin, se basant sur le taux d’inflation de 3,3%, l’inflation s’élève à Rs 990 lorsqu’elle est convertie en inflation absolue des dépenses de consommation d’une famille de quatre personnes. Par conséquent, toutes les méthodes indiquent qu’il y a eu une inflation de Rs 1 000 », avance Narendranath Gopee.

Et d’ajouter que le « minimum tax exemption threshold » dans le budget 2018/2019 s’élève Rs 305 000. Ceci dit, le revenu mensuel est de Rs 23 460. Par conséquent, la FPSOU propose une compensation salariale variant entre Rs 700 et Rs 1 000, selon le revenu mensuel des familles.


CTSP : « Une compensation salariale variant entre Rs 550 et Rs 1 000 »

La Confédération des travailleurs des secteurs privé et public (CTSP) campe sur ses positions. La compensation salariale doit varier entre Rs 550 et Rs 1 000, selon la situation financière de chaque famille.

Jane Ragoo, porte-parole de la CTSP, rappelle que son collègue Reaz Chuttoo avait proposé cette somme après le comité technique qui s’est tenu au siège du ministère du Travail le 22 novembre. « Ce jour-là, le taux d’inflation avait été dévoilé, soit 3,3%, et Reaz avait proposé d’offrir une compensation salariale de Rs 1 000 pour les familles au bas de l’échelle et Rs 550 pour les salariés touchant plus de Rs 16 500. Nous avons analysé attentivement les chiffres après, mais nous maintenons la proposition », a affirmé Jane Ragoo.

Pour rappel, Reaz Chuttoo devait faire ressortir « que le taux d’inflation de 3,3% ne s’applique pas à tout le monde » car il a été calculé à partir d’un panier déterminé par Statistics of Mauritius. Or, le dernier “Household Budget Survey” montre que le budget domestique s’élève à Rs 16 500. Selon lui, 95% des membres de la CTSP n’ont jamais touché plus de Rs 16 500. « Cela dit, nous proposons une formule bien simple. » Raison pour laquelle il propose une compensation salariale variant entre Rs 550 et Rs 1 000.


Rashid Imrith préconise un package au lieu de juste une compensation salariale
  • Compensation salariale de Rs 851 à tous les niveaux
  • Trois hausses salariales pour les fonctionnaires à compter de janvier 2018
  • La publication du rapport PRB en octobre 2019
  • Hausse de la pension de vieillesse à Rs 8 500
  • Renouvellement de l’allocation de Rs 500 de la MRA pour les trois prochaines années

Le président de la All Employees Confederation, Rashid Imrith, compte proposer un package au lieu d’une compensation salariale seulement au comité tripartite ce jeudi. Lors d’une conférence de presse à Port-Louis mardi, Rashid Imrith devait souligner que ce « package comprendra trois hausses salariales aux fonctionnaires, une nouvelle date pour la publication du rapport du Pay Research Bureau (PRB), une hausse importante de la pension de vieillesse et la compensation salariale ». Par ailleurs, il propose la somme de Rs 851 comme compensation salariale à tous les niveaux.

« Le panier de la ménagère en décembre 2018 a été évalué à Rs 29 800 et, selon les chiffres du bureau des statistiques, le nombre de personnes qui travaillent dans chaque foyer s’élève à 1,4%. De plus, le taux d’inflation à décembre 2018 atteindra 3,3%. Par ailleurs, toute personne qui perçoit des revenus de Rs 305 000 par an est exemptée de l’“income tax”. Cela dit, ces personnes perçoivent un salaire de Rs 23 462 et c’est un chiffre à prendre en considération pour décider du quantum de la compensation salariale. De ce fait, la All Employees Confederation propose une compensation salariale de Rs 851 à tous les niveaux », a affirmé Rashid Imrith.

Il propose au gouvernement d’offrir trois hausses salariales aux fonctionnaires, en raison de l’introduction du salaire minimum en janvier dernier. Rashid Imrith explique que l’introduction du salaire minimum a créé une « disturbance in salary relativities », comme le souligne d’ailleurs l’article 9 de la National Wage Consultative Act 2016. En l’absence d’un exercice d’administration pour résoudre ce problème de distorsion, Rashid Imrith propose au gouvernement d’offrir trois hausses salariales, à compter de janvier 2018, en sus de la compensation salariale.

La liste des propositions de la All Employees Confederation comprendra également la révision de la date de publication du rapport PRB. « Nous proposons que le rapport soit publié en octobre 2019 au lieu d’octobre 2020 et que les recommandations soient appliquées en janvier 2020 au lieu de janvier 2021 », a-t-il dit.

Rashid Imrith propose, d’autre part, que la pension de vieillesse soit augmentée, et passe de Rs 5 810 à Rs 8 500. « Nous ne demandons pas que la pension de vieillesse soit augmentée et passe à Rs 8 500 dans l’immédiat. Le gouvernement doit trouver un mécanisme afin d’établir un calendrier pour la réalisation de cette mesure. La hausse devra aussi concerner toutes les personnes bénéficiant d’une aide sociale », a-t-il précisé.

Enfin, il propose de revoir les conditions de l’allocation de Rs 500 offerte par la Mauritius Revenue Authority (MRA). « À l’introduction du salaire minimum, le gouvernement avait annoncé que la MRA allait offrir une allocation de Rs 500 jusqu’à décembre 2018. Donc, nous demandons au gouvernement de renouveler cette allocation pour les trois prochaines années, soit 2019, 2020 et 2021 », a soutenu le syndicaliste.

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