Consultations budgétaires : syndicats en ordre dispersé

La FSSC de Gopee et la GWF de Subron décident de boycotter le rendez-vous de ce matin aux Finances en avançant : « Ki pou al fer laba ? »

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Le MLC, la FSSP, la CTSP et la SEF à la rencontre du Grand Argentier pour tenter de contrer l’influence de Business Mauritius sur la politique du Travail

Le round de consultations avec les partenaires sociaux en prévision du Budget 2020/21, dont la présentation est prévue pour le jeudi 4 juin, verra les syndicats en ordre dispersé. Les séquelles de la ligne dure adoptée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au sujet des dispositions jugées anti-travailleurs par les syndicalistes ne se sont pas encore dissipées. Ainsi, la Fédération des Syndicats du Service civil (FSSC) de Narendranath Gopee ne souffre d’aucun état d’âme pour faire comprendre que ses représentants ne répondront pas présents à l’invitation du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, de ce matin pour le traditionnel round de consultations pré-budgétaires.

De son côté, la General Workers Federation (GWF), centrale en première ligne des revendications syndicales, préfère garder le suspense jusqu’en début de matinée quant à sa participation « à la kermesse pré-budgétaire ». Toutefois, le négociateur, Ashok Subron, ne fait pas dans la dentelle pour dire « ki pou al fer laba ? ». Avec le dédain en moins.  De leur côté, le Mauritius Labour Congress (MLC), la Fédération des Syndicats du Secteur Public, la Confédération des Syndicats du Secteur public (CTSP) et la State Employees Federation tenteront par leur présence à la table des consultations de contrecarrer l’influence de Business Mauritius sur la politique du Travail du gouvernement de L’Alliance Morisien.

« Ki pou al fer laba ? Pou al ekout Padayachy koze ek repet saki li pe dir a sak fwa. Sa de lalwa ki gouvernma Jugnauth inn fer vote vandredi inn deza baliz kontour bidze ek li finn inpoz diktatir lor drwa travayer », souligne avec force Ashok Subron pour justifier son absence aux consultations pré-budgétaires de ce matin. Il attribue à une différence tactique la participation d’autres centrales à l’exercice organisé par le ministère des Finances.

Pour Narendranath Gopee, président de la FCSOU, il n’y a pas lieu pour la fédération d’être présente lors de cette rencontre avec le ministre des Finances. « Le gouvernement a fait fi de nos propositions dans le cadre de la préparation de la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act. Nous avons aussi remarqué que certains amendements à la Workers Rights Act et à l’Employment Relations Act vont à l’encontre de la philosophie d’un emploi stable. Le gouvernement doit réaliser que ce sont les travailleurs déjà endettés qui vont souffrir dans la conjoncture. Cette situation est susceptible de créer une crise sociale dans le pays surtout après que le Grand Argentier soit venu lui-même dire plus d’une fois qu’il y aura 100 000 chômeurs dans le pays », déclare le syndicaliste Gopee.

Le gouvernement a utilisé ces amendements comme un Political Game. « En sus de cela, nous considérons beaucoup de ces amendements comme anticonstitutionnels.  Le gouvernement a donné la preuve qu’il ne compte nullement céder devant les représentants syndicaux. Il serait mieux que les dirigeants des fédérations syndicales ne participent pas dans cet exercice de consultation. Nous savons tous que le gouvernement a déjà pris sa décision. Pour moi, c’est un exercice académique, et pour la galerie. Si les dirigeants des fédérations syndicales participent à cette réunion, cela veut dire qu’ils vont donner carte blanche pour dir li fer seki li anvi dans sa pei-la ek travayer. De toute façon, avec la situation financière prévalant dans le pays, on ne devrait pas s’attendre à grand-chose », a-t-il mis en exergue comme pour mieux exprimer sa désapprobation à la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act.

Pour sa part, Rashid Imrith, président de la FSSP, fait comprendre qu’il sera de la réunion en vue d’insister sur un point distinct : la nécessité de venir de l’avant avec un Universal Minimum Grant en faveur des travailleurs, qui sont devenus Redundant au vu de la pandémie de COVID-19. « Nous réclamons un Package comprenant des revenus financiers nullement inférieurs au salaire minimum », s’appesantit-il.

Clency Bibi, lui, fait comprendre que la GWF devra être fixée ce mardi matin sur sa participation à cette réunion car une tendance se dessine nettement en faveur d’un boycott. La raison derrière cette réticence remonte à l’attitude cavalière du gouvernement sur la COVID-19 Act. « Nous avons eu une réunion avec Pravind Jugnauth. Il n’a voulu rien entendre et il a maintenu sa décision. Cela veut dire donc : nou pou laba zis pour enn show. Seki nou propoz li pa pou vo lapenn lakoz sitiasion ekonomik pei », dit le syndicaliste.

Toute décision de la GWF ne devra être sanctionnée que sur la base de concertations élargies avec ses membres. « Nous souhaitions que le ministre des Finances ait le courage maintenant de renverser la vapeur après avoir éliminé les heures supplémentaires, d’imposer une taxe importante sur les grosses boîtes, ainsi que sur ceux qui touchent de gros salaires. Pa kapav zot sorti kler dan sa bann zafer-la ek se travayer ki port fardo. Nous souhaitons aussi que le gouvernement enclenche des mesures pour relancer l’agriculture, la pêche, l’énergie renouvelable et les fermes d’élevage. Le gouvernement n’a pas de grande marge de manœuvre », concède-t-il.

Pour sa part, le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, plaide pour un budget qui prenne en compte la réalité de ceux au bas de l’échelle, tout en cessant d’être sous le diktat du patronat. « Il est temps que le gouvernement cesse de se laisser mener à la baguette par Business Mauritius car il y va de sa survie politique. Il faut que le gouvernement vienne de l’avant avec un budget socialiste, proche du peuple et la mise en place d’un système de contrôle des prix des articles de première nécessité, notamment le riz basmati, l’huile comestible, les médicaments et l’élimination de la TVA sur des services essentiels, dont le téléphone et les cartes prépayées », insiste le syndicaliste. « Il est temps que le gouvernement adopte un budget à visage humain pour soulager la souffrance du peuple car celui-ci s’est déjà préparé à faire face à 100 000 chômeurs dans le pays. Il est temps aussi que le gouvernement mette un frein au cartel dans la grande distribution. Tout le monde constate qu’il n’y a plus de promotion dans les grandes surfaces », fait-il remarquer en dénonçant la mainmise du secteur privé sur le Budget.

Pour sa part, la CTSP a adressé un mémoire en plusieurs points au ministre des Finances. Parmi on compte la nécessité de l’Unemployment Transition Benefit et la pension universelle alignée sur le salaire minimum, l’opposition au paiement de dividendes cette année, le Stimulus Package encourageant la création d’emplois et une taxe de 1% sur les entreprises pour assurer la formation des travailleurs qui auront perdu leur emploi avec la pandémie de COVID-19.

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