Contrat du CEB — BAD : des pratiques de “bribery” dans le contrat de Saint-Louis

« Evidence supports a finding that BWSC, on a balance of probabilities, financially rewarded members of the Mauritian administration and others… »

- Publicité -

La BAD a radié la firme BWSC après une enquête sur le 67 MW Saint-Louis Redevelopment Project inauguré par le DPM Collendavelloo en mars 2018

La centrale thermique de Saint-Louis continue de faire des remous. En effet, la Banque africaine de développement (BAD), le principal bailleur de fonds au coût de Rs 4,2 milliards, a pris la décision de “debar” Burmeister & Wain Scandinavian Contractor pour des cas caractérisés de “bribery” à des officiels engagés dans l’octroi de ce contrat. Cette décision avec des conclusions accablantes de l’Office of Integrity de la BAD, a été rendue publique sur le site de la BAD hier et s’avère être des plus embarrassantes pour l’hôtel du gouvernement dans la conjoncture. La sanction arrêtée est des plus sévères avec une radiation de 21 mois pour cette firme internationale.

Après analyse des faits et du dossier, la Banque africaine de développement est arrivée à la conclusion que Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) s’était livrée à des “sanctionable practices” dans le cadre de l’allocation du contrat de 67 MW Saint-Louis Redevelopment Project. Il va sans dire que cette affaire est traitée avec délicatesse au Prime Minister’s Office vu que la mise à exécution de ce projet d’envergure relève du Deputy Prime Minister’s Office d’Ivan Collendavelloo, qui a d’ailleurs procédé à l’inauguration en mars 2018.

En effet, entre 2014 et 2015, BWSC a participé à des appels d’offres pour le projet, financé par la Banque africaine de développement (BAD) pour le projet de la nouvelle centrale de Saint-Louis à Maurice. « Evidence supports a finding that Burmeister & Wain, on a balance of probabilities, financially rewarded members of the Mauritian administration and others, through the intermediary of third parties, for providing access to confidential tender-related information which allowed them to tailor the technical specifications of the tenders to its offering, thus gaining an undue competitive advantage over other tenderers », affirme ce bailleur de fonds panafricain qui vient de mettre à la disposition de Maurice une nouvelle enveloppe d’aide de Rs 8,8 mill iards pour faire face à la crise économique liée à la pandémie de Covid-19.

La BAD dénonce le fait que BWSC a, en outre, caché les accords qu’elle avait conclus avec les tiers, en violation des règles régissant les appels d’offres. Cette radiation imposée rend BWSC inéligible pour participer aux projets financés par la BAD et bénéficier de son financement pendant la période de 21 mois. Chronologiquement, le projet de la centrale de Saint-Louis avait été initié sous le mandat du gouvernement travailliste de 2010-2014 avec Rashid Beebeejaun comme ministre de tutelle. Le dossier avait connu une accélération à la veille des élections générales de décembre 2014.

« By the closing date of 25 September 2014, only one bidder, Burmeister and Wain Scandinavian Contractor (BWSC), submitted its bid. On 14 October 2014, the loan agreement was signed for an amount of Rs 3.5 billion. On 20 November 2014, the Central Procurement Board informed CEB that the only bid received, that is, from BWSC, was substantially non responsive and that it was not in a position to approve any award of the contract », répondait Ivan Collendavelloo le 1er avril 2015 à l’Assemblée nationale lors d’une “Private Notice Question” du leader de l’opposition d’alors, Paul Bérenger, indiquant que l’exercice d’appel d’offres avait été annulé.

Les choses allaient toutefois évoluer avec notamment BWSC intentant un procès au CEB, au ministère de l’Énergie et à l’État contestant la décision du CEB d’avoir annulé l’exercice lors du premier appel d’offres pour le réaménagement de la centrale de Saint-Louis, mais aussi avec un nouvel appel d’offres lancé en juillet 2015. « At the closing date on 01 October 2015, five bids had been received at the Central Procurement Board. On 11 November 2015, the CPB informed the CEB that it had approved the award of the contract to BWSC for the total evaluated contract price of EUR 85,185,404 + Rs 823, 922,094, excluding VAT », avait soutenu le leader du Muvman Liberater en réponse à une deuxième PNQ de Paul Bérenger le 3 décembre 2015.

C’est en mars 2016 que BWSC avait finalement décroché le contrat de réaménagement de la centrale de Saint-Louis et le projet livré au CEB le 5 octobre 2017. La cérémonie “koup riban” avait, par la suite, eu lieu le 20 mars 2018 en présence du DPM Collendavelloo, le Chairman du Central Electricity Board, Seety Naidoo et Martin Kok Jensen, directeur commercial et représentant de la firme danoise entre autres.

Cette affaire de sanctions de la Banque africaine de développement vient acculer le gouvernement de l’Alliance Morisien avec une nouvelle “Hot Political Potato” dans Lakwizinn du PMO. Il va sans dire que dans les rangs de l’opposition, cette affaire, portant atteinte à l’intégrité et à la réputation de Maurice, fera partie de l’arsenal dans la contre-offensive sur le budget, mais les yeux sont tournés vers l’Independent Commission Against Corruption en vue de savoir si cette dernière initiera proprio motu une enquête avec la collaboration de l’Integrity Office de la BAD.

Affaire à suivre…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -