Coronavirus : Des opérateurs économiques inquiets devant les risques à l’épidémie

  • Anthony Leung Shing de PwC : « L’effet du virus sera “disruptive” sur l’économie mauricienne »
  • Textile : « Big hit » pour Wensum Ltd, dont 35% de la production est exportée par avion vers l’Asie
  • Axys : « Les titres hôteliers perdent Rs 900 millions de capitalisation boursière à la fin de janvier »

Avec les derniers développements en Chine et les risques d’une aggravation de l’épidémie de coronavirus dans les prochains jours en Chine, la communauté des affaires à Maurice fait part de ses vives inquiétudes sur l’impact sur l’économie locale. Avec la menace sanitaire évidente, plusieurs mesures draconiennes et sans précédent ont donc été annoncées hier par le gouvernement et l’incidence sur l’économie se fera bien vite sentir… D’abord, avec une baisse de quelques milliers de touristes chinois qui ne pourront se rendre à Maurice. Si, à l’heure actuelle, certains ne prennent pas le risque d’évaluer précisément l’impact du virus sur l’économie locale, dans le privé l’on ne se cache pas pour avancer que « nous serons secoués ».

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Le tourisme se trouve en première ligne et subit déjà de plein fouet les répercussions avec une baisse dans le nombre de touristes visitant Maurice en janvier et des prévisions en berne pour le mois de février, soit quelque 5 000 de moins. Du côté d’Axys, l’on fait comprendre qu’à la fin de janvier, les premiers effets du coronavirus se répercutent avec une baisse de Rs 900 millions dans la capitalisation boursière des titres hôteliers. “All of the Hoteliers – CHSL (-11%) at 51/2YrLow , NMHL [4%] (-3.1%), SUN (-3.0%) at 2Mth-Low and LUX (-3.0%) at 4WkLow were battered seemingly amid concerns around the potential impact of the Coronavirus on the global travel and tourism. Similarly, national airline MK (-1.3%) who suspended its service to China to contain the outbreak of the virus, extended its worrisome decline”, note Axys dans sa dernière analyse à ce sujet.

Pour sa part, Anthony Leung Shing, Country Senior Partner de PwC, souligne que le virus aura un effet « plus large » sur notre économie, et non simplement sur le nombre de touristes chinois qui nous visitent. « Le virus aura un impact direct sur nous, car, même si l’on considère uniquement les importations, cela pourrait affecter la consommation et l’acheminement des matières premières dans le pays. C’est certain qu’à ce stade, c’est difficile d’évaluer exactement l’impact, mais ce sera “disruptive” sur l’économie », observe-t-il.

Cependant, la situation pourrait se détériorer si ne serait-ce qu’un cas du virus est détecté à Maurice. « L’impact sur notre économie serait plus grave si jamais on trouve un cas avéré de coronavirus à Maurice. Ce ne sera pas bon pour nous vis-à-vis du monde et cela pourrait faire fuir les touristes venant d’Europe », prévient l’économiste Eric Ng. D’ailleurs, il estime qu’Air Mauritius « a trop tardé » à prendre la décision de suspendre ses vols sur la Chine. « En tardant à prendre cette décision cruciale, nous avons pris un grand risque. Un seul cas à Maurice pourrait nous nuire considérablement à court terme », dit l’économiste.

Entre-temps, l’autre impact sur l’économie concernera les importateurs; la Chine étant notre premier marché d’approvisionnement, surtout en termes de produits non alimentaires. En effet, avec la suspension des vols, les importateurs et commerçants ne peuvent plus se rendre en Chine pour aller voir les produits sur place et négocier. Et là, difficile de savoir pendant combien de temps durera la suspension des vols… Mais, à court terme, les importateurs ont encore du stock « pour un ou deux mois », indique Eric Ng.

Par ailleurs, l’interdiction de rentrer au pays pour tous les ressortissants chinois, dont les travailleurs chinois, pourrait toucher les secteurs employant de la main-d’œuvre chinoise — la construction notamment — où pas mal de Chinois sont employés sur les chantiers. Un important contracteur fait toutefois comprendre qu’il ne faut pas s’inquiéter outre mesure, car « les Bangladeshis ont largement remplacé les Chinois sur les chantiers » ces dernières années.

Dans le secteur textile, on est sur le qui-vive. Du bon, comme du moins bon pourrait arriver… Un opérateur confie que « c’est trop tôt pour dire si le virus affecte nos opérations, mais certains de nos clients, qui commandent également de Chine, pourraient se tourner vers Maurice et augmenter leurs commandes auprès des entreprises locales », dit-on. Par contre, pour certains, la facture risque d’être salée ! Par exemple pour Wensum Ltd, qui a fortement diversifié ses marchés suivant la crise de la zone euro. Et Avinash Goburdun, le directeur parle d’annulation de commandes, car 35% des exportations de Wensum Ltd sont acheminées vers la Chine, Hong Kong, Taïwan et Singapour. À savoir que ces commandes sont généralement acheminées par avion… La suppression de vols sur la Chine représente donc un coup dur pour cette entreprise. « It will be a big hit », avance Avinash Goburdhun.

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