Court of investigation-naufrage du wakashio : Des documents probants détruits par l’équipe de sauvetage

Vassen Kauppaymootoo & Sébastien Sauvage tirent à boulets rouges sur Kavy Ramano

Les travaux de la cour d’investigation sur le naufrage du MV Wakashio, qui se poursuivent à l’ancienne cour suprême de Port-Louis, apportent chaque semaine leur lot de révélations. Lors de son audition, lundi, l’inspecteur Rameshwarnath Ramdhony, un des enquêteurs dans cette affaire, a fait ressortir que le principal ordinateur du navire où étaient sauvegardés des documents probants a été détruit par l’équipe de sauvetage. L’enquêteur dira que ce n’est qu’en mars dernier qu’ils ont su que lesdits documents étaient introuvables. Sébastien Sauvage, porte-parole de l’ONG Eco-Sud, et l’océanographe Vassen Kauppaymootoo, n’ont pas lésiné sur les détails, jeudi, pour critiquer le ministre de l’Environnement Kavy Ramano pour avoir fait fi de leurs recommandations après le naufrage.

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Les officiers du Central CCID qui se sont succédé à la barre, lundi, ont produit des documents qui ont pu être récupérés à bord du navire. On retiendra le témoignage de l’inspecteur Rameshwarnath Ramdhony, qui a d’emblée déclaré que l’enquête de l’unité n’était pas encore bouclée à ce stade. Tout porte à croire que la perte de certains documents serait la cause si l’on se fie à l’inspecteur : « Ce n’est qu’au mois de mars qu’on a constaté que des dossiers importants manquaient, dont des calculs de navigation faits par le capitaine du navire », dit-il. Ces calculs, qui permettent de déterminer la position du bateau, tracer une route et calculer une distance sur la carte marine, sont des éléments qui auraient pu être utilisés comme pièces à conviction. Or, malgré les instructions de la Court of Investigation, ces dossiers, qui étaient sauvegardés dans un ordinateur, n’ont pas été retirés du navire avant qu’il ne soit coulé.

En réponse au président de la Court Of Investigation, Abdurafeek Hamuth, qui voulait en savoir plus, l’inspecteur Ramdhony a soutenu que « la police n’était tout simplement pas au courant de l’existence de ces documents. We are talking about aspects of navigation which are new to us ». L’autre enquêteur du CCID, Yaganaden Veerasawmy, qui a eu pour tâche de retranscrire le contenu de la boîte noire du Wakashio, a souligné qu’il a pris cinq mois pour compléter le travail dans la mesure où « les échanges qui ont été enregistrés ce jour-là se sont faits dans une langue étrangère entre le capitaine, son second et les autres membres d’équipage ». En d’autres mots, aucun appel des garde-côtes n’a été enregistré avant le naufrage.

« Nos propositions pas retenues »

Le témoignage, trois jours plus tard, du porte-parole de l’ONG Eco-Sud, Sébastien Sauvage, a aussi été suivi avec attention par l’assistance. Documents à l’appui, il s’est appesanti sur la chronologie des démarches entreprises par Eco-Sud pour tenter de joindre « en vain » le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano pour lui faire des propositions sur la gestion de l’après naufrage « Nous avions présenté plusieurs photos montrant que la poupe du Wakashio était inclinée et risquait de se briser. On a été stupéfait s’apprendre par le biais d’un communiqué, le 5 août 2020, que le ministère mettait en doute l’authenticité des photos et que la situation était sous contrôle. On connaît le résultat », déclare Sébastien Sauvage qui soutient être revenu à la charge en maintes occasions pour faire entendre raison.

« Des volontaires qui avaient montré leurs intérêts pour participer au nettoyage des lagons n’ont aussi jamais été contactés. Certes, notre ONG a été intégrée au National Crisis Committee, mais j’ai aucune de nos propositions n’a été retenue », dit-il.
En deuxième partie de la séance, l’océanographe Vassen Kauppaymootoo a déclaré qu’ « en tant qu’ancien consultant au ministère de l’Environnement, j’ai proposé mon aide, mais personne ne m’a contacté pour donner mon avis, ni siéger dans les comités constitués à cette catastrophe ». Pour étayer ses dires, il a fait mention de plusieurs messages qu’il aurait envoyés au ministre de tutelle à propos d’un risque de fuite d’huile dès le naufrage du vraquier, mais ses craintes ont été considérées comme une réaction exagérée.

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