COVID-19 – Deuxième vague — Le transport en commun sévèrement secoué

– Manque à gagner quotidien variant entre Rs 150 000 à Rs 900 000 pour les opérateurs de bus

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Le deuxième confinement n’était pas attendu par l’industrie du transport. Remontant durement la pente après le premier confinement de l’année dernière, les compagnies de transport en commun voyaient une amélioration graduelle dans leurs opérations. Frappées d’un coup par un deuxième confinement, elles vont devoir revoir leurs stratégies pour qu’elles puissent continuer leurs opérations qui reprennent ce lundi.

Un deuxième confinement n’effleurait nullement l’esprit du directeur général de la Mauritian Bus Transport, Uday Gujadhur. Pris de court par cette annonce du gouvernement, tous ses autobus ont été remis au garage. « Nous ne nous attendions pas à ce deuxième confinement même si nous étions toujours sur nos gardes en entendant le premier cas », soutient-il. Avant l’annonce de ce nouveau confinement, il souligne que des dispositions dans l’acquisition des gels hydroalcooliques et d’autres équipements de protection avaient déjà été prises.

Depuis mercredi dernier, la compagnie a fini par essuyer des pertes importantes. Pour un seul jour non travaillé, la compagnie perd des recettes moyennes de Rs 150 000. « Nous devrons quand même payer nos employés qui sont sur une base permanente. Ce coût est fixe et nous n’avons pas de revenus. C’est assez difficile. D’ailleurs, cela a aussi été difficile pour nous la dernière fois », dit-il, tout en faisant ressortir qu’une petite amélioration des activités était observée quelque temps après le premier confinement. « D’un seul coup, c’est retour à la case départ », mentionne-t-il.

Cette légère amélioration au niveau des passagers a été notée aux mois de novembre et de décembre. « Nous nous attendions que cette tendance se maintienne pour que nous puissions récupérer notre manque à gagner de l’année dernière. Mais nous pensons que ce sera plus difficile. Nous ne savons pas quoi faire », prévoit-il.

Mais pour que la compagnie puisse continuer ses opérations comme auparavant, il dit dépendre sur le Wage Assistance Scheme. Ce plan aidera à payer ses employés. Uday Raj Gujadhur dit rester toujours sur le qui-vive et que les opérations seront revues. « Nous n’aurons pas  le choix. Cela prendra beaucoup de temps pour que les activités retournent à plein régime », explique-t-il.

La compagnie a décidé de mettre quatre autobus sur sa desserte, Montagne-Longue à Port-Louis, ce lundi matin à 6h. « Ce sera un service réduit pour que ceux qui iront travailler puissent le faire », dit-il. Toutefois, à hier matin, la Mauritian Bus Transport attendait toujours une confirmation officielle si ses autobus pourront rouler. « Nous attendons ce que décidera le gouvernement. Il fait ressortir qu’en cas d’une augmentation dans le nombre de passagers, la flotte augmentera parallèlement », dit-il.

Quelques employés de la compagnie auront l’unique responsabilité de nettoyer et désinfecter les autobus après chaque desserte. La distanciation sociale sera appliquée dès ce lundi. Le port du masque est obligatoire. Uday Raj Gujadhur fait aussi ressortir que ceux qui attendent aux arrêts d’autobus doivent aussi respecter la distanciation physique. « Les mesures prises l’année dernière seront remises en application pour que nous puissions aider à empêcher la propagation du virus », dit-il.

Les autobus ont déjà été lavés et désinfectés avant leur sortie du garage. Les gels hydroalcooliques seront aussi mis dans les autobus pour les passagers. Malgré les pertes, la MBT a dû continuer à investir dans l’entretien de ses autobus pour lutter contre le virus. « C’est aussi une façon pour nous d’aider à lutter contre le virus », dit-il.

La situation n’est guère réjouissante du côté de la Rose Hill Transport Ltd. La compagnie ayant été sévèrement affectée à cause des opérations du Metro Express suivi par le premier confinement, ce deuxième confinement aggrave davantage sa situation délicate. « Nous ne nous attendions pas vraiment à un deuxième confinement. Mais étant donné que nous sommes déjà passés par une première, nous étions prêts à toute éventualité », soutient Atish Appaya, Transport Planner de la compagnie. Pour lui, ce deuxième confinement pèsera plus lourd sur la compagnie.

D’ailleurs, le nombre de passagers qui voyageaient dans les autobus de la compagnie a chuté après le premier confinement. « Beaucoup de compagnies ont préféré le Work From Home après le premier confinement. Je pense que d’autres compagnies iront aussi dans cette direction », dit-il confirmant une baisse dans la desserte Ebène à Port-Louis.

À cause de cette situation, RHT a dû revoir son plan de travail et tout réorganiser car « le système du transport a changé ». Pour que la compagnie puisse assurer ses opérations, l’une des mesures prises a été de diminuer les heures supplémentaires. Une décision assez difficile à prendre pour la compagnie étant donné que les recettes ne sont pas aussi importantes.

Remonter la pente après le premier confinement n’a pas été facile pour la compagnie. « Nous continuons à remonter la pente péniblement. Nous allons devoir faire face à nouveau avec ce deuxième impact », dit-il. Cette amélioration graduelle, ajoute-t-il, dépend du nombre de passagers qui vont voyager. A partir de ce matin, dix autobus de RHT seront mis sur des dessertes principales. Des routes qui ont le plus de passagers. Les autobus de la compagnie ont aussi été nettoyés et désinfectés. Les chauffeurs et les receveurs auront leurs équipements nécessaires. A chaque voyage, ces derniers seront appelés à nettoyer l’autobus. Une fois le véhicule au garage, il sera à nouveau nettoyé de fond en comble. Malgré le manque de revenus, RHT dit se soucier pour la santé de ses employés et des passagers.

La situation devient encore plus compliquée pour la compagnie UBS avec ce deuxième confinement. « On est frappé d’un deuxième coup. C’est très difficile. On n’a pas pu remonter la pente car le mouvement des passagers n’est pas le même », soutient avec amertume le directeur général de la compagnie, Swaleh Ramjane.

Les dépenses de la compagnie demeurent les mêmes et n’arrangent en rien une situation déjà précaire. Un seul jour « normal » où la compagnie ne travaille pas, elle accuse un manque à gagner de Rs 900 000, et de Rs 400 000 pour un jour férié. Prêts pour les opérations de ce lundi, quatre autobus seront mis sur des dessertes principales jusqu’à nouvel ordre.

Metro Express attend la reprise

pour des « travaux critiques »

Elle n’a pas attendu pour organiser son plan d’action après l’annonce du confinement. La compagnie Metro Express se prépare pour des travaux critiques une fois la reprise. Le Work Access Permit (WAP), destiné aux travailleurs, a déjà été obtenu. Des réunions de travail en ligne se tiennent pour assurer la continuité des travaux de la phase 2A (Quatre-Bornes à Rose-Hill) complétés à 90%.

« À Metro Express Ltd, au lendemain de l’annonce du confinement, nous avons eu des réunions en ligne pour l’organisation et la planification en ce qui concerne les travaux avec le soutien des cadres de L&T, Rites et du ministère du Transport », assure le Chief Executive Officer (CEO)  de la compagnie, Das Mootanah.

Une demande faite pour l’obtention du WAP a été acceptée. Toutefois, ce permis a été accordé uniquement pour des travaux critiques. Une fois la reprise, il avance que L&T effectuera uniquement ces travaux importants qui sont nécessaires à Quatre-Bornes, soit la phase 2A, qui reliera bientôt Rose-Hill à Quatre-Bornes. « Nous sommes jusqu’ici satisfaits de l’avancement des travaux qui ont déjà été complétés à 90%. Nous sommes à la dernière étape des travaux. D’ailleurs, l’installation des rails et des colonnes électriques est presque terminée. Les stations de Belle-Rose et Quatre-Bornes Central prennent forme », fait-il ressortir.

Pour les travaux, le CEO soutient que tout sera organisé avec un nombre d’employés restreint sur les chantiers de construction et en appliquant des mesures sanitaires strictes. « En ce moment, à Victoria, seules les personnes qui se chargent du gardiennage du site de construction sont présentes sur les chantiers », dit-il et d’ajouter que la situation est suivie de près pour planifier la reprise sur les chantiers.

« Nous allons aussi profiter de ce moment pour travailler en ligne avec les cadres du ministère des Terres et du Logement pour prendre de l’avance en ce qui concerne les procédures administratives pour terminer l’acquisition des terres qui restent », dit-il.

Das Mootanah fait aussi ressortir que comme cela a été le cas l’année dernière, des sessions de travail, des réunions et des conférences à distance/en ligne sont privilégiées en cette période difficile pour élaborer le plan d’action de relance. « De plus, nous avons une équipe minimale sur le terrain pour nous assurer de la sécurité de notre infrastructure et que nos autres systèmes fonctionnent correctement. De ce fait, nous sommes plutôt optimistes car, même en étant confinés, beaucoup peuvent être accomplis et ce, avec une bonne organisation, planification et gestion », avance le responsable. Il fait aussi mention des réunions pour la préparation des activités, notamment pour les opérations de confinement post-COVID-19.

Par conséquent, il soutient que la direction de MEL et les différents départements ont travaillé à distance par le biais de conférences/réunions en ligne pendant ces périodes difficiles pour élaborer le plan d’action de relance et des mesures ont été soumises aux comités ministériels et au gouvernement. « De plus, nous avons une équipe minimale sur le terrain pour nous assurer que notre infrastructure et nos autres systèmes fonctionnent correctement », explique-t-il.

Parlant de l’impact financier de l’arrêt temporaire des opérations sur la compagnie, Das Mootanah indique qu’un travail est fait en étroite collaboration avec les autorités compétentes pour minimiser les effets de cette pandémie comme en 2020. « D’ailleurs, après le confinement l’année dernière, nous nous en sommes pas mal sortis grâce au plan d’action et de relance que nous avons mis en place. Nous avons plus d’expérience cette fois et nous allons sans aucun doute surmonter cette situation et restons optimistes. De plus, c’est pendant de tels moments de crise, qu’on voit émerger des idées créatives et innovantes », dit-il.

Par ailleurs, sur le nettoyage et la désinfection des trains qui sont d’actualité depuis la période COVID-19 de l’année dernière, il souligne que cet exercice n’a jamais cessé. « Pour le moment, vu l’interruption de nos services, nos trains sont au dépôt. Après le dernier service effectué la semaine derrière, nos trains ont été nettoyés et désinfectés selon notre planning. Il faut noter que la maintenance préventive sera faite sur les trains avec un personnel restreint. Comme à l’accoutumée, les trains seront définitivement désinfectés avant la remise en service, et ce régulièrement pendant l’opération », assure Das Mootanah.

Les bus en nombre limité sur les routes

Après cinq jours d’interdiction de circuler, les compagnies d’autobus et les opérateurs de bus individuels s’organisent par rapport à la reprise de leurs activités, prévues pour ce lundi. La Triolet Bus Service (TBS) compte ainsi mettre en service un nombre limité de ses véhicules en raison du confinement sanitaire, en vigueur jusqu’au 25 mars.

Le directeur général de TBS, Viraj Nundlall, déclare que « la compagnie opérera un service limité » à partir de ce lundi sur ses différentes lignes. « Nous avons fait nos calculs par rapport au nombre de personnes susceptibles de voyager dès lundi. La fréquence sera réduite en tout cas. Nous prévoyons de mettre en service une quarantaine d’autobus sur nos routes, contre 160 à 170 en temps normal », explique-t-il. Il devait par ailleurs insister sur le fait que le service Express Grand-Baie/Port-Louis, plus communément appelé « Route 215 », sera maintenu.

En revanche, il n’est pas certain que le service Express prévaudra sur d’autres lignes. « Tout dépendra de la demande pour ce service dans cette période », dit le directeur général de TBS. Et de faire remarquer que ce deuxième Lockdown est susceptible de « fragiliser davantage la santé financière des opérateurs d’autobus » . « Je prie en tout cas pour que le Nord du pays ne tombe pas dans la zone rouge. Touchons du bois ! » lâche-t-il.

Sunil Jeewoonarain, porte-parole de la Mauritius Bus Owners Cooperative Federation (MBOCF), est d’avis que les sociétés de coopératives d’autobus sont « ready pou travay ». En attendant la reprise, dit-il, tous les autobus ont été lavés, désinfectés et nettoyés de fond en comble. « Nous allons mettre en place un Skeleton Service basé sur le calendrier de travail en vigueur lors du premier confinement. La fédération opère environ 800 autobus à travers le pays, mais seul un dixième de ce nombre sera opérationnel », dit-il.

Pour l’heure, les sociétés de coopératives, poursuit-il, font face à un véritable dilemme. « Dimanche matin, 95% des chauffeurs et receveurs d’autobus qui reprendront leur service lundi n’avaient pas encore obtenu leur Work Access Permit (WAP). J’espère qu’ils l’auront enfin avant ce lundi », fait-il ressortir. Aussi, il devait solliciter la collaboration du public pour la reprise. « Pour leur propre sécurité, je demande aux passagers de donner le montant exact du trajet aux receveurs afin d’empêcher l’échange d’argent et d’éviter une contamination », dit-il.

Il devait en outre souligner que les sociétés de coopératives faisant partie de la fédération publient les horaires de bus sur leur site Web. Le public voyageur est d’ailleurs aussi appelé à faire ses suggestions quant aux services offerts. Dernières recommandations : les membres du public sont informés qu’ils doivent porter impérativement porter de masque dans les autobus, de même que respecter la distanciation sociale. Et de conclure que seuls cinq à huit autobus seront mis en circulation sur chaque ligne.

CNT : directives attendues pour

la desserte de la zone rouge

La Corporation Nationale de Transport (CNT) attendait encore hier les dernières directives de la National Land Transport Authority (NLTA) afin de mettre au point ses services pour ce lundi. Dans une déclaration à Le-Mauricien hier, le directeur général de la CNT, Rao Rama, a affirmé que la compagnie est prête à desservir tout le pays, mais avec un service limité.

Pour l’heure, dit-il, la CNT reçoit beaucoup de demandes venant du gouvernement et du secteur privé dans le cadre de la campagne de vaccination nationale  pour les Frontliners. Il poursuit : « Un certain nombre de nos autobus seront engagés dans ce service. Il s’agit au fait de transporter les gens vers les centres de vaccination. Comme d’autres compagnies, la CNT devra opérer un service limité en raison de cette période de confinement national. Nous serons présents dans toute l’île. »

En attendant les dernières directives de la NLTA, « on ne peut pas dire à ce stade quel pourcentage de nos autobus sera sur les routes ce lundi ». Selon lui, « il s’agit de savoir où la CNT devra exactement concentrer ses services, tout en prenant en considération les dessertes des zones rouges ».

À partir d’aujourd’hui

Les autobus en opération

de 6h à 20h tous les jours

Les nouveaux horaires des autobus ont été rendus publics par la National Land Transport Authority (NLTA). Ainsi, à compter de ce lundi, un service de transport public restreint sera pourvu sur quelques dessertes à l’exception des circonscriptions numéro 15, 16 et 17 (zone rouge). Les autobus prendront leur service à 6h le matin et seront en opération jusqu’à 20 h tous les jours. Ces bus passeront à intervalle d’une heure et leur passage dépendra de la demande des passagers en journée.

Selon le calendrier qu’a établi la NLTA, le trajet a été revu pour la Route 9 (Mahébourg-Curepipe), Route 104 (L’Escalier-Curepipe), Route 137 (Carreau Acacia-Curepipe), Route 87 (Saint Hubert-Curepipe) et Route 62 (Rivière du Poste-Curepipe). Ces autobus emprunteront la voie de Rose-Belle, Union Park, Grand-Port jusqu’au poste de police de Nouvelle-France.

Des changements interviennent quant au trajet des autobus venant de la région Sud et se dirigeant vers Curepipe. Les autobus qui empruntent Routes 6/6A (Rivière des Galets/Chamouny-Curepipe), 133 (Choisy-Curepipe), 34 (Bois Chéri-Curepipe) et 63 (Bénarès-Curepipe) devront passer par Rivière des Anguilles, La Flora, Pont Colville, Savanne Road jusqu’au poste de police de Nouvelle-France. Tous les autobus venant de Mahébourg et de la région sud devront se garer près du Collège d’État Mahatma Gandhi à Nouvelle-France.

S’agissant des autobus issus de la région Est, leur trajet habituel fait également l’objet de modifications. Les routes 226 (Rivière du Rempart-Curepipe), 17 (Flacq-Curepipe) et 80 (Sébastopol-Curepipe) seront redirigées vers Quartier-Militaire, Valetta et le rond-point de Belle Rive. Par ailleurs, les autobus de la National Transport Corporation qui desservent la route 3 (Port-Louis-Vacoas) quitteront Port-Louis et passeront par Beau-Bassin et Rose-Hill jusqu’à Candos. Tous les autobus quittant leur point de destination pour se rendre à leur point d’arrivée devront refaire le même trajet inverse.

Durant les week-ends et les jours de congé public, le passage d’autobus se fera selon un régime restreint le matin comme dans l’après-midi.

Les inspecteurs de la NLTA surveilleront de près le service offert par les autobus. Selon cette instance, des changements pourront intervenir sur ces services en fonction de la demande du public.

Qui plus est, les opérateurs contractuels sont appelés à suivre les consignes sanitaires. Le public devra impérativement faire de même, dont concernant le port du masque et la distanciation physique.

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