COVID-19 | DEUXIÈME VAGUE : Les services de Santé sous intenses pressions!

Un infirmier : « Sak fwa la nou pe trouv lezot koleg ki pe ale »

Face à l’épidémie qui frappe les régions les unes plus conséquemment que les autres, les hospitaliers se battent sans relâche. Malgré la fatigue, le manque de moyens, la peur. Car pour eux, le devoir et le sens de la mission passent avant tout. Cela, même si à la fatigue se mêle un sentiment de peur à l’idée de contracter le virus, de le transmettre à d’autres… La plupart, dont ceux qui avaient contracté le virus l’année dernière, se disent « préparés » à affronter cette seconde vague. Au-devant de l’adversité, ils serrent les dents. C’est ce que raconte un infirmier de l’hôpital de Rose-Belle chez qui, comme chez ses autres collègues, en dépit d’une volonté de travailler et de sauver des vies, la peur reste omniprésente.

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L’année dernière, il faisait paryie les premiers frontliners à avoir été testés positifs à la COVID-19. Et encore récemment, avec la seconde vague, ils en parlaient encore entre collègues, se remémorant leur éprouvante expérience de la quarantaine, la solitude de l’isolement à l’hôtel, l’attente interminable des résultats des tests PCR…
« Komansman nou ti pe riye tou, nou pe dir nou bizin fet laniverser nou karanten », raconte Bishek, infirmier à l’hôpital de Rose-Belle. Au début, enchaîne-t-il,« nou pa ti panse pou ena sa kantita ka la, parski nou ti panse pou ena plis vizilans, parski popilasion ti fini pass par la ek gouvernma ti pe dir nou COVID-safe. » Sauf qu’encore une fois, les cas ne cessent d’augmentent chaque jour.

Et depuis vendredi 26 dernier, l’atmosphère, déjà quelque peu tendue à l’hôpital, s’est alourdie. Pour cause, il y a non seulement la fermeture de l’hôpital de Souillac, avec des membres de son personnel para-médical, mis en quarantaine, mais aussi la contamination du personnel du Samu de l’hôpital de Rose-Belle, avec pour conséquence la fermeture de ce département. « On revit les événements de l’année dernière. Et on appréhende. Sak fwa la nou pe trouv lezot koleg ki pe ale », confie l’infirmier. Cependant, dit-il « nou pa les laper pran le desu. » Surtout que pour cette seconde vague, « nous sommes mieux équipés pour y faire face ».

Le vaccin, leur précaution

Même cette fois, la situation semble encore plus difficile. Car pour cet infirmier, si la bataille avait été « gagnée » en 2020, lors de la première vague, c’est parce qu’il y avait une certaine discipline au sein de la population et une rigueur de la part des autorités. « Nous étions tous en train d’apprendre sur le tas. Et la peur était palpable partout, autant parmi le personnel soignant que dans la population », dit-il.
Mais cette fois, le constat est autre et la peur est plus grande parmi le personnel soignant. Du fait de l’indiscipline de la population, « mais aussi du tâtonnement des autorités à appliquer certaines mesures », dit Bishek. Il n’y a qu’à voir le nombre de clusters pour comprendre qu’il y a un manque de rigueur au sein de la population, dit l’infirmier.

« Ena viziter ankor pa konpran mem »

Cependant, malgré la menace constante, ses collègues et lui vont travailler chaque jour, « presque normalement », dit-il. Cela, en prenant toutes les précautions sanitaires nécessaires pour ne pas se mettre à risque et ne pas mettre en danger leur famille et leur entourage. « Aujourd’hui, nous sommes rodés face aux gestes barrières et à l’hôpital comme à la maison, nous prenons toutes les précautions », explique Bishek.
L’objectif est d’éviter à tout prix la propagation du virus, dit l’infirmier. C’est la raison pour laquelle il a opté pour le vaccin. « C’est un choix personnel que j’ai fait, par mesure de précaution », souligne-t-il. Et de confier que certains de ses collègues hésitent encore « en raison des effets secondaires d’une part, mais d’autre part parce que nous n’avons pas toutes les données sur ces vaccins et leur efficacité ». Toutefois, vaut mieux le faire que ne pas le faire, par précaution, insiste-t-il. Surtout qu’à l’hôpital, certains visiteurs « ankor pa konpran mem ».

Ces derniers jours, la tension est montée avec certains venus rendre visite à leurs proches à l’hôpital de Rose-Belle, raconte l’infirmier. En raison de la situation dans le Sud notamment, et par mesure de précaution, la vigilance a été accentuée pour les visites en salle. « Dans certaines salles, les visites sont interdites, dans d’autres nous n’admettons qu’un visiteur à la fois. Mais le public ne comprend pas et s’en prend à nous », relate Bishek. Il y en a même « ki pa kas latet ar viris ». Et d’ajouter : « Zot alonze akote malad tou. Zot pa respekte zes baryer ditou », dit-il.
Lui, reste intransigeant. « Nou bizin rest ferm pou nou sekirite ek sekirite piblik ek sekirite toute la fami morisienn. » C’est pourquoi il espère que les autorités aussi seront plus rigides s’agissant des gestes barrières et des contrôles parmi la population. Dans le même élan, il déplore la façon de faire des autorités en ce qui concerne le ‘‘contact tracing’’.
Habitant un village du Sud, il raconte avoir vu les officiers du ministère de la Santé venant récupérer, sirène hurlante, une personne qui avait été en contact avec une victime de la COVID. « Tout ce vacarme attire les gens hors de chez eux. C’est comme une distraction dans la localité et plusieurs personnes sortent s’enquérir sans porter de masque. Et elles profitent pour faire des brins de causette, ce qui les met plus à risque. Il aurait fallu un peu plus de discrétion dans cet exercice », pense Bishek.
Il déplore également le laxisme des autorités quant aux régions hors de la zone rouge. « Zis dan zon rouz ki trouv la polis pe fer baraz. Dans lezot landrwa si ena enn de polisie par-si par-la, dimoun pa kas la tet. Ena pe met ti latab dan kwin pe zoue karo ou swa kart, ena pe asize kot laboutik pe bwar. Pena kontrol. Konfinnman la pe deroul kouma enn vakans », dit-il, anxieux de la situation.

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