Covid-19 et démocratie régionale : Municipales : Tollé contre le renvoi sine die

– Par simple décret du président de la République, le scrutin dans les cinq villes du pays, soit la moitié de l’électorat, qui devrait se tenir cette année, annulé

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– Comme ce fut le cas l’année dernière, les nouveaux registres d’électeurs n’entreront en vigueur qu’à partir 15 octobre au lieu du 16 août

– L’échéance pour les prochaines élections de l’Assemblée régionale de Rodrigues interviendra au plus tard en février 2022

La décision annoncée par le gouvernement de renvoyer les élections municipales qui devraient se tenir cette année et les Writs of Elections dans les cinq villes attendus incessamment soulève un tollé au sein de la classe politique. Dorévanant, par simple décret du président de la République, le scrutin dans les villes pourra être renvoyé. En effet, le vice-Premier ministre et ministre des Administrations régionales, Anwar Husnoo, sera appelé à expliciter la démarche du gouvernement de l’Alliance Morisien par voie d’un amendement à la Local Government Act avec comme carotte constitutionnelle le fait que dorénavant les Writs of Elections, que ce soit pour les municipales ou les villageoises, doivent être publiés dans un délai maximal de 60 jours après la dissolution de ces instances, alors que jusque-là, c’était un vacuum quant à cette obligation.

En parallèle, comme ce fut le cas l’année dernière avec la première vague de Covid-19, les nouveaux registres d’électeurs, compilés annuellement par la Commission électorale, n’entreront en vigueur qu’à partir du 15 octobre au lieu du 16 août. D’autre part, avec l’échéance pour les prochaines élections de l’Assemblée régionale de Rodrigues intervenant au plus tard en février de l’année prochaine, la Commission électorale se prépare à se mettre à l’heure des procédures pour les élections dans les six wards de Rodrigues.
Très probablement en raison du renvoi des municipales, le communiqué émis par le gouvernement après les délibérations du Conseil des ministres de vendredi et l’Order Paper pour la séance de l’Assemblée nationale de mardi n’avaient pu être consultés aux heures habituelles, mais bien plus tard dans la soirée de vendredi. Toutefois, les réactions dans les rangs de l’opposition dénonçant cette atteinte aux droits démocratiques des citadins ne se sont pas fait attendre, alors que les dénonciations pourraient aller crescendo jusqu’aux débats en deuxième lecture de ce projet de loi, probablement le mardi 18. D’autant plus que l’année dernière, à la sortie de la première vague de coronavirus, le gouvernement avait confié à la Commission électorale la mission d’organiser des élections villageoises dans des délais extrêmement serrés.
Au nom de l’Alliance de l’Espoir, lors du point de presse d’hier, le leader du MMM, Paul Bérenger, a condamné sans réserve cette décision du gouvernement de renvoyer les élections municipales et cela sans aucun engagement quant à la date du scrutin reporté. « Le fait que le gouvernement décide de renvoyer ces élections sans prendre d’engagement de les organiser aussitôt que la situation le permettra est inacceptable. Cela aurait dû avoir été inscrit dans le projet de loi qui a été circulé », dénonce-t-il. Et de s’interroger quant au fait que « si la pandémie de Covid-19 perdure des années et des années encore, est-ce que le gouvernement renverra toujours et encore les municipales? »
Fuite en avant
Interrogé dans la soirée d’hier, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, trouve que « nous pouvons comprendre qu’avec la recrudescence du nombre de cas de Covid-19, dans un esprit patriotique et dans l’intérêt national, le gouvernement ne favorise pas des réunions politiques à être organisées par les partis et candidats pour la campagne en marge des élections municipales et donc a préféré un renvoi. Mais c’est absolument inacceptable que la loi ne fasse pas provision qu’on appelle les élections aussitôt que la situation sanitaire le permet. Pourtant, ce même gouvernement annonce la réouverture des frontières pour bientôt et a indiqué au Fonds monétaire international qu’en juillet prochain, nous aurons atteint la herd immunity en ce qui concerne la vaccination. Ils sont pris dans leur propre piège et nous n’allons pas accepter qu’il y ait un renvoi sine die de ces élections municipales. »
Pour le leader du Parti Travailiste, Navin Ramgoolam, ce renvoi des municipales n’est qu’une fuite en avant du gouvernement, qui sait pertinemment bien qu’il ne peut affronter l’électorat urbain tant qu’il est impopulaire. « C’est une excuse que le gouvernement a trouvée. Il ne faut pas oublier que malgré le contexte similaire l’année dernière, les élections villageoises avaient bel et bien eu lieu. Alors … Il n’y a pas de raison de renvoyer ces élections, si ce n’est ki zot kone ki la defet pou la et li pou retentisan », déclare-t-il en début de soirée d’hier.
Ashok Subron, de Rezistans & Alternativ, maintient que ce renvoi des municipales relève davantage de motivations anti démocratiques que sanitaires. « Etan done inkoerans total gouvernman Jugnauth lor zesion saniter deziem vag Kovid-19 dan Moris, etan done so postir otoritarist pou aplik lasansir lor lavwa lepep avek so ICTA paper, desizion pou ranvway eleksion minisipal paret ena plis pou fer avek bann motivasion anti-demokratik ki saniter », devait-il s’appesatir.
Commentant le contexte général, le militant de Rezistans & Alternativ ajoute que « koumadir lepep bon zis pou travay ek konsome. San liberte rasanble plis ki 10 dimounn, san liberte lwazir sin — laplaz-zardin-park, san liberte exprime lor rezo sosio ek san liberte vote dan enn lekzersis demokratik. » Tout en qualifiant cette démarche de soupçonnable, il ajoutera que « mo osi remarke ki amandman dan proze de lwa permet bann ranvwa pou 1 an 2-an, alor ki kapav pena okenn lirzans pandemik. »
Avec le renvoi des élections municipales, qui jusqu’à vendredi était high on the agenda de la Commission électorale, la priorité se déplace vers Rodrigues où, techniquement, le mandat de la présente Assemblée régionale arrivera à terme en février de l’année prochaine. La question qui se pose dans la conjoncture est de savoir si le scrutin dans les six wards de l’île pourrait se dérouler avant la fin de cette année.
Nouvelle bataille
électorale
« À ce stade, il n’y a aucune indication dans ce sens comme dans l’autre. Mais tout est possible, avec le gouvernement central susceptible d’être tenté de prendre avantage d’une window of opportunity en cette fin d’année pour éviter la période cyclonique du début d’année et vu que jusqu’à l’heure également, Rodrigues is really a Covid-Free Island », indique-t-on dans certains milieux.
L’autre question qui passionne sur l’échiquier politique régional est de savoir si le leader historique de l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR), Serge Clair, du haut de ses 80 ans bien révolus, sera candidat à sa propre succession en tant que chef commissaire du gouvernement régional. Dans les rangs de l’OPR, il semblerait que jusqu’à preuve du contraire, le Père de l’Autonomie de Rodrigues se prépare à mener ses troupes dans une nouvelle bataille électorale.
Toujours en ce qui concerne le calendrier de la Commission électorale, en raison du lockdown de la deuxième vague, un réaménagement s’impose avec la date of coming into force of the register of electors fixée au 15 octobre au lieu du 16 août. De ce fait, la date limite pour des claims par rapport aux listes d’électeurs sera le 31 juillet, alors que l’échéance pour les objections sera le 24 août. À cette même date, la Commission électorale devra procéder à la purge des listes officielles en éliminant les noms des électeurs décédés sur la base des returns soumis par l’État civil.

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