COVID-19 : Le secteur de l’automobile au point mort

2 000 véhicules invendus sur le marché

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Le marché de la vente de véhicules neufs est en grande difficulté. Ce secteur du commerce représente un potentiel de plus de 10 000 véhicules neufs et de quelque 4 000 Reconditioned chaque année et une enveloppe de quelque Rs 18 milliards sous forme de Leasing  Facilities selon les derniers chiffres de la Banque de Maurice. Le confinement a, en effet, asphyxié les concessionnaires automobiles et un éventuel retour à la normale, même une fois le confinement levé, relève à ce stade de la chimère…  Car pour certains concessionnaires, ce n’est pas avant 2023 que l’on pourrait espérer une vraie reprise sur ce marché. C’est dire à quel point le secteur est en eaux troubles pour ne pas dire au point mort…

Un état des lieux que confirme Mrinal Teelock, secrétaire administratif de la Motor Vehicle Dealers Association (MVDA) : « Sur le plan financier, c’est la catastrophe, comme on le devine. Il n’y a pas de ventes, donc pas de revenus. » Depuis six semaines, le « backlog » de véhicules non vendus sur le marché se chiffrerait, selon lui, à 1 500, mais d’autres concessionnaires parlent de 2 000 véhicules neufs invendus. Même après le confinement, il est clair que l’achat de véhicules ne sera pas la priorité des entreprises, donc les concessionnaires de véhicules neufs « souffriront énormément », observe Mrinal Teelock.

Axess, un des principaux concessionnaires du pays, avec 22% de parts de marché, n’est pas épargnée par la crise. « Le marché s’est éteint ! Nous essayons d’élaborer des stratégies pour essayer de nous en sortir, mais le manque de visibilité rend cette tâche difficile », explique Antoine d’Unienville, le CEO de l’entreprise. Le principal souci tient du fait que le marché du neuf est interconnecté à celui du secteur touristique notamment – lui-même en grande difficulté –, car les opérateurs touristiques (réceptifs, loueurs de voitures, etc.) sont des clients importants pour le marché de la vente de véhicules neufs.

« Ce que les concessionnaires ont perdu en six semaines, ils ne pourront jamais le récupérer. C’est une perte sèche. Cela d’autant qu’en plus du confinement l’économie est actuellement en récession et qu‘il faut s’attendre à une contraction considérable sur le marché durant les prochains mois », observe le secrétaire administratif de la MVDA. Et depuis le « lockdown », comme la majorité des entreprises du pays ne fonctionnent pas de manière optimale, elles n’ont pas besoin de nouveaux véhicules. Donc le pessimisme est de mise pour les mois à venir. Actuellement, certaines compagnies arrivent à faire face, mais toutes ne sont pas logées à la même enseigne.

L’autre problème qui inquiète également les opérateurs du secteur, c’est le stockage des véhicules. « Le stock est actuellement très élevé. Les véhicules ont été commandés, ils débarquent, mais ne sont pas achetés, et donc le stock s’accumule », fait-on comprendre dans les milieux concernés. Et comment vendre ces véhicules surnuméraires alors que l’économie locale est en récession ? Le stock actuel est d’environ 6 à 7 mois  alors que, normalement, il devrait être de 3 mois. « Le surstockage pour les membres de la MVDA représente actuellement une valeur de Rs 1 milliard… » fait comprendre Mrinal Teelock. Ce que l’on confirme chez Axess : « Il y a déjà trop de véhicules en stock et les commandes faites avant la crise continuent de débarquer. Cela implique que les concessionnaires doivent payer leurs fournisseurs, d’où une pression énorme sur le ‘cash-flow’, car il n’y a aucun revenu », affirme Antoine d’Unienville.

À ce stade, Mrinal Teelock ne s’aventure pas à dire si certains concessionnaires se verront dans l’obligation de mettre la clé sous le paillasson. Mais les 1 800 employés de ces neuf concessionnaires membres de la MVDA sont actuellement sur le qui-vive, ne sachant pas de quoi demain sera fait, un peu comme dans la majorité des autres secteurs économiques d’ailleurs. À ce jour, les concessionnaires sont entièrement à l’arrêt, seule une très petite partie du personnel assure le service après-vente dans les garages à la demande des autorités pour l’entretien des véhicules. Chez Axess on refuse d’envisager de licencier à ce stade, et l’objectif est de « garder tout le monde à bord ».

L’autre souci, c’est qu’avec la fermeture des frontières, il y a une rupture dans la chaîne de distribution, notamment pour les pièces de rechange. « On ne sait pas de quoi demain sera fait. Rien ne sera comme avant, et cela prendra plusieurs semaines avant un retour à la normale », prévoit Mrinal Teelock. Antoine d’Unienville prévient : « La situation ne va pas s’améliorer dans les prochains mois, car elle s’est fortement dégradée. C’est clair qu’à la reprise, la priorité des entreprises, et même des PME, ne sera pas l’achat de véhicules, car ils seront eux-mêmes en difficulté. L’achat de véhicules est le premier item de dépenses que ces entreprises retarderont au maximum. Et même concernant les particuliers, nous prévoyons que le marché ralentira fortement. Nous allons beaucoup souffrir. » Donc, malgré le déconfinement, le moral est loin d’être au beau fixe, car les concessionnaires se préparent à une reprise très lente, avec des volumes d’affaires nettement inférieurs à ceux d’avant le Covid-19, car « la demande s’écrasera dans les prochains mois », selon le CEO d’Axess. Certains concessionnaires estiment même qu’il faudra attendre trois ans avant une vraie reprise du marché du neuf… Du côté de la MVDA, l’heure est aux discussions avec les autorités pour voir comment sauver ce secteur d’activités de la faillite.

 

 

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