COVID-19 — Réouverture partielle : Des « traser lavi » défient sans scrupule le confinement

La force policière impuissante face aux mouvements des personnes avec ou sans WAP dans la capitale

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Le non-respect de l’ordre alphabétique, des gestes barrières ou encore du port approprié du masque de plus en plus préoccupant

L’on se croirait dans des foires publiques dans plusieurs quartiers de l’île, notamment samedi, avec des foules de personnes dans les rues pour prendre avantage du nouveau contexte du confinement annoncé par les autorités jeudi dernier. Mais visiblement, ce sont les « traser lavi », comme on les surnomme, ces marchands de rues, qui ont réussi à défier ce nouveau mode de confinement imposé à la population. En effet, le constat était clair dans certaines régions périphériques de la capitale où les forces de l’ordre ont été clairement dominées sur le terrain notamment avec la circulation des automobilistes mais aussi avec des commerçants opérant avec ou sans Work Access Permits (WAP).

C’était l’anarchie au niveau de plusieurs régions de la capitale, notamment du côté du faubourg de l’Est en direction de la rue Desforges où la circulation était plus dense qu’en jour normal. Les citadins avaient visiblement oublié que la situation sanitaire dans le pays était grave et que reste en vigueur un Temporary Restriction of Movement Order émis dans une tentative de neutraliser la propagation de la COVID-19.

Que ce soit du côté des consommateurs aussi bien que des commerçants, chacun était en mode « tras lavi » après plus de vingt jours d’inactivité et la plupart des commerces fermés. Ainsi, au niveau de la région de Vallée des Prêtres, surtout le long de la route, plusieurs habitants, qui sont agriculteurs ou encore maraîchers, exposent leurs légumes devant leurs portes. « Pa mank legim dan Vallée des Prêtres. Nou pe bizin tras nou lavi ek rekiper nou kas. Nounn fer bokou lapenn pou tret sa bann plantasion-la », laisse entendre un des habitants ayant installé une table devant sa porte. « WAP pa WAP, bizin van sa bann legim-la avan zot pouri », laisse entendre le quinquagénaire. « Ou krwar nou pou gagn letan al gete kisannla pe vinn aste. Zis seki kapav fer se dimann bann klian pou gard distans », concède le vendeur de légumes.

L’on note que des habitants d’autres régions de la capitale y convergent pour venir s’approvisionner en légumes frais. « Mo fini vinn ravitay mo bann legim isi, pou mwa ek mo lafami. O nivo Vallée des Prêtres pena bel bel chek lapolis. Me tou pe pas dan kalm », laisse entendre un des acheteurs.
La circulation est toutefois au ralenti devant le supermarché de la région. Les clients garent leurs voitures dans les deux sens, perturbant ainsi la fluidité de la circulation. Pour faire respecter les gestes barrières, les responsables de ce supermarché ont opté pour la fermeture de leur aire de stationnement. Les clients n’ont pas accès au parking et l’on assiste depuis à des problèmes dans la fluidité du trafic routier. Cette cacophonie, selon certains clients, est causée par le fait qu’il n’y a plus de contrôle au sujet des sorties aux supermarchés par ordre alphabétique.

« Koumadir tou finn retourn ala normal. Dimounn pe sorti mem si pa zot zour sorti. Pena okenn kontrol, okenn chek. Ni dan supermarket ni lapolis si pa pe verifie nanyin. Be dimounn-la pou vini mem », affirme pour sa part un des habitants de la localité.
En arrivant au niveau de la route A.R. Mohamed Street, plus connu comme Route des Pamplemousses, l’on réalise à quel point le public défie ce confinement. Cet axe routier reliant le Nord à la capitale est la preuve même que les autorités, dont la police, ne parviennent plus à contrôler les mouvements et la circulation dans cette région de Port-Louis. Les deux voies ont été constamment bloquées hier en raison du nombre d’automobilistes qui y ont circulé.

Les commerces avaient repris, notamment des boutiques, des quincailleries mais aussi des magasins de vêtements entre autres. « Pe bizin tras nou lavi. Komie zour ankor pa pou travay ? Ena fet Pak la. Biento Ramadan ek Eid. Nou bann lartik ek kas ki nou finn expoze pa kapav kontinie res koumsa mem », laisse entendre un commerçant. Certains « traser lavi » ont simplement rempli leurs fourgonnettes ou vans avec leurs produits ou encore leurs articles et attirent des clients.
« Ou trouv ena konfinnman la ou ? Be dimounn-la deor, kouma pou fer si kontinie les nou bann lartik konfi andan ? », se demande un des marchands. Ce dernier explique qu’il préfère effectuer quelques ventes « kouver fre » d’autant plus qu’il ne sait pas quand il pourra opérer son étal au niveau du marché de Port-Louis.

Des marchands de « roti » et de « dalpuri » sont également revenus dans le circuir, certains au vu et au su de beaucoup, d’autres tapis derrière leurs portes. « Dimounn-la ki pou manze ? Tou fast-food ferme. Be touzour nou gagn enn ti lavi », laisse entendre un des marchands de la farata qui au vu des files d’attente à son point de vente laisse déjà entrevoir qu’il a fait de bonnes affaires.

Dans certains endroits, les gestes barrières ne sont pas respectés. Les clients dans plusieurs cas ont fait fi de la distanciation sociale d’un mètre préconisée. Beaucoup portaient mal leurs masques, cela sans que les policiers puissent intervenir. « Komie lapolis si pou kapav fer ? Dimounn-la mem pa le konpran. Ziska ler ena ankor pa pe met mask sorti. Fode viris-la rant dan Porlwi pou zot konpran », concédait un policier en fonction.
Au niveau du Square Khadafi en direction de la rue Desforges, la situation est tout autre. Plusieurs commerces sont restés fermés. La plupart des magasins n’ont pas encore obtenu leurs WAP. C’est plutôt ceux qui sont dans le business de « vann manze » qui ont mobilisé plus de clients. Mais quand même il y a eu aussi quelques « traser » qui ont haussé les volets jusqu’à ce que des policiers leur ont rendu visite. Dans certains cas il n’y a pas eu de vérification, ce qui arrange des commerçants. Quelques magasins, des quincailleries et quelques grossistes ont opéré au niveau des rues La Corderie ou encore rue Royale. Mais déjà le nombre de personnes dans les rues commence à faire tiquer les autorités sanitaires qui concèdent que plusieurs Mauriciens ne cernent les dégâts que l’on pourrait assister à ce rythme dans les jours à venir.

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