CYCLE SECONDAIRE — Post-COVID-19 : Casse-tête chinois à l’Éducation pour les examens de SC et de HSC

Négociations toujours en cours avec Cambridge pour des questionnaires spécifiques pour Maurice, mais avec un coût additionnel

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Lucien Finette (ancien directeur du MES) : « Un coût très fort à payer pour des questionnaires spécifiques pour Maurice en mai/juin »

La question du renvoi des examens de SC/HSC revient en avant-plan avec le flou entourant les syllabus des matières pour les épreuves prévues en mai/juin 2021. La même demande insistante dans les écoles depuis quelques jours en direction de l’Education : « Communiquez sur ces examens de 2021 Mme la ministre ! Il est temps de nous éclairer. » Officiellement, une lettre-circulaire sera envoyée « très bientôt » dans les écoles à ce sujet, ajoutant qu’il n’y aurait « pas lieu de paniquer ». Par ailleurs, le report de ces examens de Cambridge donne lieu toujours à des opinions divergentes : d’un côté, ceux qui pensent que la tenue de ces examens cette année était possible si le ministère avait pris en considération les propositions soumises par les écoles au sujet du retour des enfants en classe et du calendrier scolaire, et de l’autre, ceux estimant trop courte la période de préparation pour que les élèves prennent part à ces épreuves avant la fin de l’année.
Après le syndicat des recteurs du secondaire d’Etat, la Fédération des managers des collèges privés a pris le relais pour lancer un appel à la vice-Première ministre et ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, pour éliminer « toute confusion ». Mais d’abord, Bashir Taleb, président de cette fédération, dit espérer « ardemment le même programme d’études » pour toutes les matières afin de ne pas créer, dit-il, « des injustices et stresser davantage les élèves ».
Il poursuit : « Il y a déjà beaucoup d’incertitudes dans la vie de tous les jours pour beaucoup de personnes dans le sillage de COVID-19 et la ministre de l’Education ne doit pas en rajouter avec son silence sur le syllabus. Qu’il y ait changements ou pas, il est l’heure de communiquer clairement, parce que la confusion est déjà présente après avoir pris connaissance de ce que dit Cambridge sur son site par rapport aux examens de 2021. Il faut rassurer immédiatement les candidats et les enseignants. »
Aux dires de Lucien Finette, ancien directeur du Mauritius Examination Syndicate (MES), les candidats mauriciens prenant part chaque année aux examens de mai/juin doivent se conformer au curriculum prescrit. « Ce sont des examens internationaux, et il n’y a pas de questionnaires spécifiques pour Maurice, comme c’est le cas pour les évaluations de novembre », fait-il ressortir. Plusieurs matières ne sont pas proposées aux examens de mai/juin, comme certaines langues asiatiques ainsi que des matières requérant des “Course Works”, telles “Communication”, “Design and Technology” et “Entrepreneurship”.
Lucien Finette apporte un éclairage sur les implications concernant une éventuelle participation des candidats mauriciens aux examens de mai/juin. D’abord, il souligne que le syllabus de ces examens est connu généralement au moins trois ans à l’avance. « Au cas où les autorités demandent à Cambridge des Mauritius Only Papers en mai/juin, il y a des d’ajustements à faire au niveau du syllabus par Cambridge, et cela exige une longue préparation. Sans compter qu’il y aura un coût très élevé à payer puisqu’il s’agit d’un petit nombre d’élèves. » Sur ce point, il faut savoir qu’une somme de Rs 12 900 aurait dû être déboursée (pour ceux non éligibles aux subventions) pour sept matières au niveau de la SC si la COVID-19 n’était venue chambouler le calendrier, et pas moins de Rs 16 125 pour le HSC. Déjà en 2015, le gouvernement avait d’ailleurs dû dépenser Rs 374 millions pour les frais d’examens.
Lucien Finette poursuit : « Dans un laps de temps très court, Cambridge devra préparer des questionnaires qui soient acceptables au niveau international. Même s’il s’agit de Mauritius Only Papers, cela doit être testé en Angleterre avant d’être soumis. Je ne serai pas étonné que les négociations avec Cambridge soient toujours en cours si le MES a demandé un changement de syllabus pour toutes les matières. »
L’ancien responsable du MES poursuit : « la tenue des examens internationaux demande toute une organisation, car il ne s’agit pas que de l’envoi des questionnaires à Maurice et de faire s’asseoir des candidats dans un centre d’examens. Il y a une batterie d’éléments à prendre en considération pour que le MES puisse organiser ces examens de mai/juin sans problème. »
Le MES serait toujours « en négociation avec Cambridge » et on n’écarte pas une augmentation importante des fees à l’examinateur anglais. Dans de tels cas, les candidats ne bénéficiant pas de la subvention gouvernementale pour les “fees” d’examens auront à débourser beaucoup plus. « Who will bear the cost ? » se demande-t-on dans les milieux du ministère. « On nous a dit que le ministère enverra une circulaire quand tout sera finalisé avec Cambridge », déclare un chef d’établissement.
Toujours est-il que le report des examens de SC/HSC à l’année prochaine suscite encore des désaccords dans le secondaire d’Etat et privé. « Durant le confinement, le ministère avait reçu plusieurs suggestions pour l’organisation de l’école afin de se concentrer principalement sur les classes de SC/HSC en vue des examens cette année, mais les propositions envoyées par des enseignants et des recteurs ont été complètement ignorées », disent ceux qui étaient en faveur de la tenue de ces examens cette année. Ils ajoutent que des enseignants, par le biais des “On-Line Courses”, avaient, à la reprise des classes, au 1er juillet, « beaucoup avancé » dans le programme d’études pour les examens de cette année, et qu’il y a eu « un bon nombre de réguliers » à ce type de cours. « Il y a des élèves qui ont suivi avec assiduité ces cours en ligne et qui sont prêts à participer aux examens, qui se tiennent en novembre habituellement », indiquent avec assurance ces enseignants.
Ces derniers sont d’avis que le ministère devrait permettre à ces élèves d’y participer. D’autant que Cambridge maintient ses examens de novembre pour les candidats qui sont hors de l’Angleterre. Quelques-uns de ces élèves ont confirmé à LeMauricien leur désir de prendre part à ces examens, ayant « terminé ke syllabus pendant le confinement».
D’ailleurs, des “repeaters” en SC et en HSC ne sont pas éligibles à la subvention gouvernementale pour les frais d’examens et plusieurs d’entre eux voudraient avoir la possibilité de participer aux examens cette année, faisant remarquer qu’ils sont familiers au contenu du syllabus depuis longtemps. « Je veux améliorer mes résultats et c’est décourageant d’avoir à attendre l’année prochaine pour prendre part une deuxième fois aux examens de HSC. Je vais payer pour mes examens, et je ne concours pas pour une bourse d’études. Alors le ministère ne devrait pas me priver de cette possibilité de prendre part aux examens cette année », lance un jeune Curepipien, qui avait prévu de démarrer en février 2021 une formation professionnelle dans le domaine de la décoration intérieure.
Mais il y a aussi ceux qui ne retrouvent rine à redire par rapport au report des examens. Selon des observations des enseignants, il y a eu « un relâchement » dans les études chez beaucoup d’élèves, sachant que les examens se tiendront à une date plus éloignée. « En temps normal, durant les périodes libres, les élèves de SC/HSC sont soit à la bibliothèque, soit en train de travailler en classe. Ce n’est pas le cas actuellement. On les voit très détendus et en train de faire la conversation. Il n’y a pas de motivation chez eux pour le moment, malgré les conseils des profs », confie un chef de département.
Par ailleurs, la date butoir pour la soumission des “course works” (travaux pratiques couplés à la présentation d’un dossier écrit déclinant les différentes étapes vers la réalisation de l’ouvrage), obligatoires pour certaines matières, est toujours inconnue et constitue une autre source de préoccupation parmi les candidats concernés. Soulignons que la réalisation des “course works” se fait sous la “guidance” de l’enseignant de l’école et sous la supervision des “Moderators” du MES. Ces derniers assurent un contrôle sur le travail en cours en se rendant dans l’établissement du candidat à des dates bien spécifiques. En temps normal, le délai pour la soumission des “course works” est le mois de septembre et les candidats profitent généralement des vacances du mois d’août pour finaliser leurs travaux.
Actuellement, et à la demande du ministère, les recteurs, avec la collaboration de leurs chefs de département, ont déjà établi un plan de travail jusqu’à la fin du second trimestre, fixé au 27 novembre, et en tenant compte d’une semaine de pause, soit du 17 octobre au 25 octobre. Mais selon plusieurs chefs d’établissement, le grand défi, jusqu’à la tenue des examens, l’année prochaine, est : « Comment maintenir l’intérêt des élèves pour venir à l’école et les motiver en classe, surtout dans le cas des candidats brillants, mais aussi pour les “repeaters” qui ont déjà terminé le syllabus depuis l’année dernière ? »

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