DÉCOLONISATION ET SOUVERAINETÉ — Chagos : Washington s’aligne derrière Londres face à Maurice

L’US State Department maintient que « a change of ownership of Diego Garcia could have a negative impact on American security »

- Publicité -

L’ambassadeur Koonjun plaide pour des tripartites Port-Louis/Londres/Washington « to come to a solution that takes into account the needs and interest of each and every one of us »

Londres : « The modification (of BIOT) by the UN does not alter, or determine, sovereignty of the Chagos Archipelago and it makes no difference to the UK’s position »

En marge du dernier verdict en date émis par les instances judiciaires déboutant les Chagossiens dans leur revendication pour un retour des plus légitimes dans leur archipel natal, les États-Unis s’alignent derrière le Royaume-Uni dans leur obstination à faire fi de la résolution 73/295 du 22 mai 2019. C’est ce que semble confirmer le State Department des États-Unis, selon une récente édition du Washington Times. En parallèle, le gouvernement de Boris Johnson ne fait pas grand cas de la décision du secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, de procéder à la modification de la mappemonde politique en éliminant l’inscription du British Indian Ocean Territory (BIOIT) et en le remplaçant par les Chagos. C’est ce qu’a déclaré à la Chambre des Lords la Baroness Sugg suite à une interpellation de Lord Jones of Cheltenham. Entre-temps, le représentant permanent de Maurice auprès des Nations unies, à New York, Jagdish Koonjul, tente d’accentuer la pression pour tenter d’infléchir la position de Londres par rapport à la résolution adoptée aux Nations unies par une majorité de 116 contre 6.

Les dernières indications émanant de Washington indiquent qu’aucun changement n’est intervenu quant à la position des Américains sur le dossier des Chagos, et surtout la base militaire à Diego-Garcia. Un premier facteur majeur est que, dans une année, avec les élections présidentielles aux États-Unis programmées pour le premier jeudi de novembre prochain, l’on ne devrait pas s’attendre à voir l’Incumbent President se pencher sur des changements majeurs sur des dossiers stratégiques et surtout de défense.

Mais, réagissant à ce qui est présenté aux États-Unis et au Royaume-Uni comme « a concerted international push to reclaim the 17-Mile Island », le State Department des États-Unis est monté en première ligne à la fin de juillet pour préciser sa position. Ainsi, le quotidien Washington Times souligne que « the Trump administration is standing firm against those arguments », tout en ajoutant que « State Department officials told that the UD unequivocally supports UK sovereignty over the islands and suggested that a change in ownership of Diego Garcia could have a negative impact on American security ».
Le quotidien de Washington, citant un porte-parole du Département d’État, fait ressortir que « this joint facility plays a critical role in maintaining regional and international peace and security ». Et d’ajouter : « Its status as a U. K. territory is essential to the value of the joint U. S.-U. K. base on Diego Garcia and our shared security interests. The specific arrangement involving the facilities on Diego Garcia is grounded in the uniquely close and active defense and security partnership between the United States and the United Kingdom. It cannot be replicated. »

Une façon pour l’administration américaine de s’aligner derrière ses alliés britanniques et écarter toute velléité d’ajustement géopolitique dans l’océan Indien, même en prenant à contre-pied des analyses des spécialistes en matière de droit international. Ainsi, le Washington Times cite Mark Rosen, Senior vice-president and General counsel au Center for Naval Analyses, un expert en droit maritime. « Time is not on the side of the US and UK. You can’t run out the clock on this. Some sort of action needs to be taken now », fait-il comprendre.

Tout en prenant en compte ces desiderata politiques, Maurice continue à accentuer la pression sur Londres. Intervenant lors d’une Panel Discussion à l’initiative du Center for the National Interest à New York la semaine dernière, l’ambassadeur Koonjul s’est appesanti sur la principale ligne offensive de Maurice, notamment l’achèvement du processus de décolonisation de Maurice avec le retour de l’archipel des Chagos sous la souveraineté de la République.

« It is a matter that is deeply rooted in history », soutient Jagdish Koonjul, en poursuivant que « for any country to be able to maintain a colonial system in this century is, I think, totally unacceptable ». Et de poursuivre : « We would like the UK to talk both to the US and to Mauritius, and I think together the three countries should be able to come to a solution that takes into account the needs and interest of each one of us. »
Toutefois, avec l’obstination de Londres réaffirmant à tout bout de champ que « we will continue to seek a bilateral solution to what is a bilateral dispute with Mauritius », le dialogue de sourds sur le dossier des Chagos devra durer encore longtemps. En effet, Londres ne semble pas vouloir abdiquer de sa position en dépit des changements intervenus sur la mappemonde politique des Nations unies décidés en février dernier et annoncés officiellement en juin de cette année.

« The UK notes that the designation of the British Indian Ocean Territory has been modified on maps produced by the UN, following UN General Assembly Resolution 73/295. This resolution is not legally binding and the UK voted against its adoption », déclare la Baroness Sugg à la Chambre des Lords suite à une récente interpellation de Lord Jones of Cheltenham. Elle soutient également que : « This modification by the UN does not alter, or determine, sovereignty of the Chagos Archipelago and it makes no difference to the UK’s position, which we have consistently made clear. The UK has no doubt about our sovereignty over the Chagos Archipelago. Mauritius has never held sovereignty, so we do not recognise its claim. We have, however, made a long-standing commitment to cede sovereignty of the territory to Mauritius when it is no longer required for defence purposes. We stand by that commitment. »
Affaire à rebondissements à suivre…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -