Dégradation des moeurs : Y a-t-il une perte des valeurs chez les jeunes ?

Le récent incident impliquant de jeunes participants à un rallye illégal et des policiers de même que l’inquiétante consommation de drogues synthétiques chez les adolescents ont porté plus d’un à penser qu’il y a un déclin des valeurs dans cette tranche d’âge. Mais qu’en est-il vraiment ? Pavi Ramhota, anthropologue et sociologue, observe qu’à travers le monde, le contrôle sur les enfants s’est affaibli, du fait notamment de la disparition des familles élargies traditionnelles et de l’augmentation de foyers monoparentaux, la femme étant le plus souvent à la tête de ce type de famille. Il cite aussi l’avènement des nouvelles technologies, qui font partie intégrante de la vie des jeunes d’aujourd’hui. Il parle du nouveau phénomène appelé « Facebook Depression », qui est « en hausse ».

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Ajoutant qu’il y a « aussi le fait que les femmes ont rejoint le marché du travail et l’augmentation de l’impermanence des couples ». De son côté, Sister Gaitree, responsable de la Brahma Kumaris World Spiritual University du Nord et de Port-Louis, se dit d’avis que le déclin des valeurs ne concerne pas que les jeunes, mais la société en général. « Nous sommes tous responsables. C’est une responsabilité collective », dit-elle. Pour elle, les valeurs ne sont pas perdues. « Elles sont toutes cachées, enfouies à l’intérieur de chacun. » Elle estime que la solution aux événements dans lesquels nous nous retrouvons empêtrés « se trouve dans cette recherche de notre identité spirituelle » et dans le changement de notre manière de penser. Paula Atchia, pédagogue comptant plus de 50 ans d’expérience dans l’éducation à Maurice et en Afrique, et ayant travaillé dans des collèges confessionnels et privés, estime pour sa part qu’il « n’y a pas suffisamment de personnes qui fonctionnent comme des modèles pour la jeune génération ». Elle constate que les parents « sont dépassés », même s’ils « voudraient faire les choses bien ». Selon elle, que ce soit à l’école ou dans la société, la discipline est basée sur le respect. « Quand les chefs sont au-dessus de tout reproche, il y a la discipline », dit-elle. Elle ajoute que la force morale a plus d’impact que la punition.


PAVI RAMHOTA (anthropologue et sociologue) :
« Les réseaux de soutien à la famille sont en déclin »

Suivant la récente agression sur un policier au cours d’un rallye illégal, certains sont d’avis qu’il y a une perte des valeurs chez les jeunes. Partagez-vous cette opinion ?
C’est facile de dire qu’il y a un déclin de valeurs humaines chez les jeunes. Quelques questions pertinentes devraient être soulevées. Quelles sont les valeurs qui devraient être inculquées aux jeunes ? Est-ce qu’on a listé les valeurs qui doivent être inculquées ? Est-ce que nos chefs religieux font quelque chose à ce niveau ? Que font nos politiciens par rapport à ce problème ? Dispose-t-on d’un programme d’études approprié au niveau primaire, secondaire et tertiaire pour lutter contre ces problèmes ? La question d’agression sur un policier n’a rien à voir avec les valeurs humaines mais a trait à la loi. Si les jeunes, qui se sont rebellés contre la police, étaient au courant des conséquences de leur mauvaise conduite, ils auraient réfléchi à deux fois. Beaucoup de jeunes, aujourd’hui, ont des liens politiques et pensent qu’ils peuvent passer outre la loi. Ou ils peuvent être sous l’influence de l’alcool ou de la drogue ou encore quand ils sont en groupe. C’est très facile de pointer du doigt les valeurs mais ce n’est pas aussi simple.

Comment expliquer que des jeunes n’ont plus peur de la police ?
Notre système est tel que nous ne devrions pas avoir peur de la police. Quand on voit des policiers nouvellement recrutés, ils paraissent immatures et ont peur de faire face à de telles situations. Ils peuvent facilement être intimidés. Beaucoup sont amis avec les jeunes car ils font eux-mêmes partie de la jeunesse. Nos policiers ne sont pas bien formés. D’abord, ils devraient savoir comment parler aux gens et être polis. Les mots qu’ils utilisent ne sont pas appropriés. Ils devraient savoir comment se comporter avec les membres du public. Or, souvent, ils entretiennent des relations conflictuelles entre eux-mêmes. Ils devraient être des exemples pour le public.

Cette situation est-elle imputable, selon vous, à notre système éducatif, trop centré sur l’académique ?
Des recherches sur les jeunes devraient être menées avec pour but de trouver des réponses sur cette tranche d’âge pour mieux les comprendre et faire de sorte que ces recherches débouchent sur des prises de décision au niveau national. Le paradigme de la recherche peut être caractérisé comme étant du type “treatment and rescue”. Ces recherches devraient avoir pour objectif de mieux éduquer et guider ce groupe de personnes. Nous avons un manque cruel de recherches sur les jeunes à Maurice et à Rodrigues. On ne doit par ailleurs pas oublier que nos jeunes sont désormais influencés par des personnes d’autres cultures comme les travailleurs étrangers de Bangladesh, de Madagascar, de l’Inde, de Sri Lanka ou de Chine. La prostitution se répand rapidement dans notre tissu social et nos jeunes deviennent des victimes faciles de ces maux.

Les parents ont-ils failli de leur côté dans leur rôle ?
À travers le monde, les réseaux de soutien à la famille sont en déclin et la proportion de ménages gérés par un seul parent est en augmentation. Les familles élargies traditionnelles sont en train de disparaître progressivement et le nombre croissant de ménages dirigés par des femmes est un facteur qui contribue à la féminisation de la famille dans ce pays. Les parents ne sont pas en situation de contrôle de leurs enfants. L’éducation se fait dans des institutions formelles comme dans les maternelles. Il y a ensuite la révolution technologique et la révolution du genre qui ont bouleversé des institutions telles que la famille traditionnelle patriarcale et les normes familiales dans la société. Il y a aussi le fait que les femmes ont rejoint le marché du travail et l’augmentation de l’impermanence des couples.

Ne pensez-vous pas qu’il faut introduire des cours de civisme ou de valeurs humaines dans les écoles ?
Qui enseignera ces valeurs humaines? Aussi longtemps que ce sera une matière examinable, les élèves l’apprendront juste pour passer leurs examens et après, ils oublieront tout. Ces valeurs humaines devraient commencer à être inculquées dès le plus jeune âge à la maison. Par exemple, en Israël, les détenteurs d’un PhD enseignent au niveau préprimaire. À Maurice, nous avons beaucoup d’inspecteurs, d’enseignants et autres académiciens à la retraite qui pourraient faire ce type de travail.

Force est de constater que cette dégradation des mœurs ne concerne pas que les jeunes mais aussi les adultes. Cela se voit bien sur nos routes au quotidien à travers l’agressivité des uns, la grossièreté et le manque de courtoisie des autres…
Il a été observé que les nouvelles technologies ont transformé non seulement la manière dont les jeunes voient le monde mais ont aussi apporté des changements dans la société et dans les relations sociales. Beaucoup de scientifiques ont observé que le nouveau phénomène appelé « Facebook Depression » est en hausse. Cette dépression se développe lorsque les préadolescents, les adolescents et les jeunes de la vingtaine vivent et occupent cet espace pendant trop longtemps. Ils passent une grande partie de leur temps sur des réseaux sociaux tels que Facebook et Whatsapp. Beaucoup de jeunes sont exposés au “Sexting”. Les jeunes d’aujourd’hui s’engagent dans et à travers ces technologies pour donner un sens à leur vie quotidienne. La navigation dans la réalité virtuelle et la connexion aux réseaux sociaux sont parmi les activités les plus courantes des jeunes d’aujourd’hui.

Comment réinstaurer la discipline et le respect ?
On ne doit pas oublier que la jeunesse est synonyme de liberté et de rébellion, de passion et d’énergie, de rêve et d’aspirations. La jeunesse est un produit de la modernité. « It takes a very long time to become young », avait dit Pablo Picasso. Nous devrions accorder davantage d’attention aux jeunes et arrêter d’en tirer un capital politique.

SISTER GAITREE (Brahma Kumaris) : « Nous sommes tous responsables »

Suivant la récente agression sur un policier au cours d’un rallye illégal, certains sont d’avis qu’il y a une perte des valeurs chez les jeunes. Partagez-vous cette opinion ?
Ce ne sont pas seulement les jeunes qui perdent leurs valeurs, mais c’est la société en général. On ne peut blâmer qui que ce soit. Je pense que nous sommes tous responsables. C’est une responsabilité collective. Chaque pensée, parole, interaction, chaque chose qu’on dégage de soi est accompagnée de vibrations. Ces vibrations sont un peu comme une toile d’araignée invisible qu’on est en train de tisser. Nous sommes tous ensemble dans cette toile à travers nos pensées. On est tous pris dedans. On ne peut blâmer les jeunes seulement. Nous voyons l’impact de ce que nous faisons sur la société. Que ce soit au niveau des familles, des institutions, des individus, il y a un déclin de valeurs et cela se produit autour de la planète. Nous constatons des problèmes environnementaux. De jour en jour, les choses se dégradent au point où l’on organise des conférences autour de ces problèmes. Tout cela est comme une entropie (degré de désordre de la matière, ou d’imprédictibilité du contenu en information d’un système). Ce n’est pas seulement le désordre de la matière mais de la société. Nous voyons cela dans les mœurs et dans tout ce que nous sommes en train de faire. Nous sommes davantage des “human doings” que des “human beings”. J’ai récemment participé à une conférence lors de laquelle un consultant parlait des événements qui arrivent comme des avalanches, ou comme des pluies diluviennes qui débordent les rivières mais l’homme dit que demain la pluie s’arrêtera. Mais, quelque part, sur les hauteurs, la pluie continue et il y a des inondations. Il y a des signes, tous les jours, qui nous indiquent que des choses empirent.

Cela ne vous choque-t-il pas que les jeunes ne respectent pas la police ?
Je ne dirais pas choquer mais c’est indicatif que peut-être il y aura pire. Je pense que la solution, c’est que nous nous décidions de prendre des actions comme transformer nos façons de penser, se réveiller, réveiller cette énergie qui est déjà à l’intérieur de nous. Les valeurs ne sont pas perdues. Elles sont toutes cachées, enfouies à l’intérieur de chacun. Il y a ce dicton très connu qui dit que nous ne sommes pas des humains qui font des expériences spirituelles mais des êtres spirituels qui vivent des expériences humaines… Donc, en tant qu’êtres spirituels, les créateurs de Dieu, nous avons ce “Blueprint” de la dignité en soi. La solution aux événements dans lesquels nous nous retrouvons empêtrés se trouve dans cette recherche de notre identité spirituelle. Il faut réveiller nos valeurs et vertus innées. Ce sont des qualités qui sont constamment en nous mais il faut en prendre conscience. Personne ne peut faire du tort foncièrement. Chacun cherche la joie, le bonheur, la paix. Mais, une seule personne ne peut faire ce changement. Il faut un effort concerté.

Vous dites qu’il faut changer notre manière de penser. C’est facile à dire mais comment parvenir à ce changement ?
Cela commence par la famille ou dans les institutions comme les écoles. À titre personnel, chacun devrait éveiller les valeurs en soi, en se demandant ce qu’on peut apporter au lieu de blâmer. Il faut se dire « il y a en moi des choses que je peux partager ». On commence par de petits gestes. En revenant au silence, par exemple, pour “nettoyer” son “soi”.

Quand vous voyez les gens sur nos routes avec tant d’agressivité, de manque de courtoisie, pensez-vous que c’est facile de les induire vers une transformation de leur personne ?
Ce n’est pas facile mais ce n’est pas difficile non plus. Cela nous renvoie à la théorie du « 100e singe ». Des scientifiques nourrissaient des singes avec des patates douces sur une île japonaise. Un des singes a appris à ses congénères à laver la patate dans l’eau du ruisseau. Quand la pratique s’est étendue au centième singe, toute la communauté s’est mise à laver ses patates. Toutes les choses que vous commencez par une bonne intention, avec enthousiasme et avec confiance, a un effet contagieux. Par exemple, si vous souriez à une personne, automatiquement, la personne sourira. Si vous faites la tête, l’autre réagira en fonction. Donc, il faut un nombre minimum de personnes qui fassent des efforts et émanent des vibrations qui pourraient à la longue transformer l’atmosphère.

Plus concrètement, comment réinstaurer la discipline et le respect ?
Pour moi, c’est en exerçant la spiritualité. Car, où se trouve la racine des actions ? Dans les pensées. Il faut donc cultiver des pensées nobles. On ne peut tout à fait blâmer les jeunes. Ils ont cette énergie. Il faut qu’il y ait une force quelque part qui pourrait les inspirer. Cette force, c’est l’atmosphère qu’on peut créer dans la maison, dans la société. Par exemple, quand il y a un conflit, on peut se demander : « Why do I not stop and create that peace ? » Ce n’est pas penser seulement mais vibrer et entrer dans cet état d’esprit. On a tendance à en rester aux théories, en émettant des pensées positives. Mais, aussi longtemps que vous ne les activez pas, cela ne sert à rien. Il faut créer cette atmosphère avec ces ondes.

Les parents ont un rôle dans la création de cette atmosphère ?
Pas seulement les parents, mais les enseignants et nous tous. Nous sommes tous interconnectés, voyez-vous. Il y a cette expérience qui a été faite au Japon par Masaru Emoto, qui a montré comment les molécules de l’eau changent selon nos pensées. Moi, je pense que cela a une vérité extraordinaire. Même si 10% de la population entament des démarches pour se transformer eux-mêmes, leurs pensées, leurs attitudes, laisser leurs pensées être influencées par leurs valeurs innées, cela pourrait faire un grand changement. D’ailleurs, toutes les transformations ont commencé par les grands penseurs.


PAULA ATCHIA (pédagogue) : « Absence de modèles pour la jeune génération »

Suivant la récente agression sur un policier au cours d’un rallye illégal, certains sont d’avis qu’il y a une perte des valeurs chez les jeunes. Partagez-vous cette opinion ?
Je crois qu’il y a toujours une réaction chez les adultes selon laquelle il y a une perte de valeurs chez les jeunes. Chaque génération d’adultes pense que les jeunes ne sont pas du tout comme ils étaient, eux-mêmes quand ils étaient jeunes. Je pense que c’est vrai. Les choses changent, le monde change même si la nature humaine est toujours la même. Mais, notre système éducatif présente beaucoup de lacunes. Il n’y a pas de formation de la personne mais davantage une préparation pour passer les examens.

Beaucoup d’enfants qui ne se retrouvent pas dans ce système se sentent dégagés de toute responsabilité et finalement ils n’ont rien, ni formation de la personnalité, ni préparation aux examens, ni une base de valeurs morales. Les examens servent juste à passer à un autre grade, au collège, à l’université. Cela n’a rien à voir avec la formation de l’individu. Autrefois, il n’y avait pas seulement des classes de religion mais aussi d’éthique. Il y avait une classe de “moral science” qui était enseignée. On mettait l’accent sur une situation donnée en demandant à l’élève ce qu’il aurait fait dans une telle situation, on l’invitait à réfléchir. Actuellement, il n’y a pas de place pour cela dans le programme d’études. Je pense donc qu’il y a quelque chose qui manque… Il y a aussi le problème de la société en général. On cherche des “role models”. Il n’y a pas suffisamment de personnes qui fonctionnent comme modèles pour la jeune génération. Cela peut être des politiciens, des hommes d’affaires, des leaders sociaux qui inspirent mais il en manque totalement. Autrefois, la religion fonctionnait comme une sorte de contrôle. Les religieux avaient une autorité morale. Aujourd’hui, les gens n’acceptent pas, ne croient pas, ne suivent pas. Alors, que nous reste-t-il ? De plus en plus, on se tourne vers les réseaux sociaux, les Smart Phones…

On devrait donc introduire des classes de “Moral Science” ?
Il faut trouver des personnes responsables pour enseigner ces classes. Bien des enseignants, même à l’époque, ne voulaient pas s’y lancer car cela demandait beaucoup d’implication. Dans les établissements gérés par les religieux, c’est plus facile. Mais, ce ne sera pas évident de trouver les bonnes personnes pour enseigner ces matières. Il faut revoir le programme d’études et voir s’il y a des personnes qui veulent enseigner ces matières, les former… Ce n’est pas facile. Je ne suis pas sûre que, parmi le personnel enseignant des collèges, il y ait des enseignants prêts à s’y lancer.

Qu’en est-il des parents ? Ont-ils failli dans leur rôle ?
Ils n’ont pas failli dans leur rôle. Ils sont dépassés! Beaucoup de parents veulent faire les choses bien. Ils veulent donner une bonne base. Mais, ils n’ont plus de temps. Ils sont tellement pris par leur travail, par leurs occupations, à la recherche de l’argent, du confort… Il faut acheter une voiture, changer de maison, etc. Il y a toujours des problèmes pratiques. Ils n’ont pas de temps à consacrer à leurs enfants à la maison. Certains élèves du primaire, en rentrant à la maison, sont livrés à eux-mêmes, les parents n’étant pas là. C’est un problème très grave.

Cette dégradation de mœurs ne concerne pas que les jeunes, comme vous le disiez, mais aussi les adultes eux-mêmes. Cela se voit bien sur nos routes au quotidien à travers l’agressivité des uns, la grossièreté et le manque de courtoisie des autres…
Il n’y a qu’à lire les journaux pour voir que les gens sont irresponsables actuellement. Ils conduisent de manière absolument effrayante. Même au niveau de leur comportement : ils s’entre-tuent pour un oui et pour un non.

Cela vous choque-t-il de voir des jeunes braver l’autorité de la police ?
Cela ne me choque pas car si vous voulez avoir le respect, il vous faut être respectable. Si un enseignant veut que ses élèves le respectent, il faut qu’il soit respectable. Le problème avec la police, c’est que certains policiers acceptent de faire des choses illégalement pour avoir une faveur, un gain matériel, etc. Le public ne leur donne pas le respect qui leur est dû.

Comment réinstaurer la discipline et le respect ?
La discipline est basée sur le respect. Dans les établissements scolaires, il faut que les chefs soient au-dessus de tout reproche. Un pédagogue est une personne qui est là pour être exemplaire. Si vous n’êtes pas exemplaire, vous ne pouvez pas diriger un collège. Les enseignants doivent eux aussi respecter les élèves. Tout comme les enseignants, les élèves méritent le respect. Si un élève se comporte de manière inacceptable, il faut calmement lui dire qu’il n’est pas en train de faire les choses correctement. Si tout est fait dans la clarté et avec autorité, l’enfant se retrouvera dans une situation faible car ce sera le jugement de tout le monde, de toute la classe contre lui. C’est toute la classe qui n’accepte pas qu’il ait triché, qu’il ait fait quelque chose de mauvais. Il y a la force morale qui est plus importante que l’action punitive. Une action punitive ne sert parfois à rien. On demande à l’élève d’écrire 3 000 lignes. Ou on lui dit de rester deux heures après l’école. Cela ne va rien faire. C’est la force morale qui oblige l’enfant d’accepter.

Et pour la société ?
Pour la société, en général, il faut appliquer les mêmes principes. Vous n’auriez pas dû tricher sur vos impôts ou dépasser la limite de vitesse sur les routes… Cela doit être réglé par des lois internes. C’est à l’individu de décider de son comportement.

Les politiciens aussi doivent donner l’exemple…
Absolument. Si une personne s’assoit au Parlement, de par son comportement, son langage, il doit avoir la dignité. Mais, s’il est connu pour être corrompu, le public ne le respectera pas. Pourquoi faut-il le respecter? Il n’est pas respectable!

Si vous deviez réformer l’éducation à Maurice, qu’auriez-vous fait avant tout ?
Il faut absolument que le système soit moins focalisé sur l’académique. L’académique constitue un seul courant dans un établissement. Normalement, quand un enfant est bien discipliné et a reçu le goût pour les études, l’académique suit. On a toujours de bons résultats sans pour autant passer tout son temps à se préparer pour les examens.

Comment donner le goût des études aux enfants ?
C’est le travail des enseignants. Les bons enseignants savent comment stimuler l’intérêt des élèves. Or, souvent, l’enseignant arrive et dit « page 30 ex 10 » et généralement, la moitié de la classe n’a pas très envie de le suivre. Il faut introduire des classes d’intérêt général comme la musique, le théâtre, la peinture ou les travaux pratiques. Il faut que l’enfant soit intéressé à venir à l’école, de travailler et de faire des recherches à la bibliothèque. Les enfants sont des créatures curieuses. On n’a qu’à éveiller leur curiosité et ça part tout seul! Un enfant curieux découvre des choses et n’a pas besoin d’être enseigné, surtout avec Internet aujourd’hui.

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