Dépenses du GM – Un pavé dans la mare : L’Audit dénonce l’État-Gargantua

  • En trois ans, des “Borrowings” de Rs 80 milliards pour financer les dépenses du gouvernement avec un déficit de Rs 11 milliards en 2019 contre Rs 1,2 milliard au 30 juin 2018
  • Les plus importantes poches de dépenses: Rs 31,8 milliards pour les allocations sociales, Rs 30,3 milliards pour les salaires des fonctionnaires, Rs 28,1 milliards pour le “Servicing” de la dette et Rs 24,5 milliards de Grants aux corps para-étatiques
  • Au 30 juin dernier, la dette publique avait atteint un niveau record de Rs 320,6 milliards, soit 65,3% du PIB

Le rapport du nouveau directeur de l’Audit, Charanjivsingh (Sunil) Romooah, pour l’exercice financier se terminant au 30 juin dernier, constitue un véritable pavé dans la mare des dépenses publiques. En clair, le gouvernement vit à crédit et l’Audit ne passe pas par quatre chemins pour souligner la « high dependence of government on borrowings to finance its expenditure ». Cette tendance s’est maintenue ces trois dernières années, avec des Borrowings de Rs 80 milliards, et une pointe de Rs 27,8 milliards, soit 20,4% des revenus, pour l’année dernière. Toujours au chapitre de l’endettement, au 30 juin de l’année dernière, la montagne de la dette publique était de Rs 320,6 milliards, soit 65,3% du Produit intérieur brut (PIB), le point le plus élevé de ces cinq dernières années, avec une augmentation de l’ardoise des corps paraétatiques de l’ordre de 6 milliards pour passer à Rs 35,6 milliards. Du 30 juin 2015 à la fin de juin dernier, la dette publique a augmenté de plus de Rs 82 milliards.

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Ainsi, même si les dépenses publiques ont été inférieures de Rs 12,4 milliards aux prévisions initiales, soit Rs 147,1 milliards contre Rs 159,5 milliards, le défi cit a augmenté de dix fois par rapport à l’exercice financier de 2017/18. Ainsi, au 30 juin dernier, le défi cit a été de Rs 11 milliards contre Rs 1,2 milliard à la fi n de juin 2018 et Rs 7,4 milliards au 30 juin 2017. Les principales poches de dépenses publiques sont comme suit :

  • Rs 31,8 milliards pour les allocations sociales, en hausse de Rs 1,9 milliards avant même l’augmentation de la pension à Rs 9 000 par mois ;
  • Rs 30,3 milliards pour assurer les salaires et gages des employés du secteur public en hausse de Rs 1,7 milliards avant même l’avance des Rs 1 000 aux fonctionnaires de janvier dernier et du prochain rapport du Pay Research Bureau, dont la publication est annoncée pour octobre ;
  • Rs 28,1 milliards pour le servicing de la dette publique, soit Rs 1,3 milliard de plus ;
  • Rs 24,5 milliards sous forme de “Grants” aux corps para-publics, essuyant une réduction de Rs 5,5 milliards de leurs dotations budgéaires et
  • Rs 7,8 milliards pour l’acquisition de Non-Financial Assets.

De l’autre côté du tableau, les recettes étaient en baisse au 30 juin dernier, soit Rs 108,3 milliards contre des prévisions de Rs 117,4 milliards. Cette performance est encore en baisse par rapport à celle de 2017/18 avec des revenus de Rs 109 milliards. Avec Rs 98,3 milliards de recettes fi scales, le gouvernement a dû recourir à des emprunts de Rs 27,8 milliards pour essayer de balancer le budget avec un défi cit de Rs 11 milliards. Cette tendance à des emprunts se confirme depuis ces trois dernières années au rythme de Rs 25,9 milliards au 30 juin 2017 et Rs 25,7 milliards en 2017/18.

« During the past three financial years, government was highly dependent on borrowings to finance its expenditure. Borrowings ranked second as a source of government revenue, and represented some 20 percent of total revenue for the year ended 30 June 2019 », souligne le Directeur de l’Audit, ajoutant qu’en même temps, le gouvernement a dû effectuer des dépenses de Rs 28,1 milliards pour le Debt Servicing, soit également 20% des dépenses.

Les Rs 320,6 milliards de la dette publique constitue une hausse de 6,8%, avec Rs 267,7 milliards de dette locale en hausse de 10% d’une année à l’autre et Rs 53 milliards de dette étrangère en baisse de 7,5%. « Over the past five financial years, Public Sector Debt as a percentage of Gross Domestic Product consistently increased to reach 65,3 percent », soutient l’Audit, qui rappelle que :

  • 24% de la dette locale, représentant Rs 59 milliards, arrive à échéance au 30 juin prochain et 14%, soit Rs 33,8 milliards, au 30 juin 2021;
  • sur quatre des cinq dernières années, les émissions de Government Instruments ont été supérieurs au montant des Redemptions, « thus taking domestic debt level on the upward path » et la dette des entreprises publiques a augmenté de 42% de 2015 à 2018, passant de Rs 25,1 milliards à Rs 35,6 milliards.

Le rapport de l’Audit fait également état du transfert des Rs 18 milliards de la Banque de Maurice au Consolidated Fund en date du 11 décembre dernier, avec un premier repaiement de Rs 7,2 milliards le 30 janvier dernier. Et cela sans aucun autre commentaire. Au guichet de la dette locale, le Directeur de l’Audit prend le soin de s’appesantir sur le fait que « government securities amounting to Rs 4,5 billion held by Non-Financial Public Sector Entities » ne sont pris en compte dans le décompte de la dette publique. « A breakdown for the amount of Rs 2,2 billion, being invested in Treasury Bills by public corporations was requested on 8 January 2020. As at 13 january 2020, the breakdown was not yet available », poursuit le rapport, qui fait état des justifications du ministère des Finances.

Un autre détail à retenir du rapport de l’Audit sur le plan de l’endettement porte sur la hausse de la Domestic Debt des entreprises publiques, notamment Rs 3 milliards de prêts et de facilités de crédit par Air Mauritius auprès des banques commerciales sans la garantie du gouvernement ;

  • Rs 135,6 millions de prêts de la part de Landscope (Mauritius) Ltd de la SBM Bank (Mauritius) Ltd et non garantis par le gouvernement portant le montant total à Rs 168,7 millions ;
  • Rs 200 millions de prêt consenties par MauBank Ltd à la State Investment Corporation et non garanties par le gouvernement ;
  • Rs 477,6 millions de prêts pour le compte de la Mauritius Housing Company Ltd auprès AfrAsia depuis novembre 2018 ;
  • Rs 400 millions de la National Housing Company Ltd et de la MauBank Ltd ;
  • de nouveaux prêts de Rs 3 milliards accordés à MauBank Holdings Ltd par MauBank Ltd avec la garantie du gouvernement,
  • des intérêts accrus de Rs 60,3 millions sur les Rs 3 milliards ;
  • des intérêts de Rs 94,8 millions sur des prêts de Rs 3,5 milliards à la National Property Fund Ltd accordés par la Banque de Maurice avec la garantie du gouvernement ;
  • et des intérêts de Rs 233,6 millions accumulés au 30 juin dernier sur un prêt de Rs 6,4 milliards consenti par la SBM (Mauritius) Ltd à la National Property Fund Ltd en septembre 2017 avec la bénédiction du gouvernement.

Par ailleurs, au 30 juin dernier, le montant des prêts accordés par le gouvernement aux corps para-publics est également commenté par le Directeur de l’Audit à l’effet que « loan portfolio increases by Rs 642 millions to reach Rs 10,6 billion » même si des prêts de Rs 1,9 milliards ont été « Written Off » en faveur de la Central Water Authority (CWA). En dépit de cette dernière mesure, la CWA et un autre corps para-publics sous la tutelle du Deputy Prime Minister’s Office, la Wastewater Management Authority, se retrouvent avec des dettes de Rs 3,6 milliards et de Rs 3,3 milliards respectivement, représentant 65 % de ces Rs 10,6 milliards.

 

 

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