Le président Uhuru Kenyatta attendu mardi pour une visite officielle jusqu’à vendredi prochain
Le traité de non-double imposition invalidé par la Haute cour de Nairobi et la création d’une Special Economic Zone (SEZ) également à l’ordre du jour des discussions entre Maurice et le Kenya
L’Assemblée nationale sera mise en parenthèse, visite officielle du président du Kenya, Uhuru Kenyatta, oblige, même si l’arrivée n’est prévue qu’à 16h30 ce mardi. Accompagné de son épouse Margaret Kenyatta, le président kenyan dirigera une importante délégation de ministres de son gouvernement et d’hommes d’affaires kenyans. Des dossiers économiques et politiques d’intérêt commun pour les deux pays seront abordés lors des séances de travail au plus haut échelon des deux gouvernements aussi bien que lors du business forum qui clôturera la visite vendredi prochain. Des recoupements d’informations effectués auprès des sources concordantes à l’Hôtel du gouvernement indiquent que la mise sur pied d’un regional maritime service avec pour pays fondateurs Maurice, le Kenya, le Mozambique et Madagascar, avec la Commission de l’Océan Indien (COI) en encadrement, pourrait s’avérer la pièce maîtresse de cette nouvelle ère de coopération. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, devrait également évoquer avec son interlocuteur kenyan la question du traité de non-double imposition bilatéral qui a été invalidé récemment par la haute cour de Nairobi, de même que la création d’une special economic zone.
Le progamme officiel du président du Kenya, qui rendra une visite de courtoisie au président de la République par intérim, Barlen Vyapoory, à son arrivée mardi après-midi, prévoit une matinée de travail dès mercredi matin. D’abord, Pravind Jugnauth s’entretiendra en tête-à-tête avec Uhuru Kenyatta, avec le premier nommé remerciant de vive voix le Kenya pour son soutien lors des délibérations de la Cour Internationale de Justice de La Haye au sujet de l’advisory opinion sur les Chagos. Maurice compte également solliciter l’appui du Kenya et des autres États-membres de l’Union africaine pour la prochaine étape, avec la présentation à la fin de ce mois de la nouvelle résolution sur les Chagos Post-Advisory Opinion devant l’assemblée générales des Nations unies.
Ces échanges de nature diplomatique et politique seront suivis d’une working session axée davantage sur le volet économique entre Maurice et le Kenya, et dans la région. L’un de projets qui devront retenir l’attention porte sur la mise sur pied d’une desserte maritime sur le plan régional en vue d’insuffler un nouvel élan aux échanges commerciaux entre pays de la région. Le Premier ministre, qui a déjà évoqué ce projet avec les présidents du Mozambique, Jacinto Nyusi, à la fin de janvier dernier, et avec celui de Madagascar, Andry Rajoelina, en mars dernier, compte s’appuyer sur l’accord de ces derniers pour canvass le président Kenyatta sur l’importance d’une regional feeder company pour assurer la desserte maritime.
«Main maritime hub»
L’encadrement de la COI est déjà acquis, dans la mesure où depuis 2008, avec le symposium sur le thème Globalisation and Regional Integration : the Future of IOC, l’élaboration d’une stratégie maritime régionale avait été retenue. Le Kenya se joignant au troïka, Maurice pourrait approfondir le projet, en collaboration avec d’autres partenaires, dont les conférences maritimes desservant les ports de cette partie d’Afrique et de l’océan Indien.
Mais à condition que « it must be agreed by all regional players that Mauritius will be the main maritime hub. » Pour justifier cette exigence, le dossier, qui sera présenté par Maurice à la délégation du Kenya et qui l’a déjà été aux présidents du Mozambique et de Madagascar, dresse un inventaire des investissements réalisés et en voie de réalisation dans le port à Port-Louis, dont
— l’extension de l’infrastructure portuaire et l’expansion du container staking yard de 7,5 hectares
— l’amélioration de la capacité du terminal de 50%, pour passer à 750 000 TEU, avec option d’un million,
— le dragage du chenal de 14,5 mètres à 16, 5 et
— des investissements de Cargo Handling Corporation Ltd dans des équipements, dont deux STS Cranes with an outreach up to 22nd row of containers.
L’ébauche du projet de desserte maritime de la région, qui sera présentée à la partie kenyane, comprend la mise en service de trois multipurpose vessels d’un tonnage variant entre 6 000 et 8 000 tonnes chacun pour assurer une rotation des ports de la région chaque 20 jours. Les investissements de départ, soit les dix premières années, sont estimés à un peu plus de Rs 500 millions. La prise de participation devra se faire sur une base de 40% pour les quatre États souverains, soit Rs 65 millions par État et de 60% à un consortium du privé comprenant MSC, Maeersk, CMA-CGM, COSCO et toute autre entité intéressée par ce développement.
Traité de non-double imposition
Outre ce projet d’incorporation de regional feeder company avec pour ambition de redynamiser les échanges commerciaux, les discussions bilatérales devront permettre de faire le point sur le traité de non-double imposition après le jugement de la Haute cour de Nairobi décrétant cet accord fiscal nul et non avenu. Il sera aussi question de l’éventualité de la gestion d’une special economic zone. Le Conseil des ministres de vendredi annonce la signature d’un memorandum of understanding avec le Kenya dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. « The objective of the Memorandum of Understanding is to enshrine collaboration between the two Ministries with a view to fostering cooperation between their respective institutions of higher education through staff and student exchange, scientific research and capacity building », souligne le communiqué officiel.
Le programme officiel de la visite, qui a été avalisé lors du déplacement de l’Advanced Party en début de semaine, comprend le banquet d’État offert par le Premier ministre mercredi soir à l’hôtel Le Méridien de Pointe-aux-Piments, le déjeuner à la State House jeudi, des visites à l’Aapravasi Ghat, Le Morne Cultural Landscape World Heritage Site, le complexe d’Omnicane à La Baraque ou encore l’unité de RT Knits à La Tour Kœnig, entre autres.