Drogue à l’école – initiatives de prevention : Les collèges privés et d’État se mobilisent

– En décembre, table ronde prévue par le Collège St Esprit, formation envisagée par le syndicat des recteurs des collèges d’Etat et protocole en préparation par le SeDEC

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Encouragée par les réactions positives qu’elle a reçues durant la semaine écoulée après son cri d’alarme lancé publiquement dans la presse dimanche dernier concernant la problématique de la drogue au sein de son établissement, la direction du Collège St Esprit prend l’initiative pour la tenue d’une table ronde qui sera ouverte à l’ensemble des collèges privés et d’Etat. De son côté, l’Association des recteurs des collèges d’Etat annonce une formation pour ses membres. Tandis que le Service de l’éducation catholique (SeDEC) s’attelle depuis plusieurs mois à la préparation d’un protocole pour ses établissements pour les guider dans la gestion du problème.

Au collège du Saint-Esprit, des sources avouent à Le Mauricien qu’ils appréhendaient des secousses après l’article paru dans Week-End faisant état de l’étendue du problème de la toxcomanie dans l’établissement. Or, la réaction a été positive. « Nous avons eu d’excellents retours par rapport à notre démarche de révéler publiquement la réalité de la drogue chez nous », dit Lindsay Thomas, recteur de cet établissement. « Il s’agit d’un problème de société et nous nous sommes dit : “pourquoi ne pas mettre toutes les parties concernées par l’éducation secondaire autour d’une table pour en discuter ?” » poursuit-il. La direction a ainsi pris la décision d’organiser une table ronde avec la participation des autres collèges privés et d’Etat pendant les prochaines vacances scolaires. Il concède que la question de la drogue parmi les jeunes « est complexe » et souligne que les écoles sont déterminées à trouver des solutions au problème.

Lyndsay Thomas ne perd pas espoir quant à un éventuel renversement de la situation. Cependant, il dit craindre que chaque école ne puisse y arriver seule dans ce combat en raison d’un mécanisme d’opération bien organisé des trafiquants. « ll faudrait que l’on se mette ensemble et que l’on accepte de partager nos idées. Nous pourrons alors arriver à quelques éléments de réponse qui pourront nous aider à l’avenir », croit-il. L’établissement mettra sur pied un comité pour organiser cette table ronde.

Au-delà de cette réflexion interécoles souhaitée par le Collège Saint-Esprit, le SeDEC est déjà à l’œuvre pour la recherche de solutions en vue de contrecarrer ce fléau dans ses collèges et, dans ce contexte, a mis sur pied une “core team” composée de chefs d’établissements et d’enseignants pour analyser les différents aspects du problème en vue d’élaborer un protocole. « Le personnel de nos écoles déplore souvent un manque d’outils et d’informations pour mieux cerner le problème de la drogue. Ce protocole doit pouvoir répondre aux nouvelles situations et donner les informations d’une manière très claire aux différents cas de figure concernant la drogue. Nous souhaiterions qu’à l’avenir, chaque personne au sein de l’école apporte sa contribution pour prévenir ce fléau », dit-elle en ajoutant que « nous apprécions que le Collège Saint-Esprit ait tiré la sonnette d’alarme pour le public en général et nous laissons la liberté au collège de prendre certaines décisions tout en respectant les paramètres dans lesquels les établissements privés doivent fonctionner ».

Dans le secondaire d’Etat, des recteurs et des enseignants se disent « impuissants » face au problème car n’ayant pas, disent-ils, la formation appropriée. Ils évoquent le manque d’informations sur le problème. En cette fin d’année scolaire, des voix s’élèvent dans ce secteur pour réclamer un protocole. Or, des cadres au ministère ont affirmé au Mauricien durant la semaine que les «écoles savent parfaitement comment traiter ce problème » et quelles sont les procédures à suivre, car il existerait déjà, depuis quelques années, un « protocole » concernant les différents cas d’indiscipline d’élèves. Il soutiennent que tous les établissements secondaires privés et d’Etat en ont reçu copie.

Soondress Sawmynaden, président de l’Association des recteurs/assistants recteurs des collèges d’Etat, donne cependant la réplique : « À chaque fois que nous disons au ministère que nous n’avons pas les moyens pour s’attaquer de manière efficace à tel ou tel cas d’indiscipline, on nous sort un discours sur le School Management Manual. Mais ce document est dépassé face aux nouvelles données de la société ! En outre, ce School Management Manual ne met pas le doigt spécifiquement sur le problème de la drogue. » Selon les observations des recteurs des collèges d’Etat, les “one-off campaigns” de prévention dans les écoles ne sont pas suffisantes pour convaincre les élèves de ne pas toucher à la drogue. « Il faudrait une politique de prévention à long terme dans les écoles », dit Soondress Sawmynaden.

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