DROGUE ET VIH – CONSEIL NATIONAL : Le PM évoque la possibilité de s’inspirer du modèle portugais

  • Pravind Jugnauth : « Nous voulons voir comment faire pour tirer les victimes de l’enfer de la drogue et les aider à réintégrer la société »
  • Le chef du GM concède que malgré la fermeture des frontières, la drogue continue à entrer sur le territoire mauricien

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a présidé hier la première réunion du Conseil national sur la drogue et le VIH. L’occasion pour lui d’évoquer la possibilité de s’inspirer du modèle portugais, dont le “drug offenders administrative panel” s’est avéré un succès pour les victimes de ces fléaux. Le conseil comprend notamment les ministres de la Santé, le Dr Kailesh Jagutpal, de la Sécurité sociale, Fazila Jeewa-Daureeawoo, de la Justice, Maneesh Gobin, de la Jeunesse et des Sports, Stephan Toussaint, des représentants de la force policière, le commissaire des prisons, ainsi que des représentants d’Ong actives dans le domaine de la lutte contre la drogue et le VIH/sida.

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« Nous avons vu les recommandations qui ont été faites concernant le Drug Offenders Administrative Panel. Elles sont adressées essentiellement aux consommateurs de drogues et les traitements qui doivent être administrés. Actuellement, ils passent par un système légal, et ceux trouvés coupables sont condamnés. Ils sont soit condamnés à la prison, soit à une amende. Nous voulons voir comment faire pour tirer les victimes de l’enfer de la drogue et les aider à réintégrer la société », expliqué Pravind Jugnauth. Et d’ajouter : « C’est un domaine où il nous faudra travailler encore plus. Nous savons que certains pays, comme le Portugal, ont bien réussi la mise en œuvre de cette stratégie. Mais ce qui a réussi ailleurs ne réussira pas obligatoirement chez nous. Toutefois, certaines choses peuvent être adaptées dans le contexte local dans l’espoir d’obtenir des résultats positifs. »
À ce propos, il est intéressant de noter que depuis juillet 2001, le gouvernement portugais a mis en œuvre un changement notable de sa politique en matière de drogues. À partir de cette date, les utilisateurs de toute drogue illégale appréhendée par la police ont en effet été traduits non pas devant des tribunaux, mais devant des commissions spéciales composées de professionnels de la santé, du droit et du travail social, dont le but est de donner aux toxicomanes la possibilité d’accéder à des traitements pour la toxicomanie et d’autres problèmes liés à la consommation de drogues. Cette approche, axée sur la santé publique, a pour objectif principal de fournir un traitement immédiat aux toxicomanes problématiques afin de minimiser les coûts sociaux de la consommation de drogues. Avec cette réforme, l’État portugais a commencé à considérer les toxicomanes non pas comme des criminels, mais comme des victimes.

Comme devait le souligner le Premier ministre, le Conseil national a examiné toutes les actions initiées dans le passé afin de revoir les développements qui se sont produits que ce soit au niveau local ou international. « Nous avons passé en revue les recommandations faites par la commission d’enquête sur la drogue. Certaines mesures ont déjà été adoptées et d’autres étaient déjà en pratique mais avaient besoin de Fine Tuning. »

Pravind Jugnauth ajoute que « nous avons traité différents aspects concernant les informations dont nous avons besoin pour nous guider dans notre combat pour l’avenir. Le problème du trafic de drogue et de sa consommation est une question de nature permanente. Il nous faut continuer à travailler afin de mener ce combat. » Il a aussi été question hier du traitement à la méthadone et d’autres traitements de substitutions. « Il s’agit de voir comment administrer ces traitements. » La question des seringues ainsi que d’autres mesures pouvant être prises pour éviter les cas de contaminations a également été abordée.

Invité à commenter l’entrée de drogues dans le pays, Pravind Jugnauth a reconnu qu’il s’agit d’un sujet inquiétant. « Il y a un certain nombre de vols. Malgré le fait que nous avons accentué les contrôles, nous savons que de la drogue arrive par colis postaux. Il y a un travail très important à faire pour suivre et détecter. Sans compter que des conteneurs arrivent au pays. Des vérifications sont faites de manière systématique, surtout lorsque nous recevons des informations. »

S’il admet que la drogue continue d’entrer au pays, le Premier ministre se refuse cependant d’être fataliste. « Notre combat consiste à faire en sorte que nous réussissions à attraper les criminels », dit-il ainsi. Quant au fait que la force policière ne peut agir dans certaines régions connues pour être des lieux fréquentés par les dealers de drogue, le Premier ministre explique en avoir discuté avec les autorités concernées. Ainsi, dit-il, lorsque la police obtient des informations concernant des suspects engagés dans ce commerce, des opérations sont immédiatement engagées. Hélas, dit-il, « certaines personnes de l’entourage de ces suspects agissent comme des complices et font obstacle au travail des autorités ». Et de poursuivre : « Nous avons aussi entendu des rumeurs concernant des personnes faisant partie des autorités et qui se seraient rendues complices, au lieu de contribuer à combattre la drogue. Nous prenons cela très au sérieux, que ce soit pour ces actions de complicité ou pour ceux du voisinage des suspects. »

Concernant les recommandations du rapport Lam Shang Leen, Pravind Jugnauth a indiqué que certaines d’entre elles étaient « déjà appliquées » par le gouvernement. « Nous mettons en œuvre les nouvelles recommandations, mais certaines ne pourront être mises en œuvre, pour diverses raisons. Certaines mesures sont à court terme et d’autres, à long terme. » À noter que le Premier ministre a refusé d’aborder d’autres questions liées à l’actualité, notamment la demande du leader de l’opposition, Arvin Boolell, pour un rappel de l’Assemblée nationale, dans la conjoncture de revendications de la rue, se limitant à la réunion du Conseil national de drogue.

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