Durcissement prochain des lois : les infractions au Code de la route passeront de 11 à 24

  • Pravind Jugnauth: “Pas kapav contine guet tragédie”
  • Gouvernement, secteur privé et société civile plaident pour un changement de mentalité chez les usagers de la route
  • Après trois années consécutives de hausse de la mortalité routière (139 victimes en 2015, 144 en 2016 et 157 en 2017), l’heure de la réaction a, semble-t-il, sonné. Il faut arrêter, si ce n’est réduire l’hécatombe sur nos routes. Par conséquent, les autorités comptent employer la manière forte. Le gouvernement a annoncé un durcissement des lois du Code de la route. Le nombre de délits liés aux infractions au Code passera de 11 à 24 et le montant des amendes sous le “fixed penalty” devrait connaître une “hausse conséquente”, entre autres. Le projet est à l’étude et le gouvernement doit prochainement soumettre ces propositions au Conseil des ministres. L’annonce a été faite par le Premier ministre Pravind Jugnauth, lui-même, hier, à la Lunch Room de l’Assemblée nationale, alors qu’il procédait, en présence de nombreux ministres, de députés, et acteurs du secteur privé et de la société civile, au lancement de la campagne nationale sur la sécurité routière : “Ensam Pa Laisse Koltar Touy Nou Fami”.

Avec un parc automobile de quelque 550 000 véhicules et un million de piétons quotidiennement sur nos routes, il serait utopique de compter zéro accident. Mais ces dernières années, le nombre des morts sur nos routes suscite l’intérêt de tout un chacun. Au-delà de l’impact économique et social, un accident fatal est principalement un drame humain, un drame familial.

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En un mois et demi, depuis le début de l’année, le pays compte déjà 19 morts. Tout porte à croire que la tendance de 2017, avec 157 morts, se poursuivra. “Malgré les conseils, malgré les mesures, les chiffres ne suivent pas”, concède le ministre des Infrastructures publiques. Maurice compte 12 accidents par 100 000 habitants. A La Réunion, le nombre est de 4 à 5 pour 100 000 habitants, dit Nando Bodha. Chaque jour, les médias évoquent des événements tragiques affectant des familles et des amis.

Avec 2 à 3 victimes par semaine et un décompte de 40% des accidents concernant les deux roues, et des piétons de plus en plus vulnérables, les statistiques, qui parlent d’elles-mêmes, doivent interpeller la population. Il faut agir vite. D’où la campagne de sécurité routière nationale lancée hier. L’objectif étant de “changer la mentalité des usagers de la route”.

En effet, selon un constat effectué, le Mauricien croit qu’il a des droits sur l’espace routier. Or, cet espace appartient à tous les usagers et il est impératif que tous ses utilisateurs coopèrent pour éviter des drames. La sensibilisation de tous les citoyens devrait ainsi se faire avec l’aide de la société civile et du secteur privé (voir texte plus loin).

Mais au-delà de la prévention et d’un changement de mentalité des conducteurs mauriciens, le gouvernement — qui estime que “la situation est préoccupante et inacceptable” — veut durcir les sanctions. D’autant plus que, selon une étude menée par le bureau du Premier ministre, en concertation avec les départements concernés, dont le ministère des Infrastructures publiques et le ministère de la Défense intérieure, les principales causes des accidents sont la vitesse, l’alcool au volant, l’utilisation du portable en conduisant, la négligence, le non-respect du Code de la route, le manque de courtoisie, etc. sont connues.

Ainsi, prochainement, chaque usager, plus particulièrement automobiliste, devra prendre ses responsabilités. “Pas kapav contine guet tragédie”, insiste le Premier ministre. Le gouvernement compte en effet revoir la législation concernant les infractions au Code de la route.

Il est question, selon le Premier ministre, qui indique que les propositions sont à l’étude et passeront prochainement au Conseil des ministres, d’amender la loi pour que le nombre d’infractions relatif au “fixed penalty” passe de 11 à 24. Le montant des amendes devrait aussi connaître une “hausse conséquente”, dont le calcul est en cours. De plus, dans le cas où un contrevenant commette six infractions cumulées répertoriées parmi les infractions sanctionnées par le “fixed penalty”, la police demandera à la Cour la suspension du permis du conducteur. Les autorités souhaitent également modifier la loi sur la Dangerous Driving avec une hausse conséquente du montant à payer. Et en cas de récidive, le montant de l’amende sera doublé et entraînera la suspension automatique du permis de conduire du contrevenant.

Donner une leçon aux conducteurs qui font fi de la loi

Les autorités envisagent de même, sans pour autant que l’exécutif s’ingère dans les affaires du judiciaire, précise Pravind Jugnauth, de mener une réflexion commune avec le judiciaire afin que les cas à juger soient traités au plus vite. “L’objectif est de donner une leçon à ces conducteurs qui font fi de la loi et de la sécurité routière. Il est l’heure de se ressaisir et de faire un examen de conscience afin de rectifier les attitudes et les comportements malsains sur les routes”, souligne le Premier ministre, qui fait aussi ressortir que ces avertissements ne sont pas à prendre à la légère. Il dit avoir déjà évoqué avec le Commissaire de police le cas des automobilistes qui conduisent sous l’influence de l’alcool. Les mesures pour traquer ces conducteurs seront renforcées et les contrôles auprès des points où les gens consomment généralement de l’alcool seront accentués. “La sécurité routière est une de mes priorités. Ces mises en garde doivent être prises en compte. Nou, nou mean business”, a-t-il conclu avant de procéder au lancement de la campagne “Ensam Pa Laisse Koltar Touy Nou Fami”

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