ÉCHIQUIER POLITIQUE — Bérenger : « Le Speaker mérite une motion de blâme »

Le Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, « mérite bien une motion de blâme », selon le leader du MMM, Paul Bérenger. Commentant la tournure des événements au Parlement, notamment mardi en prélude à la conclusion des débats sur le budget 2020/21 et le Committee of Supply, il maintient que le président de l’Assemblée nationale est aux ordres du Premier ministre et estime que l’expulsion de tous les membres de l’opposition de l’enceinte du Parlement mardi dernier par le Speaker est « sans précédent » et a été planifiée « avec préméditation ».

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« Cette expulsion est venue s’ajouter à d’autres actions prises par le Speaker ces derniers temps, notamment le rejet sans précédent de la PNQ du leader de l’opposition au lendemain de la présentation du budget et portant sur la réforme de la pension et l’adoption accélérée des dotations budgétaires lors du Committee of Supply. Après l’expulsion de l’opposition, nous avons vu ce qui s’est passé. Le budget a été examiné au Committee of Supply en 15 minutes sans que les “backbenchers” du gouvernement ne posent une seule question », souligne Paul Bérenger. Ce qui l’a amené à dire que le Speaker « mérite la motion de blâme » que le leader de l’opposition devrait présenter cette semaine. « Je ne serais pas étonné que le Speaker rejette la motion de blâme. On peut s’attendre à tout de la part du Speaker », poursuit-il, ajoutant qu’il n’y aura ni PNQ ni interpellations parlementaires pour le Question Time ce mardi en raison de la présentation d’un texte de loi pourtant sur le budget supplémentaire de Rs 33,7 milliards.

Sur le chapitre du budget, le leader du MMM affirme n’avoir « jamais vu auparavant une telle confusion généralisée ». Et d’exprimer le souhait que le Finance Bill, qui concerne essentiellement les mesures budgétaires, vienne éclaircir la situation. En premier lieu, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait annoncé avoir prévu un montant de Rs 15 milliards afin d’accorder une allocation d’un montant mensuel minimum de Rs 5 100 aux travailleurs qui perdraient leur emploi. Le MMM, explique le leader du parti, avait réclamé l’extension du Wage Assistance Scheme et du Self-Employed Assistance Scheme (SEAS) jusqu’à la fin juin ou au-delà, rappelant que rien n’a été dit à ce sujet lors de la présentation du budget.

De plus, dit-il, il y a « une confusion » autour de l’allocation de Rs 5 100 qui, à en croire le Premier ministre, « est destinée essentiellement aux employés du secteur touristique ». Il réclame de fait plus de précisions à ce sujet, de même que des compléments d’informations sur le prélèvement de solidarité (“Solidarity Levy”) prévu aussi bien pour les particuliers que pour les compagnies.

Concernant le don de Rs 60 milliards de la Banque de Maurice (BoM) au gouvernement, Paul Bérenger déclare qu’il est « faux de dire que beaucoup de pays font la même chose » que Maurice. « Les autres pays pratiquent un “Quantitative Easing”, c’est-à-dire que les banques centrales achètent les Government Financial Instruments. Or, à Maurice, « c’est la BoM qui émet des bons auxquels les institutions sont appelées à souscrire », a-t-il estimé, invitant la Banque centrale à agir « en toute transparence » dans la gestion non seulement des Rs 60 milliards, mais également des Rs 80 milliards injectées dans la Mauritius Investment Corporation Limited (MIC). « Devant un tel montant, il faut faire attention à la corruption », prévient le leader du MMM.

Commentant la réforme du système de pension, Paul Bérenger rappelle que, « depuis longtemps, le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d’alarme », et avait estimé que, sur la base de la formule actuelle, la pension non contributive « ne serait pas viable à partir de 2050 ». De plus, un rapport du ministère de la Sécurité sociale en 2015, affirme-t-il, avait formulé certaines propositions concernant la pension. « À aucun moment le FMI n’avait proposé l’élimination du National Pensions Fund (NPF). »

Le projet proposé par le gouvernement dans le budget est, selon le leader des Mauves, « contraire à ce que cette institution avait recommandé ». Cette dernière est en faveur à ce que la réforme « se fasse dans le cadre d’un consensus national » avec les partis politiques, les syndicats et les employés impliqués, selon lui. « Rien n’a été fait et le projet a été présenté dans le budget sans consultations », dénonce-t-il.

Il est revenu par ailleurs sur l’annonce électorale faite par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors de la campagne électorale, à l’effet que le montant de la pension de vieillesse passerait graduellement de Rs 9 000 à Rs 13 500 jusqu’en 2024. Or, le ministre des Finances « a annoncé que c’est seulement à partir de la retraite, à Rs 65 ans, que des augmentations de la pension seront payées par la Contribution sociale généralisée (CSG) si la situation économique le permet ». Paul Bérenger dit ainsi souhaiter que le projet « soit bloqué » et qu’il y ait des consultations au préalable avec toutes les parties concernées.
Au début de sa conférence de presse, samedi, Paul Bérenger a demandé au gouvernement d’accorder une attention prioritaire aux squatteurs, car il est, selon lui, « inacceptable que des enfants vivent dans des conditions inhumaines ». Et de réclamer qu’une solution soit aussi trouvée « au plus vite » pour les ressortissants mauriciens toujours bloqués à l’étranger. Quant au déconfinement, et citant l’exemple des Seychelles, il estime que ce pays a « devancé Maurice » avec l’ouverture graduelle des frontières et trouve qu’il y a là « matière à suivre sur ce chapitre ».

Abordant le St-Louis Gate, avec une bombe à retardement de Rs 700 millions, Paul Bérenger a dénoncé le « bluff » du Deputy Prime Minister et ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo. Raison pour laquelle il réitère son appel à l’instauration d’une commission d’enquête sur toute l’affaire. Finalement, le leader du MMM a exprimé sa solidarité avec le Senior Lecturer de l’Université de Maurice, Rajen Narsinghen, qui doit répondre de mesures disciplinaires devant un comité institué à cet effet. « Il est clair que le gouvernement veut faire peur. C’est de l’intimidation pure et simple. Ce que nous condamnons ! » a-t-il dit.

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