ÉCHIQUIER POLITIQUE — « Cooling Off  » entre partis de l’opposition pour une «Hot Session » en guise de rentrée

Avec la reprise des travaux de l’Assemblée nationale  ce mardi, les regards seront tournés vers les différentes composantes de l’opposition après la rupture de son entente et la crise qui a débouché sur la démission d’Arvin Boolell comme leader de l’opposition. Le nouveau patron de la minorité au sein de l’hémicycle, Xavier-Luc Duval, croit savoir que « les relations sont meilleures que je ne le pensais ». Il a signifié son intention de n’entrer dans aucun débat qui serait négatif pour ses partenaires de l’opposition. Tout en considérant qu’il y aura une coordination entre les différents partis, qui garderont cependant chacun leur autonomie.

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Pour sa part, Arvin Boolell, qui a participé cette semaine à une réunion des représentants des composantes de l’opposition, notamment Xavier-Luc Duval, Paul Bérenger et Nando Bodha, souligne l’importance de la coordination au niveau de l’opposition parlementaire. Afin d’harmoniser les positions au sein de son propre parti, il a organisé deux réunions cette semaine. Il a toutefois fait comprendre que les relations entre le PTr et les autres composantes de l’opposition connaissent « une période de Cooling Off ». Il devait participer à une réunion de l’opposition ce samedi, mais devait toutefois éviter toute éventuelle conférence de presse de l’opposition. En fin de compte, il n’y aura ni rencontre aujourd’hui, ni conférence de presse lundi, car les parlementaires, à l’exception du leader de l’opposition, ne disposent pas de leur WAP.

Pour la reprise parlementaire, Arvin Boolell estime que si le gros des interpellations sera consacré à la Covid-19, il sera également question de l’éducation et des examens du SC, du HSC et du PSAC. « Nous nous assurerons que toutes les mesures soient prises pour assurer la sécurité des élèves d’un point de vue sanitaire », dit-il.

Par ailleurs, les partis de l’opposition déplorent unanimement la décision du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de ne pas accéder à la requête du leader de l’opposition pour amender l’Order Paper de mardi afin de faire de la place exclusivement à des débats parlementaires sur la Covid-19. « C’est un sérieux manquement à la démocratie parlementaire », regrette Xavier-Luc Duval au Mauricien.

Au sein de la majorité, le leader du Muvman Liberater et ancien Deputy Prime Minister Ivan Collendavelloo, interrogé par Le Mauricien, s’aligne sur la position du Leader of the House en soulignant que « le Parlement n’est pas un Debating Club ». Pour lui, le leader de l’opposition aurait pu chercher un arrangement avec le Premier ministre et le Speaker, Sooroojdev Phokeer, pour « étendre le temps alloué à la PNQ d’une vingtaine de minutes ».

Toutefois, avant même le début de la tranche des travaux de mardi, notamment la tranche consacrée à la Private Notice Question, du Prime Minister’s Question Time et du Question Time, le ton pourrait monter d’un cran. Avec les dernières permutations au sein de l’opposition, le Speaker’s Office est appelé à se pencher sur de nouveaux Seating Arrangements. En effet, le bloc de parlementaires du Parti travailliste sera appelé à déménager pour faire de la place à Xavier-Luc Duval, en tant que leader de l’opposition, et des députés du PMSD.

Des informations disponibles en fin de semaine indiquent que le PTr lorgnerait le coin occupé jusqu’à la fin de l’année dernière par le MMM. Dans la conjoncture politique, la question qui se pose est de savoir si le Speaker, Sooroojdev Phokeer, fera une fleur aux Rouges en accédant au souhait exprimé d’allouer les strapontins occupés par Paul Bérenger, Reza Uteem et Rajesh Bhagwan, à Arvin Boolell, Shakeel Mohamed et Patrick Assirvaden.

Dans cette éventualité, le groupe parlementaire du MMM pourrait être relégué au « poulailler » de l’hémicycle, en compagnie du nouveau venu, l’ancien frontbencher du gouvernement Nando Bodha. Ces mouvements au sein de l’hémicycle, s’ils se matérialisaient, pourraient ajouter au Cooling Off au sein de l’opposition. Du côté du PTr, l’on note un forcing à peine voilé pour déloger le MMM de cette position.

Un autre détail au niveau de l’Assemblée nationale est que The Office of the Leader of the Opposition, installé dans l’ancien Cabinet’s Office, pourrait déménager hors des National Assembly Precincts. C’est ce qui se chuchote dans les rangs du PMSD suite à une proposition évoquée officiellement en cours de semaine. Le Scouting initié indique que Xavier-Luc Duval pourrait prendre ses quartiers à la Newton House, non loin de la Government House, mais sans aucune contrainte, comme c’est le cas à l’hôtel du gouvernement. Affaire à suivre…

QUESTIONS À –  Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition : « J’espère que la séance de mardi ne  sera pas un “one off” »

  Comment s’annonce la rentrée parlementaire ?

On aura une session parlementaire normale. J’espère que ce ne sera pas un “One off” et que nous allons siéger au moins une fois par semaine à partir de maintenant. Qu’on ne se serve pas de la Covid pour empêcher que le Parlement siège. On a fait des arrangements au sein de l’hémicycle afin qu’on puisse siéger normalement. Ce que je regrette énormément, c’est ce qui constitue à mon avis un grave manquement à la démocratie, voire presque une insulte à la population, c’est-à-dire le refus du Premier ministre d’accepter qu’il y ait un débat sur la crise de la Covid, le confinement, la zone rouge, les effets économiques de la Covid, les vaccins, etc.

La PNQ et les interpellations parlementaires, dont 95% seront consacrées à la Covid-19, vont permettre aux députés de l’opposition d’interpeller les ministres et d’obtenir des renseignements. Mais une fois ces renseignements obtenus, on aurait pu donner notre opinion et le gouvernement aurait défendu sa performance. Les questions ne nous permettent pas d’exprimer un avis et de faire de propositions. Cela se fait dans le cadre d’un débat. Dans un État démocratique, on ne confine pas 1,3 million de personnes, avec tout ce que cela représente, tout en empêchant les députés élus et mandatés de venir s’exprimer en leur nom. C’est totalement inacceptable. En fin compte, le gouvernement, ce faisant, vient donner raison aux gens qui privilégient la rue, les vidéos sur Facebook et les manifestations.

On envoie ainsi le message que la démocratie parlementaire est enchaînée. Dans les autres pays, il y a toujours un débat. C’est même obligatoire ! Ici, C’est la raison pour laquelle j’avais pensé qu’après les questions, on aurait pu suspendre l’agenda normal au regard des articles 11 et 17, pour avoir un débat sur la situation à Maurice. Ce ne sera pas le cas.

  Comment l’opposition se prépare-t-elle pour cette première séance ?

D’après mes renseignements, la grosse majorité, soit 95% des questions de l’opposition, sera sur la pandémie de Covid-19. Ce qui nous permettra d’obtenir des informations, mais pas de débattre du bien-fondé des réponses ministérielles. La convocation de la session de mardi prochain fait suite à une lettre que j’avais adressée au Premier ministre.

Vous succédez à Arvin Boolell. Comment se présente l’entente au sein de l’opposition ?

Mieux que l’on ne pourrait l’espérer par rapport à la situation dans laquelle on se trouvait. On n’a pas souhaité la démission d’Arvin Boolell. Heureusement que, d’après ce que je vois, ils ont réalisé tout cela. Arvin Boolell, qui représente le PTr, participe à nos réunions de préparation pour la réunion parlementaire. On se rencontre, on se parle au téléphone…

C’est une bonne chose. Il y aura certainement un travail de coordination dans une situation compliquée, mais les partis de l’opposition sont généralement autonomes au Parlement. Ce que je peux dire, c’est que les Mauriciens et l’opinion publique ne toléreront aucune bagarre entre les partis de l’opposition. Ils s’attendent que l’on mette de côté nos petites différences, qui sont d’ailleurs minimes. Le seul problème éventuel est : qui sera le Premier ministre dans le cadre d’une éventuelle alliance MMM, PTr-PMSD. C’est tout !

Il faut qu’on se concentre sur le gouvernement, qui fait du tort au pays. Il y a certaines bonnes choses, mais il y a beaucoup de failles dans la façon de gérer la Covid. Il y a eu des problèmes économiques, des problèmes de corruption, l’affaire Kistnen… Tout cela demande que l’opposition soit forte et dure dans son travail. Prenons l’affaire Covid. Ne voilà-t-il pas qu’on a fermé le pays pendant une année, avec ce que cela comprend comme sacrifices de la part de la population. 20% de l’économie, c’est-à-dire le tourisme, est en berne. Il y a eu des faillites et des gens vivent au bord de la misère. Malgré tout ces sacrifices, on se retrouve au bord d’une nouvelle crise sanitaire. Les pays qui ont fermé leurs frontières, comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, n’ont pas eu de deuxième vague. Nous, on a fait tous ces sacrifices pour en revenir au point de départ. .

La recherche du patient zéro est importante dans le but de savoir où se trouve ce manquement. Est-ce que c’est dans le système de quarantaine, qui n’a pas été respecté ? Dans le nombre de jets privés qui sont arrivés, avec des membres d’équipage qui étaient libres de faire ce qu’ils veulent ? Est-ce que le protocole sanitaire appliqué par Air Mauritius était adéquat ? Est-ce que ce sont des diplomates ou des gens ayant voyagé qui ont apporté le virus ? .

Vous avez dit récemment que s’il devait y avoir un Lockdown, ce serait de la faute du gouvernement. Maintenez-vous vos propos ?

Absolument. Le gouvernement a été négligent en ne précommandant pas les vaccins. Les partis de l’opposition avaient demandé au gouvernement de le faire. On avait prévenu qu’une fois que les vaccins seraient approuvés par l’OMS, il y aurait un rush, qu’il n’y en aurait pas suffisamment pour Maurice.

Or, on a besoin de 1,8 million de doses pour arriver à 70% et atteindre l’immunité nationale. Mais on n’a rien commandé, sauf à travers le Covax, qui nous a promis des vaccins pour 20% de la population. Sauf que jusqu’à maintenant, on n’a rien reçu.

Mais le ministre Jagutpal affirme que ce sera pour bientôt…

Depuis le commencement, c’est « pour bientôt ». Ce n’est pas sérieux. J’ai fait le vaccin AstraZeneca, et je n’ai aucun problème. J’ai recommandé à mes proches de le faire, sans aucun problème. Je recommande à la population de le faire, parce que les avantages pour éviter une maladie grave sont bien plus importants que les risques minimes d’une complication. Le gouvernement a été maladroit avec cette affaire de Consent Form, qui a créé un malaise dans la population. Ce formulaire ne parle pas de vaccins approuvés par l’OMS. Je suis choqué par cette tentative d’administrer aux Mauriciens des vaccins comme Spoutnik ou Covaxin, qui sont des vaccins qui n’ont pas été approuvés par l’OMS.

  Mais une cargaison de Covaxin est déjà là…

Je déplore qu’on vienne proposer cela aux Mauriciens. Il faudrait garder ces vaccins et attendre l’aval de l’OMS. C’est pourquoi je dis que c’est la faute du gouvernement, car des pays comme les Seychelles ont déjà atteint l’immunité nationale. Israël aussi. L’Angleterre a vacciné 50% de sa population avec la première dose. Et aux Etats-Unis, on a administré 100 millions de doses. Aujourd’hui, nous avons une “Vaccine War”. Les amis traditionnels de Maurice nous tournent le dos. Heureusement que l’Inde nous aide. C’est un grand sacrifice que les Indiens font. Ils pénalisent leur population pour nous envoyer ces vaccins. Maurice est une High Income Economy, mais on a toujours le réflexe des pays pauvres. On est allé mendier des vaccins alors que l’on a dépensé Rs 400 millions dans une publicité à Liverpool. Les vaccins n’auraient pas coûté plus que cela. Tous les pays du monde qui se respectent ont préféré vacciner les personnes à risque en premier. Maurice est le seul à avoir choisi des gens qui travaillent et, surtout, ceux travaillant dans les grandes entreprises.

Assemblée nationale — Le virus au rendez-vous de la rentrée de ce mardi

l Jets privés, confinement, vaccination, achats controversés de 2020, mais aussi l’affaire Kistnen au Question Time

Le virus sera bien au rendez-vous de la rentrée parlementaire du 23 mars, puisque pas mal de questions figurant à l’agenda sont consacrées à la pandémie et la campagne de vaccination, mais aussi au confinement de l’année dernière, à ses achats controversés qui sont apparemment liés à l’assassinat de Soopramanien Kistnen. Deven Nagalingum, député du MMM, Kushal Lobine et Eshan Juman poseront au Premier ministre l’épineuse question de l’arrivée de jets privés sur le sol mauricien durant ces derniers mois.

Ils veulent connaître les détails suivants: le port d’embarquement de ces jets, le nombre de passagers, la date de l’approbation de leur arrivée et l’autorité qui a donné son feu vert pour qu’ils puissent atterrir, les tests effectués et si les conditions de la quarantaine ont été imposées aux passagers.

C’est dans la même veine que le député du PMSD Salim Abbas Mamode veut obtenir les détails du protocole mis en place pour les diplomates à leur arrivée sur notre sol. Patrick Assirvaden, député du PTr, s’intéresse aussi aux ambassadeurs, mais à ceux qui représentent Maurice à l’étranger. Il veut savoir quel est le nombre de ceux-là qui sont actuellement au pays.

Osman Mahomed et sa collègue Stéphanie Anquetil s’intéressent au confinement, à un système d’alerte qui donne un certain préavis à la population, et la députée, elle, veut savoir si les mesures de restriction qui frappent les circonscriptions 15, 16 et 17 seront étendues ailleurs.

Une autre question du député Deven Nagalingum sera consacrée aux vaccins. Le député du No 19 veut savoir du ministre de la Santé si le pays dispose d’assez de vaccins pour l’administration de deux doses à 60% de la population et les mesures qui sont prises pour que cet objectif soit atteint. Le député évoquera aussi la décentralisation des centres de vaccinations pour inclure hôpitaux, médi-cliniques et les Citizens Advice Bureau.

La campagne de vaccination sera aussi l’objet d’une question du député du MMM Franco Quirin. Il demande au ministre de la Santé de dire quels sont les vaccins présentement utilisés, le nombre disponible pour chacun d’eux, si l’autorisation de l’OMS ou de toute autre organisation internationale a été obtenue avant de procéder à leur administration à la population et si la seconde dose sera identique à la première et, si non, pourquoi.

Le député du No 20 demandera aussi au ministre de la Santé de confirmer si ce sera obligatoire pour les athlètes mauriciens de se faire vacciner avant de participer à des compétitions à l’étranger.

Son collègue du PMSD Salim Abbas Mamode interrogera le ministre de la Santé sur les procédures d’appel d’offres lancées en ce moment pour l’achat de matériel de protection.

Le chef de file du PTr au Parlement, Arvin Boolell, ainsi que la députée du MMM Arianne Navarre-Marie ont une question pour la ministre de l’Education sur les dispositions prises pour la tenue des examens, tandis que Kushal Lobine du PMSD veut savoir du ministre de la Santé le nombre de personnes qui ont été exemptées de la quarantaine depuis octobre 2020.

Joanna Bérenger s’intéresse au sort des enfants pendant cette période de confinement. La première députée du No 16 veut savoir de la ministre Kalpana Koonjoo-Shah si ses services ont prévu des visites pour les enfants qui courent le risque d’être agressés ou abusés pendant le confinement.

Le précédent confinement de 2020 intéresse les députés du MMM à l’instar de Rajesh Bhagwan qui demandera au Premier ministre de révéler la liste des contrats sous les procédures d’urgence approuvés entre mars et juin 2020 par le comité de haut niveau qu’il préside.

Qui est le contact ?

Le premier député du No 20 demande également que soit rendu public le nom du contact de Bo Digital, d’AV TechnoWorld qui traitait avec le comité de haut niveau sur la Covid-19 et les montants déboursés par la State Trading Corporation pour l’acquisition des équipements médicaux.

Le même député de même que celui du PTr Eshan Juman auront tous deux des interpellations sur la firme Pack & Blister qui était censée fournir des respirateurs. Pour rester au chapitre du scandale des achats du premier confinement, Aadil Ameer Meea, lui, se concentre sur Neeteeselec d’Asha Nuckched, l’amie d’enfance de l’ancien ministre du Commerce Yogida Sawmynaden.

Patrice Armance, whip de l’opposition, aura une question pour le ministre des Finances, Renganaden Padayachy sur la gestion du fonds de solidarité Covid-19, le montant recueilli et l’usage qui en a été fait et au bénéfice de qui.

Le même député ainsi que son collègue Fabrice David ont tous deux des questions sur l’octroi du Work Access Permit, les détails du nombre délivrés et les récipiendaires, mais aussi sur le sort qui est réservé aux pêcheurs durant le confinement.

Mais il n’y a pas que le Covid-19 et les confinements, version 2020 et 2021 qui interpellent les députés. D’autres sujets tout aussi d’actualité sont également inscrits à l’agenda de la rentrée comme la mort de l’activiste du MSM de la circonscription du Premier ministre, Soopamanien Kistnen et l’enquête policière instituée et les résultats des investigations entamées. C’est le député du MMM Aadil Ameer Meea qui va venir avec une telle interpellation.

Pour rester sur le même sujet, il faut signaler la question de la député du PTr, Stéphanie Anquetil pour le Premier ministre lui demandant s’il y a eu une enquête initiée sur la vidéo visant Simla Kistnen et s’il y a eu une quelconque arrestation dans cette affaire.

Reza Uteem aura, lui, une question pour le ministre des Finances sur les conséquences du confinement sur l’économie en général et sur la croissance et le déficit budgétaire en particulier ainsi que les mesures prises pour les alléger et, ce au moyen de quelles sources de financement.

Il y a, par ailleurs, des questions sur le naufrage du Lu Pong Yuan Yu 588 venant de deux députés du no 1, Arianne Navarre-Marie et Fabrice David.

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