(Échiquier politique) Hier à Kewal Nagar – Navin Ramgoolam : « Jamais avec le MSM ! »

Le leader du Labour : « Nous vivons dans un Etat voyou dirigé par la mafia. Nous continuerons à descendre dans les rues ! »

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Les partisans du PTr se sont déplacés en nombre hier au Kewal Nagar afin de participer au rassemblement organisé pour commémorer le 120e anniversaire de la naissance de sir Seewoosagur Ramgoolam et le 100e anniversaire de Satcam Boolell. Devant les invités du parti, dont des délégués du MMM, du PMSD, du Reform Party et du MP, ainsi que d’autres dignitaires, le leader du PTr, Navin Ramgoolam, a enterré toute possibilité d’alliance avec le MSM. « Jamais avec le MSM ! » a-t-il lancé dans un discours de 90 minutes, où il a pris pour cible le MSM et le Premier ministre, Pravind Jugnauth.

Le leader des Rouges a d’entrée de jeu dénoncé la « résurgence du communalisme avec la complicité du gouvernement » actuel. Il a rappelé l’attachement de sir Seewoosagur Ramgoolam à « l’unité de la nation » mauricienne. De même, avant les élections générales pour l’indépendance, en 1967, a-t-il rappelé, sir Seewoosagur avait demandé aux électeurs : « Pa vot kom enn indou, enn kreol, enne misilman, mai vot kom enn madam ek enn misie ek vibrasion de liberte e zot destine dan zot leker. Kan ou all vote, mazine lavenir ou pei ou zanfan ki pou erite sa pei-la, mazine lil Moris lib ek indepandan ! »

Il a souligné que sir Seewoosagur n’était « pas seulement l’architecte de l’indépendance, mais il a aussi donné au pays une Constitution, dont un chapitre est consacré aux droits fondamentaux et à la liberté ». Poursuivant : « La Constitution stipule qu’on n’a pas le droit pratiquer la discrimination sur la base de race, de couleur, de sexe, de croyance ou d’opinion politique. Aujourd’hui, on bafoue tout ce qu’il a fait. S’il était là, il n’aurait pas reconnu l’île Maurice. Le MSM veut confisquer cette liberté pour lequel il s’était battu. » Pour Navin Ramgoolam, il est « impossible d’effacer SSR de l’histoire de Maurice, comme veut le faire le MSM. »

À ceux qui parlent de « dynastie » au sein du PTr, Navin Ramgoolam rappelle que le parti a eu pour leaders Maurice Curé, Emmanuel Anquetil, Guy Rozemont, Seewoosagur Ramgoolam, Satcam Boolell et lui. Plus tard, dans son discours, il demandera aux aspirants leaders de son parti de « ne pas essayer de (le) pousser vers la sortie, ce qui serait la meilleure façon pour (lui) de rester »,. Il devait également se présenter comme étant « une transition entre les vétérans et les nouveaux adhérents » du PTr.

Le communalisme a été un des thèmes dominants du discours de Navin Ramgoolam, qui a demandé à l’assistance de « ne pas tomber dans ce piège-là ». Pour montrer le caractère national de son parti, il a rappelé que « c’est une institutrice créole qui avait accueilli sir Seewoosagur Ramgoolam alors qu’il avait 5 ans dans une école catholique ». Par la suite, alors qu’il avait des difficultés pour payer ses frais universitaires à Londres, G. M. Dawjee Atchia avait organisé une collecte à Maurice afin de lui permettre de terminer ses études de médecine.

Pour le leader travailliste, « jamais depuis l’indépendance, le pays n’a eu un gouvernement aussi corrompu, qui pratique le népotisme, la répression, qui dilapide l’économie, et qui permet à la drogue d’entrer » dans le pays. « On dire bann pirat finn kidnap bato Moris e amen li ver laderiv. Capitenn pa pe konn dirize, pou bizin repran bato-la, remet li dan lamer e ramen Moris a bon por ! » a-t-il lancé.

Il s’est appesanti sur « la montée du communalisme » et a dénoncé les accusations à l’effet que Bruneau Laurette serait « un communaliste » en rappelant que des manifestations réunissant tous les membres de la diaspora mauricienne ont eu lieu dans plusieurs autres pays, dont la France et la Grande-Bretagne. « Est-ce que ces personnes seraient également communalistes ? » a-t-il demandé, avant d’ajouter : « lls paniquent parce qu’ils savent que la fin est proche ! »

« Kan pe donn medesinn ki pa bon dan lopital, pena indou parmi sa bann malad-la ? Kan ladrog pe touye bann zenn, pena zanfan indou ki pe mor la ? Lorski dett piblik reprezant Rs 300 000 lor latet sak zanfan, pena indou ladan ? Kan pe kokin vot dimounn, ou pa pe kokin vot indou ? Kan Moris koule, tou dimounn koule. Ki hindou, kreol, sinwa, misilman… » a-t-il encore dit. « Nou bizin, koum enn sel lepep, donn zot koudpie, fou zot deor ! » Et de poursuivre : « Mon objectif est de mettre ces pourritures dehors avant qu’ils ne détruisent le pays. Nous vivons dans un Etat voyou dirigé par la mafia. Nous continuerons à descendre dans les rues ! »

Abordant le volet des pétitions électorales, Navin Ramgoolam a observé que « jamais dans l’histoire de Maurice, trois partis de l’opposition (le PTr, le PMSD et le MMM) n’avaient contesté les résultats des élections ». « Pourquoi utilisent-ils des Delaying Tactics ? Je sais que j’ai été élu ici. Pourquoi refusent-ils le Recount? Ils pensent que je vais partir. Le jour où je voudrais partir, je partirai de mon propre gré. Je ne suis pas éternel. Il faut préparer la relève », estime-t-il. Et de citer le cas du Kenya, où l’opposition, dit-il, a contesté les élections. « La Cour s’est prononcée en l’espace de deux mois et a demandé la réorganisation d’élections dans les six mois. »

Il a aussi cité le cas du Malawi. « Dans tous les pays où les élections ont été truquées, la population est descendue dans les rues. Cela s’est passé en Tunisie et en Biélorussie. J’appelle la Cour suprême à ce qu’on arrête leurs Delaying Tactics. Il faut fixer une date afin de commencer à revoir les pétitions électorales. La loi prévoit un délai de 21 jours après les élections pour déposer les pétitions. Pourquoi faut-il attendre six mois pour commencer à étudier les pétitions ? Si on ne fait pas attention, la situation empirera », dit-il.

Navin Ramgoolam a par ailleurs estimé que « tous les gouvernements doivent écouter le vent du changement ». Poursuivant : « Au PTr, on ne peut ignorer le vent du changement que la population demande. On ne peut laisser le MSM revenir au pouvoir. Il nous faudra faire les sacrifices qu’il faut. »

S’agissant de sa présence sur la scène politique, Navin Ramgoolam a déclaré qu’après les élections de 2014, il avait décidé de quitter la politique « tranquillement », mais que le MSM « a choisi de procéder à (son) arrestation en mettant de fausses accusations » contre lui. « Zame mo pou less enn dimounn mars lor mo lipie. Bann aspiran lider bizin fer atansion. Mo pou ale mwa. Mai pa pouss mwa sinon mo pa pou ale. Mo natir koumsa. Mo finn konn ladversite, mo finn konn kalomni, mo finn konn basess, mais mo ankor dibout e pou ankor dibout. Mo pou lamem. Nou bizin prepar larelev. Nou ena devwar fer sa parti-la revinn o pouvwar ! »

Aux leaders potentiels au sein du PTr, il dira : « Si ou pena laflamm dan ou leker, pa fer politik. Pourquoi la famille Jugnauth a peur de moi ? C’est parce qu’elle sait que je suis déterminé et que je ne ferai aucun compromis. » Et de faire mention des différentes rumeurs qui circulent contre lui, dont le fait qu’il négocierait avec le MSM. « Read my lips. Avek le MSM, non. Pas question, jamais ! Zot ki bizin rant dan poubel de listwar. »

Les proposition du Labour

Dans un autre volet de son intervention, Navin Ramgoolam a fait une série de propositions qui seraient mises en œuvre sous un éventuel gouvernement travailliste. Ainsi, s’inspirant de ce que fait Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, il dit son intention d’introduire le concept de State Capture afin que tous ceux ayant abusé de l’État puissent répondre de leurs actes. Dans ce contexte, il s’est dit en faveur de l’introduction d’un Economic Offenders Bill et d’une Fiscal Responsibility Act.

Par ailleurs, la politique touristique, selon lui, doit être revue, soulignant que Xavier-Luc Duval a été « un des meilleurs ministres du Tourisme, parce qu’il avait une vision ». Il s’est également prononcé en faveur d’une Freedom of Information Act. Selon lui, les arrestations sur la base de “provisional charges” « doivent être revues ».

Parmi les autres propositions, on relève la création d’une instance pour s’occuper des nominations dans le secteur public, la présidence de l’Independent Broadcasting Authority assumée par un juge, l’introduction d’une Interception Communication Act pour empêcher que le gouvernement puisse écouter les appels téléphoniques de membres de l’opposition et des journalistes. Mais aussi « la nécessité que les citoyens puissent s’exprimer librement », l’application de sanction contre les NSS, « qui au lieu de faire leur travail surveillent les membres de l’opposition », la révision de la répartition du temps entre le gouvernement et l’opposition, notamment lors de la PNQ au Parlement.

Il cite aussi l’autorisation des interpellations parlementaires sur les compagnies gouvernementales, la révision des procédures concernant la nomination de l’Attorney General, « poste qui devrait être confié à un légiste ayant au moins 15 ans d’expérience au Barreau », l’introduction d’une loi anti-transfuge et d’un système de référendum, « afin de consulter le peuple sur les grands dossiers en utilisant les empreintes digitales et les technologies informatiques », l’enregistrement des nouveaux votants tous les mois, « au lieu d’une fois par an », la nomination de magistrats « formés et expérimentés » dans les tribunaux, l’abolition du système de grâce pour les trafiquants de drogue condamnés à vie et la réforme de la MRA, « afin que cesse le harcèlement des petits entrepreneurs ».

Et, enfin, la construction d’hôpitaux pour les femmes, les enfants et ceux souffrant du cancer, la nomination d’administrateurs qualifiés à la tête des hôpitaux, la création d’hôpitaux pour animaux et des sanctions contre ceux qui les maltraitent.

Navin Ramgoolam conclut en affirmant que les élections générales « ne sont pas loin ».

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