Échiquier politique : l’étape de la guerre psychologique

  • Les états-majors politiques se surveillent de près pour limiter les dégâts de l’opération « débosaz « préélectorale
  • La semaine se terminant au vendredi 13 septembre pourrait donner le ton de la configuration électorale avec la « Zoli Mamzel « du PMSD devant refaire son maquillage politique
  • Un «war chest» d’au moins Rs 300 millions pour les principales formations politiques en lice aux prochaines législatives
  • Troisième et dernier appel à candidatures de la Commission électorale pour compléter les 15 000 fonctionnaires nécessaires au bon déroulement du scrutin à venir

Même si aucun des 26 candidats à la partielle-parenthèse de Piton/Rivière-du-Rempart (N°7) ne s’est désisté, il ne demeure pas moins vrai que le rendez-vois du mercredi 13 novembre pour le scrutin devra s’éclipser du calendrier politique, faisant de la place à des élections générales. Mais quand ? C’est l’une des principales armes entre les mains du Premier ministre et leader de Lalyans Lepep, Pravind Jugnauth, dans cette guerre psychologique à plusieurs dimensions, dont les effets se font déjà sentir au niveau des états-majors politiques.

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À cela vient s’ajouter l’opération débosaz préélectorale, initiée par le MSM et ciblant des seconds couteaux du MMM, pourtant des courroies de transmission politique cruciales sur le terrain. La déclaration de Navin Ramgoolam, à Caroline dans son fief adopté de Montagne-Blanche/Grade-Rivière-Sud-Est (N°10), à l’effet que le Parti travailliste « pe al tousel dan éleksyon » devra forcer la Zoli Mamzel du PMSD de revoir et de refaire son maquillage politique pour ne pas rater le train électoral.

Toujours avec le lexique ferroviaire, le démarrage du projet de Metro-Express entre Rose-Hill et Port-Louis se présente comme le signal de départ par excellence de la campagne électorale pour les législatives avec les partis politiques devant s’assurer d’un war chest aggloméré de quelque Rs 300 millions pour tenter de convaincre l’électorat de leur confier ce nouveau mandat de locataire à l’Hôtel du gouvernement pour les cinq prochaines années. Toutefois, les sources de ce financement électoral posent un véritable casse-tête si l’on tient compte que pour la période 2015 à 2018, les bilans financiers des sociétés ne révèlent officiellement qu’une trentaine de millions de roupies sous forme de political contributions.

Avec le départ de Pravind Jugnauth en mission officielle au Japon pour la 7e édition de TICAD et ce, jusqu’au prochain week-end et la dernière étape des préparatifs pour la visite du pape François à Maurice le 9 septembre, sans oublier les célébrations nationales pour la fête Ganesh Chaturthi des 2 et 3 septembre, aucun développement politique majeur ou encore électoral, que ce soit en termes d’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et de publication de writs pour les législatives ne devrait être à l’agenda. De ce fait, la semaine menant à la séance parlementaire du vendredi 13 pourrait se présenter comme étant riche en rebondissements politiques. Néanmoins, d’autres sources n’écartent pas la possibilité que les parlementaires soient appelés à participer à d’autres séances post-vendredi 13.

Toutefois, les retombées de l’opération « débosaz », conçue conjointement par le Sun Trust et Lakwizinn du Prime Minister’s Office pourraient s’accentuer au cours de ces trois prochaines semaines, que le leader de Lalyans Lepep soit en première ligne à Maurice ou pas. C’est du moins ce que laissent entendre des milieux proches de la direction du MSM en ajoutant que « les partis ciblés pourraient même être appelés à revoir leurs listes de candidats pour des substitutions » au cas où cette mission est menée à terme.

En début de semaine, la démission de Raj Nuckchady des instances du MMM a donné des ailes à la dirty tricks unit du MSM. Avec le week-end, le réseau orange citait  openly des noms de militants mauves susceptibles d’emboîter le pas à Raj Nuckchady. Au sein du MMM, on suit avec une attention redoublée ces manœuvres politiques, même si les plus optimistes tentent d’accréditer la thèse « d’une guerre psychologique engagée par le Sun Trust » en route vers la dissolution de l’Assemblée nationale.

D’autres sources au MMM mettent en garde contre les tactiques déployées, notamment faire miroiter d’importantes promesses postélectorales pour obtenir la mise en retrait au minimum de ces militants le temps de la campagne électorale. «Fode pa ankor blié saki Kee Chong Li Kwong Wing finn fer lor lestrad Lalyans Lepep avec Goldfinger à Vacoas lavey eleksyon zeneral désam 2014 », ajoute-t-on pour faire comprendre que « bann rimer pou aste untel ek untel » ne sont pas prises à la légère. Tout comme le « koze » à l’effet que l’ancien bras droit de Navin Ramgoolam, Rama Valayden, pourrait obtenir l’investiture de Lalyans Lepep à Stanley/Rose-Hill (N°19).

Après Kavi Ramano, dont les adversaires l’attendent lors des réunions privées à Belle-Rose/Quatre-Bornes (N°18) avec les délibérations du Fact Finding Committee sur les transactions foncières à Trianon opérées par le Sugar Insurance Fund Board (SIFB) ou encore la connexion notariale avec le ministre des TIC, Yogida Sawmynaden, la bande à Steve Obeegadoo de la Plateforme Militante a préféré intégrer sans surprise le train orange (voir détails plus loin).

Appel du pied

Dans les rangs de l’opposition, l’une des rares options d’alliance impliquait le Parti Travailliste et le PMSD. Mais la virulence du ton adopté, vendredi à Caroline, par Navin Ramgoolam pour réitérer le vœu que le Labour « pe al tousel dan eleksyon » est venue remettre en question cette éventualité. Il semblerait que l’ancien Premier ministre aurait fait fi de l’appel du pied de mercredi dernier venant du chef de la basse-cour des bleus, Xavier-Luc Duval, à l’effet qu’à «aucun moment il n’a regretté d’avoir quitté le gouvernement Jugnauth ».

Difficile à dire à ce stade quelle a été la réaction au sein du Labour de cette prise de position de Navin Ramgoolam par rapport au PMSD. Pourtant, au lendemain de l’annonce de l’intégration de Kavi Ramano au sein du Lalyans Lepep, des voix se sont élevées dans le Parti travailliste pour critiquer « cette occasion ratée suite à des délais dans la prise de décisions de la part du leadership ». En tout cas, après l’épisode de Caroline au N°10, le PMSD devra revoir sa stratégie de Zoli Mamzel, soi-disant trèsconvoitée sur l’échiquier politique.

Cette déclaration de Navin Ramgoolam ferait-elle partie de la guerre psychologique avant le Nomination Day pour les élections générales en vue de s’assurer le politial leverage critique ? À cette question, l’inner circle des rouges maintient sans plus que « the Boss means business », alors que d’autres pourraient trouver que « this boils down to a negotiating ploy pour ramener le PMSD à sa juste proportion » au moment d’une répartition des tickets et des responsabilités à venir. « Il ne faut pas oublier que le PMSD a réalisé l’exploit historique de voir son candidat perdre sa caution à la partielle urbaine du N°18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes) et que la performance de Xavier-Luc Duval en tant que leader de l’opposition ne lui a pas fourni les cartes nécessaires pour imposer des conditions d’une alliance politique », fait-on comprendre parmi les die-hard du Square Guy Rozemont historique.

La phrase assassine de Navin Ramgoolam sur toute alliance électorale aurait dû techniquement pousser le PMSD dans les bras des patrons du Sun Trust. L’obstacle se dresse en la personne du Deputy Prime Minister et leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, qui assumera dès demain le poste de Premier ministre par intérim. Le N°2 de Lalyans Lepep se gargarise du fait que « son parti a toujours été et est encore kare-kare fidèle au gouvernement Jugnauth ».

Acharnement         personnel

À moins d’un arrangement électoral  « at whatever cost » pour les prochaines législatives, l’on voit difficilement le tandem constitué de Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo accommoder le PMSD de Xavier-Luc Duval. D’autant plus que pas plus tard que vendredi soir, le leader du PMSD « was belittling » Ivan Collendavelloo à Trèfles dans la circonscription N°19 en déclarant que « je ne veux pas gaspiller ma salive pour critiquer un nain politique. Il est né nain et restera nain en politique. »

L’acharnement personnel entre ces deux leaders politiques, alliés aux dernières élections, devrait être aplani en guise de condition préalable à tout nouveau contact. Si demain Zoli Mamzel devra se mettre à table avec ses prétendants au pouvoir « pour une offre digne et sincère » comme l’avait dit l’autre, Xavier-Duval aura à ravaler sa salive. À moins que le PMSD ne décide de briguer le suffrage en présentant des candidats dans les 20 circonscriptions à Maurice et également à Rodrigues face à l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) de Serge Clair et le Mouvement Rodriguais (MR) de Nicolas Von Mally.

Le vendredi 13, Xavier-Luc Duval se contentera-t-il de sa stratégie de ne pas venir de l’avant avec une Private Notice Question (PNQ) pour la séance de l’après-midi et surtout éviter toute confrontation directe avec le Leader of the House, Pravind Jugnauth ? Difficile à dire à ce stade, même s’il faut concéder le fait que le fils du fils, Adrien Duval, à qui on a voulu donner du grade poltique, avait sorti ses griffes contre le front bench du gouvernement au cours des dernières séances parlementaires.

Avec le Premier ministre obligé d’annuler l’élection-parenthèse du N°7 bien avant la date fatidique du mercredi 13 novembre pour déclencher le processus des législatives, le nerf de la guerre auquel doivent faire face tous les partis politique se résume aussi et surtout à l’electoral war chest. Au bas mot, les principales formations portiques devront trouver entre elles des fonds avoisinants les Rs 300 millions pour se jeter dans la bataille électorale. C’est ce qu’avancent des sources, qui s’y connaissent en finances pour des élections générales.

« D’abord, sur le plan personnel, chaque candidat devra disposer de fonds de roulement variant entre Rs 500 000 et Rs 1 million pour sa campagne. Puis, le parti est appelé à gérer une série d’autres dépenses incontournables comme l’impression des bulletins de vote à être distribués dans les circonscriptions, les affiches de campagne sur le plan national, les grands rassemblements au niveau des régions et toute la logistique en termes de voitures et de carburant le jour du scrutin pour amener les électeurs à venir voter. Le chiffre de Rs 80 millions à Rs 100 millions par parti ne constitue nullement un détail trompeur », concède-t-on dans les états-majors.

Démonstration de force

Mais le mystère demeure sur la provenance de ces fonds ? Les données disponibles officiellement démontrent que les contributions politiques des conglomérats à Maurice ne représentent qu’un dixième de ces Rs 300 millions au cours de la période allant de 2015 à 2018. Du moins ce que révèlent des bilans financiers. En cette période électorale, cette contribution financière du secteur privé aux partis politiques pourrait être plus conséquente. Pour 2014-15, période coïncidant avec les dernières élections générales, le financement du privé avoisinait les Rs 100 millions, soit le tiers. Mais quid des autres Rs 200 millions ?

De leur côté, les Rs 300 millions allouées dans le budget de 2019-20 à la Commision électorale à l’item des élections sont accountable avec des détails pour le moindre sou dépensé sous le contrôle diu Directeur de l’Audit et de l’Assemblée nationale. Une des poches de dépenses conséquentes concerne le recrutement des fonctionnaires pour être déployés dans les centres de vote dans les circonscriptions à Maurice, Rodrigues et Agalega pour le scrutin. L’impression de quelque 950 000 bulletins de vote pour les 941 719 inscrits dans les derniers registres de la Commission électorale y compte également pour beaucoup à l’item des dépenses.

Un petit détail qui devra accentuer la pression en ce qui concerne les prochaines élections générales pourrait émaner de la Commission électorale dans les prochains jours. Quelque 15 000 fonctionnaires seront nécessaires pour la tenue du scrutin. Mais à ce jour, un déficit de quelque 2 500 se fait sentir. Un troisième et ultime call aux employés du service civil sera lancé pour donner la chance aux nouvelles recrues de se faire inscrire, constituant la banque de données de la Commision électorale.

En parallèle, les Electoral Officers ont déjà entamé la tournée des circonscriptions en vue de vérifier les dispositions, en termes de rampes pour faciliter l’accès aux électeurs souffrant d’un handicap ou encore de connectivité. Sur la base de ce constat, les services compétents seront approchés pour que les améliorations nécessaires soient entreprises pour le jour-J des législatives.

Pour ce qui est de Rodrigues, l’exercice prévu en septembre nécessitera le déplacement d’une mission de la Commission dans l’île à cet effet. Par contre, en ce qui concerne les trois centres de vote d’Agalega, notamment Jacques Le Chartier Government School, Sainte-Rita Government School et La Fourche Community Centre, des contacts devront être établis en début de semaine avec les responsables dans l’archipel en vue de confier cette mission d’inspection. Au cas contraire, il faudra attendre le prochain déplacement du Dornier.

Mais d’ici là, la guerre psychologique gagnera en intensité sur le terrain dès le départ de la visite du souverain pontife dans la soirée du 9 septembre, avant de céder la place à la démonstration des forces politiques en présence sur le terrain.

Rodrigues: l’OPR mobilise les jeunes sur le thème de la politique

Profitant de la journée internationale de la jeunesse, l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) réunit aujourd’hui les jeunes pour une demi-journée de dialogue sur le thème Jeunesse et politique. Rose De Lima Édouard Ravina, présidente du Comité central jeune du parti, soutient que cette activité découle du désir exprimé par les jeunes pour des échanges avec les dirigeants.

« De plus en plus, le monde entier souligne l’importance et initie des actions en faveur des jeunes afin de permettre de construire l’avenir dès l’instant présent, donc l’avenir de Rodrigues également. Les jeunes ont exprimé le désir d’interagir et d’échanger des idées avec les dirigeants du pays afin de faire entendre leurs voix, mais aussi de permettre aux dirigeants de répondre à leurs questions et interrogations. Permettant de ce fait aux jeunes, aux dirigeants et au parti d’avoir un dialogue constant et une communication régulière, créant ainsi une proximité entre l’OPR et la jeunesse », déclare Rose de Lima Édouard Ravina.

« Il n’y a pas d’âge pour s’intéresser au progrès du pays et à la politique qui est un pilier qui concerne la vie d’un pays », dit-elle, en ajoutant que « chacun aura l’opportunité de partager ses expériences, de découvrir ou se redécouvrir les uns les autres. Les jeunes auront l’occasion de se lier d’amitié avec d’autres jeunes, car c’est toute l’île Rodrigues qui sera présente à travers les six régions qui seront représentées. L’occasion aussi d’en ressortir consolidé et renforcé au niveau du parti, mais également dans la vie de Rodrigues. «

Pour sa part, Serge Clair, le leader de l’OPR, félicite les jeunes qui recherchent le dialogue avec les politiciens par rapport à la politique. « C’est très intéressant. Car les jeunes d’aujourd’hui doivent savoir et comprendre comment Rodrigues va se développer dans les années à venir et quel type de développement  apporter », a-t-il souligné. Toute la jeunesse de Rodrigues est invitée à “ce grand dialogue” avec des moyens de transport mis à leur disposition dans toutes les régions.

Un petit air de campagne électorale dans l’île.

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