L’équipage du « Sea Master » secouru
Le ministère de l’Environnement attend une communication de la compagnie pour désenclaver le bateau aujourd’hui
Le Sea Master, bateau de pêche appartenant à la compagnie Hassen Taher Seafoods, s’est échoué sur les récifs au large de Saint-Brandon, jeudi soir. Si l’équipage a pu être secouru, le bateau est toujours coincé sur les récifs de l’île d’Albatross. Les pêcheurs qui fréquentent cette région craignent une catastrophe écologique avec ses quatre tonnes de mazout à bord. Comme quoi le spectre du MV Wakashio plane toujours. De son côté, le ministère de l’Environnement attend une communication de la compagnie pour enlever le bateau aujourd’hui.
L’échouage du Sea Master au large de Saint-Brandon a été confirmé par le ministère de la Pêche. Toutefois, c’est le National Coast Guard (NCG) qui gère le dossier, nous a-t-on fait comprendre. Au niveau du service de communication de la police, on indique que c’est la compagnie Hassen Taher Seafoods qui a alerté le NCG, à 22h24 le 3 juin 2021, au sujet d’un de ses bateaux en difficulté au large de Saint-Brandon. L’inspecteur Shiva Coothen a ainsi déclaré : « Le bateau se trouvait sur les récifs de l’île d’Albatross. Le personnel du NCG sur place a demandé de l’aide aux bateaux de pêche dans les parages et c’est ainsi que les huit membres d’équipage ont été évacués sur l’île Raphaël. Ils ont, par la suite, été transférés sur le bateau Sea Grace qui faisait route vers Maurice hier matin. »
Si l’équipage est sain et sauf, c’est le risque d’une catastrophe écologique dans cette région qui préoccupe. À ce sujet, l’inspecteur Shiva Coothen précise : « Le ministère de l’Environnement a déjà pris contact avec Hassen Taher Seafoods à ce sujet. Ils ont jusqu’à samedi matin pour communiquer leur plan pour retirer le bateau des récifs. Ils devront en assurer la responsabilité, d’autant qu’il y a quatre tonnes de mazout à bord. Ils devront faire pomper ce mazout en priorité. »
Nous avons essayé d’en savoir plus auprès de la compagnie Hassen Taher Seafoods, mais le numéro de téléphone est hors-service. De leur côté, les pêcheurs qui fréquentent cette région ne cachent pas leurs inquiétudes. « Saint-Brandon est une région encore vierge. C’est le seul endroit où nous pouvons encore aller pêcher car il ne reste plus grand-chose dans nos lagons. Avec le mauvais temps annoncé ces jours, nous avons très peur que le bateau se brise, comme le MV Wakashio. Il faut aussi savoir que l’île d’Albatross, la plus grande de Saint-Brandon, est un véritable sanctuaire d’oiseaux. Ce sera un vrai désastre s’il y a des fuites d’huile dans cette région. »
Les pêcheurs témoignent que cette partie nord-ouest de Saint-Brandon est réputée dangereuse. « Auparavant, on y ramassait le guano, utilisé comme fertilisant, mais l’île n’est plus habitée depuis 1988. » Ces derniers ajoutent que Saint-Brandon a des particularités et que comme Rodrigues, ses récifs sont hors de l’eau à marée basse. D’où les difficultés pour ceux qui ne connaissent pas bien la région. Ils lancent également un appel aux autorités pour être plus vigilantes lorsqu’elles donnent des permis d’opération. « Cette compagnie a déjà eu deux bateaux ayant fait naufrage par le passé et on n’a jamais su ce qui s’est passé. Il faudra être plus strict sur l’octroi des permis. »
Les pêcheurs souhaitent que le Sea Master soit vite enlevé afin de ne pas abîmer davantage les récifs. « Déjà qu’on vient de connaître l’épisode du Wakashio, on ne veut pas d’une nouvelle catastrophe, surtout dans un endroit aussi riche en biodiversité que Saint Brandon. » Ils se disent également en faveur d’une période de fermeture de la pêche sur ces bancs afin de permettre la régénération.
C’est l’équipe de Raphaël Fishing qui a conduit les éléments du NCG sur place pour secourir les membres d’équipage. À ce stade, on ne sait s’il y avait des Mauriciens à bord ou si tout l’équipage est malgache.