Économie – Article IV Consultations: Les claques sonores du FMI à la BoM !

– Carton rouge au War Chest de Rs 82 milliards avec la mission Sancak du FMI recommandant un désengagement de la BoM Tower dans la Mauritius Investment Corporation Ltd

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– La Banque centrale forcée à revoir la One-Off Exceptional Contribution de 60 milliards au budget dans son bilan financier

La couche de vernis de satisfaction du Fonds monétaire international (FMI) au sujet de la gestion de la première vague de Covid-19 de l’année dernière se fond comme neige au soleil. Du moins, dès que le spectre de l’endettement national, déjà au-dessus de la barre des 90% du PIB, se profile en marge des Article IV Consultations. En tout cas, du côté de la Bank of Mauritius Tower, les claques administrées par la mission, menée par Cemile Sancak, sont des plus sonores. Ainsi, en anticipation à la publication de l’IMF End-of-Mission Press Release à Washington D. C. dans la nuit de vendredi à samedi, la Banque centrale a préféré prendre les devants avec la première étape de la remise en ordre de son bilan des opérations, notamment en ce qui concerne ses «actes de générosité» envers le gouvernement de l’Alliance Morisien du Premier ministre, Pravind Jugnauth. En sus des Rs 18 milliards avancées pour une opération de remboursement précipité de la dette étrangère, deux autres interventions de la Banque centrale – soit la One-Off Exceptional Contribution de Rs 60 milliards de mai 2020 en vue de stabiliser l’économie et le War Chest de Rs 82 milliards de la Mauritius Investment Corporation Limited en guise de bouée de sauvetage aux Covid-19 Impacted Entities avec un chiffre d’affaires plancher de Rs 100 millions – ont été épluchées par le biais de téléconférences du 19 avril au 7 mai.

D’emblée, la mission Sancak dresse trois constats de l’économie. Maurice a réussi à contenir la pandémie de la Covid-19 (première vague) grâce à de strictes mesures sanitaires à court terme.

Il est approprié de mener des politiques budgétaire et monétaire accommodantes pour ce qui est de la sortie de la pandémie, les autorités devant rééquilibrer le budget afin de stabiliser la dette publique et renforcer les mesures sur le plan monétaire. Et, pendant la phase de redressement, les autorités doivent privilégier des mesures de soutien visant à améliorer la résilience et la compétitivité de l’économie et accélérer la transformation structurelle à long terme.

Les critiques du FMI à l’encontre des initiatives de la Banque de Maurice, au coût total d’un plus de Rs 142 milliards, soit l’équivalent de 30% du PIB, font partie du sixième paragraphe sur dix du communiqué du FMI, mais dont la teneur est davantage plus élaborée que les autres. La principale recommandation est présentée de manière catégorique: la Banque de Maurice doit se désengager de la Mauritius Investment Corporation Ltd, privilégiant du même coup le processus budgétaire en ouvrant la voie à une plus grande transparence au niveau de l’Assemblée nationale et en réduisant à néant la clause de Non-Disclosure Agreement dans les dealings avec le secteur privé.

En attendant de prendre connaissance en détail des analyses approfondies du FMI sur la Mauritius Investment Corporation Ltd, filiale de la Banque de Maurice, dans des rapports à être soumis subséquemment au Board of Governors, le End-of-Mission Press Release est explicite en exigeant à la Banque de Maurice de «relinquish ownership of MIC». Ainsi, mention est faite que «the Central Bank law is being reformed, including to preempt further exceptional transfers to the government, in line with international best practices. In addition, the mission recommended that the central bank should relinquish ownership of the Mauritius Investment Corporation (MIC), and financing of the MIC should be provided through the budgetary process».

Par ailleurs, environ six heures avant la publication du communiqué du FMI, la Banque de Maurice postait sur son site Web un communiqué officiel, confirmant un an après une reformulation du One-Off Exception Contribution de Rs 60 milliards au gouvernement. Après les conclusions préliminaires de la mission Sancak, la démarche affichée par la Banque de Maurice bénéficie d’un autre éclairage, soit une mesure adoptée sous le diktat du FMI.

«The government should prepare plans for fiscal consolidation»
«As the Bank approaches its financial year end, in the interest of transparency, the Bank informs the public that the treatment of the Rs60 billion in its books is as follows : an amount of Rs 32 billion has been written off from the Special Reserve Fund and the remaining balance of Rs 28 billion is being treated as advance against future profits distributable to government.»

Par ailleurs, tout en souscrivant à la riposte monétaire à la crise, le FMI propose à la Banque centrale «to maintain accommodative monetary policy in the near term, to strengthen the monetary policy lever in anticipation of the waning of the crisis». La mission recommande de privilégier les programmes qui sont compatibles avec les besoins de développement à moyen terme et les objectifs sociaux et environnementaux plus généraux, tels que la transformation numérique, l’inclusion et l’atténuation du changement climatique, pendant la phase de redressement.

Le FMI s’est montré également préoccupé par l’évolution de la dette publique, avec la barre des Rs 400 milliards ou pire encore, le seuil psychologique de 100 du PIB, en vue de manière imminente. La présentation du budget se précisant, la cheffe de mission souligne que «the government should prepare plans for fiscal consolidation to stabilize debt in the medium term once Mauritius has firmly emerged from the pandemic to preserve fiscal sustainability and build buffers given the substantial increase in public debt level, which is likely to exceed 90 percent of GDP in the wake of the crisis».

Pour le FMI, les priorités identifiées pour la phase de reprise se définissent autour des mesures de soutien visant à améliorer davantage la compétitivité de l’économie, à diversifier celle-ci et à accélérer la transformation structurelle à long terme afin d’en faire une économie durable et résiliente, reposant sur l’éducation et la technologie.
Par ailleurs, tout en se félicitant de «la mise avec succès d’un ensemble vaste et complet de mesures de relance pour atténuer les répercussions de la pandémie sur l’économie», dont une contraction de 15 % l’année dernière, le FMI se dit conscient que «sur le plan macroéconomique, la tâche principale des autorités consiste à rétablir l’emploi et la croissance, même si le secteur du tourisme restera atone au moins jusqu’à la fin de 2022». Les prévisions de croissance pour l’année en cours sont de l’ordre de 5% tout en tenant en ligne de compte que «however, there is uncertainty about tourism flows».

Toujours au chapitre de la pandémie, le FMI classe Maurice dans la catégorie de bons élèves en notant que «jusqu’à présent, grâce à de strictes mesures sanitaires. Maurice a enregistré très peu de cas de transmission intérieure de la Covid-19 après un strict confinement national de mars à mai 2020 et la fermeture des frontières jusqu’à début octobre. En s’appuyant sur le solide système public de santé du pays, les autorités ont pu rapidement contenir les flambées épidémiques en mettant en œuvre un dépistage à grande échelle, en assurant un solide traçage des contacts et en isolant strictement tous les cas présumés et confirmés, ainsi qu’en maintenant l’obligation du port du masque dans tous les lieux publics».

La mission Sancak répercute le mantra Obeegadoo en ce qui concerne la campagne de vaccination avec l’objectif de 60 % de la population pour constituer cette Herd Immunity d’ici juillet prochain, même si l’approvisionnement en doses de vaccin fait toujours défaut. Même le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal n’a pas été en mesure de fournir des détails sur le calendrier de réception de vaccins anti-Covid-19.

En conclusion, Cemile Sancak, qui a consulté à distance tout un éventail d’officiels et de responsables, que ce soit du public ou du privé, dont le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam et le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, souligne que «the IMF stands ready to assist the authorities in the implementation of their economic program, including through the provision of capacity development, and looks forward to continuing fruitful policy dialogue».

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