ÉCONOMIE ET FINANCES : Les trois R du budget 2020/21 soit Recovery, Revival et Resilience

Mais les non-dits dans le Budget Speech se conjuguent avec une dette publique de Rs 456,6 milliards, des recettes de la TVA en hausse annoncées de Rs 11,5 milliards et des dépenses publiques de Rs 190 milliards

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La réouverture de frontières en deux phases, soit le 15 juillet et le 1er octobre, accueillie favorablement par les opérateurs du tourisme

Pendant top deux heures, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a donné lecture à son deuxième Budget Speech de la série Covid-19 en voulant articuler la politique économique autour de trois R, à savoir Recovery, Revival et Resilience. Le tout avec une touche portant l’empreinte de feu sir Anerood Jugnauth. Pour son discours sur le thème “Mieux Ensemble”, le Grand Argentier est remonté jusqu’à 1991 quand, dans son discours du budget, l’ancien Premier ministre et ex-président de la République avait fait état de « A land of achievers and of achievements ». Toutefois, à la conclusion du discours du budget, les réactions dans le camp de l’opposition, entre autres, donnaient une indication d’insatisfaction face aux mesures ou encore l’absence de mesures pour faire face aux répercussions de la pandémie de Covid-19.
Le secteur privé, en l’occurrence Business Mauritius, trouve que le gouvernement a privilégié la croissance économique aux dépens de l’austérité dans la conjoncture économique, même si le ministre des Finances concède, dans son discours, que des incertitudes perdurent. Les seuls à vouloir et à pouvoir fêter sont dans le secteur du tourisme, en particulier de l’hôtellerie, qui a obtenu gain de cause avec une réouverture des frontières en deux temps, soit à partir du 15 juillet, avec un protocole sanitaire très strict dans les Resort Hotels, et du 1er octobre, avec libre circulation pour touristes inoculés.
Dans l’immédiat, les consommateurs, notamment les usagers du transport, écoperont d’une hausse de Rs 2 par litre d’essence et de mazout, les recettes générées devant servir à financer l’importation de vaccins anti-Covid-19 pour atteindre la Herd Immunity en septembre prochain. En plus, le ministre des Finances a été cherché des recettes supplémentaires avec la majoration de l’ordre de 10% sur l’Excise Duty imposé sur la cigarette et l’alcool, et une hausse de 2% de la taxe sur les paris aux courses et sur les matches de football.
De leur côté, les employés du secteur public ont décodé un premier signal par rapport à la mise à exécution des recommandations du prochain rapport du Pay Research Bureau (PRB). Une Passing Remark à l’effet que le gouvernement se tient prêt à payer les révisions salariales préconisées par le PRB. Néanmoins, les Budget Estimates ne prévoient aucune dotation à cet effet, sauf l’Interim Allowance de Rs 1 000 payable depuis le 1er janvier 2020. La raison est que le gouvernement n’est pas encore en présence des recommandations du PRB. En principe, la date de publication du rapport du PRB est annoncée pour octobre prochain, le paiement effectif se faisant dès janvier 2021.
Toutefois, pour en revenir aux chiffres du budget, car tout exercice à ce niveau comporte des chiffres, l’item qui retient l’attention dans les Budget Estimates demeure les prévisions du ministre des Finances pour une hausse des recettes à l’item de la Taxe sur la valeur ajoutée de l’ordre de Rs 11,5 milliards, pour titiller la barre des Rs 40 milliards (Rs 39,5 milliards) en 2021/22. Les derniers chiffres indiquent qu’avec le ralentissement de la consommation en raison de la pandémie de coronavirus, le gouvernement a enregistré un manque à gagner de Rs 4,6 milliards au 30 juin de cette année, par rapport à 2019/20, où les recettes de la TVA étaient de l’ordre de Rs 32,7 milliards. Les Rs 11,5 milliards additionnelles annoncées constituent-elles un signal que les prix sur les étagères continueront de flamber ? En tout cas, les ménagères en savent quelque chose déjà.
Toujours en termes de revenus, les impôts sur les revenus, qui se sont maintenus aux Rs 11 milliards au cours de ces deux dernières années, pourraient rapporter Rs 13 milliards en 2021/22, alors que le ministre des Finances fait preuve d’optimisme en misant sur une augmentation de 50% des revenus générés par la Corporate Tax, passant de Rs 10,4 milliards au 30 juin de cette année pour atteindre Rs 15 milliards en 2021/22.


Au tableau de la dette publique

Les chiffres de l’exercice financier

Rs 2 de plus par litre d’essence
pour financer les vaccins
Excise Duties: hausse de 10%
sur la cigarette et l’alcool
TVA: Rs 39,5 milliards, soit
Rs 11,5 milliards de plus en une année
Income Tax: Rs 29,9 milliards,
contre Rs 23,5 milliards
Dette publique : Rs 456,6 milliards
(+ Rs 37, milliards), soit 91,4% du PIB
Revenus : Rs 137,7 milliards, soit
Rs 17,8 milliards de moins
Dépenses : Rs 190 milliards, contre
Rs 214,3 milliards
Déficit budgétaire : 5% du PIB,
contre 5,6% en 2020/21

Au tableau de la dette publique, la situation est toujours au rouge, avec la montagne de la Public Sector Debt devant se retrouver à hauteur de Rs 456,6 milliards au 30 juin de l’année prochaine, contre Rs 419,1 milliards au cours du présent exercice financier. Le ratio de la dette publique par rapport au Produit intérieur brut, qui est de 95% actuellement, pourrait descendre à 91,4% l’année dernière. C’est du moins ce qu’indique le ministre des Finances, alors qu’en 2025, le ratio devrait être de 80% et, en 2030, de 75%. C’est-à-dire que la dette publique continuera de représenter une bombe à retardement pour les générations futures.
Avec le Budget Call du début d’année pour une opération “ser sintir”, les dépenses publiques sont estimées à Rs 190 milliards, contre Rs 214,3 milliards pour l’exercice financier qui tire à sa fin. L’on notera que ministère de la Sécurité sociale, Basic Retirement Pension à Rs 9 000 par mois oblige, se retrouve avec une enveloppe budgétaire de Rs 38,6 milliards, soit en hausse de Rs 1,6 milliard, celui de l’Éducation avec Rs 17 milliards, soit un peu moins de Rs 2 milliards supplémentaires, la Santé avec Rs 13,1 milliards, légèrement en hausse, ou encore la police, avec Rs 10,4 milliards, donc une hausse de Rs 2 milliards par rapport à 2020/21.
L’exercice financier en cours verra un déficit budgétaire de 5,6%, représentant Rs 24,6 milliards, alors que pour le prochain, les prévisions sont de 5%. De ce fait, les dépenses totales devront représenter 32,5% du PIB et les recettes, 27,5%. Pour l’année fiscale 2021/22, le Grand Argentier annonce une croissance du PIB de 9%.
En termes d’ambiance au sein de l’hémicycle pendant ces deux heures de Budget Speech, la Shouting Brigade de la majorité gouvernementale s’est manifestée en une cinquantaine d’occasions lors de l’opération “Tap Latab”. Force est de constater que les applaudissements ont été quelque peu timides, souvent des fois initiés par le ministre concerné lui-même. Mais le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun, qui traîne encore les boulets de Grey List de la Financial Action Task Force et de la Black List de l’Union européenne, a été un des rares à ne pas bénéficier de cette explosion de joie de la part de ses pairs de la majorité.
Mais l’analyse des chiffres des Budget Estimates et du Fine Print de l’annexe au budget, comme ces amendements envisagés à la GRA Act (voir page 14), devrait alimenter la chronique budgétaire pour les jours à venir…

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