ÉCONOMIE – IMPACT POST-COVID-19 : François Eynaud (Sun Ltd) : « Le pire est à venir »

- Le CEO de ce groupe hôtelier craint de nombreuses  faillites et d'entreprises sous administration dans les prochains mois - « Le défi est de gérer 75% de nos coûts jusqu'à la réouverture des frontières »

François Eynaud, Chief Executive Officer (CEO) du groupe hôtelier Sun, qui gère quatre hôtels à Maurice et un aux Maldives ayant accumulé des pertes massives de Rs 1,8 milliard pour l’exercice financier clos le 30 juin, a parlé à cœur ouvert mardi dernier sur l’état de l’industrie touristique. Il intervenait lors d’une fonction de Business Mauritius sur l’ipact de COVID-19 sur l’économie.
François Eynaud s’est appesanti sur les graves difficultés auxquelles est confronté le milieu hôtelier depuis neuf mois. « The impact is very strong and the phase 2 opening is just a quarantine and does not attract tourists », a-t-il expliqué. Il a indiqué que le groupe a quelques hôtels ouverts pour la quarantaine mais que celle-ci ne fournit aux hôteliers que 10% de leurs revenus habituels. « Nous le faisons juste pour faire fonctionner l’hôtel et permettre au staff de travailler », dit-il. Après neuf mois d’arrêt, la situation est catastrophique pour les 3 000 opérateurs enregistrés du secteur.
« L’impact est très lourd sur le secteur et le pire est devant nous parce que les compagnies sont résilientes jusqu’à un certain temps », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « There could be lots of bankruptcies and voluntary administration coming in the sector in the next months because our tour operators are not paying us and some are going bankrupt so we have debt not coming in and that is a big problem for the operators right now. »
Vu la situation de la pandémie dans le monde, le secteur touristique souffre aussi d’un manque de visibilité pour la prise de décisions, faisant face à divers scenarios possibles sur la réouverture des frontières, les liaisons aériennes et le vaccin, « qui est probablement l’élément clé pour la reprise dans le secteur touristique », a-t-il dit. « C’est compliqué. L’avenir nous le dira. Air Mauritius est aussi un défi pour le secteur touristique mauricien, on ne sait pas sur quel modèle la compagnie nationale va opérer. »
François Eynaud a souligné que le principal défi du moment est de gérer le “cash flow”. Le Wage Assitance Scheme (WAS) couvre 50% de la masse salariale « et 25% de nos coûts totaux, donc nous devons couvrir les 75% de nos coûts par nous-mêmes et ce, jusqu’à la réouverture des frontières ». Le hic, selon lui, c’est que même quand les frontières vont rouvrir, certains spécialistes disent que cela prendra au moins deux ans avant de retrouver une certaine normalité. « Certains parlent de trois ou de cinq ans. Il y a divers scénarios et nous devons nous préparer au pire. Nous réduisons nos coûts autant que possible », a fait ressortir le CEO de Sun.
Autre difficulté qui s’ajoute à la liste des difficultés pour les hôteliers : les lois de travail qui sont contraignantes pour leurs opérations : « Elles ne nous permettent pas de nous restructurer. And we need to find ways to be able to restructure. Les lois du travail sont archaïques et non adaptées au futur. Nous avons besoin de plus de flexibilité, sinon ces lois vont freiner l’épanouissement du secteur dans le futur. »
Il y a quand même des aspects positifs à la crise, c’est une opportunité pour repenser notre modèle de développement, selon François Eynaud, d’autant que même avant la pandémie en 2019, le secteur ne fonctionnait pas de manière optimale. « Il y avait un déclin des arrivées touristiques. There was a need to re-think the industry. We have to respond to some traveling trends which are being amplified and accelerated. » Par exemple, les tour-opérateurs traditionnels seront menacés par le digital car la chaîne de distribution va évoluer dans le secteur touristique, fait comprendre le patron de Sun. « Les touristes seront plus à la recherche de Meaningful Holidays. Il faudra travailler sur ces nouvelles tendances au niveau des opérateurs et à l’échelle nationale. » Il faut, selon lui, profiter de cette période de transition pour renforcer le dialogue public/privé, sachant que le secteur touristique ne concerne pas que le ministère du Tourisme. « Il faut un National Revival Plan pour relancer le secteur, avec la participation de tous les ministères et de beaucoup de “stakeholders”. »

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