Éducation : Le Kreol Morisien en toute légitimité en Grade 10

Pr Arnaud Carpooran : « Cette décision vient corriger une perception de discrimination dans le système éducatif »

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Le Kreol Morisien fera partie des matières proposées en Grade 10 à la prochaine année scolaire. Cette décision du gouvernement est accueillie avec une grande satisfaction parmi ceux qui réclamaient son introduction. Pour le Pr Arnaud Carpooran, de l’Université de Maurice, cette inclusion dans le curruculum vient corriger une perception de discrimination dans le système éducatif.

Dénouement inattendu pour ceux qui défendent la légitimité du Kreol Morisien dans le système éducatif. Le comité interministériel présidé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a tranché dans cette affaire, qui avait atteint un Deadlock entre le ministère de l’Éducation et les défenseurs du Kreol Morisien. À la rentrée de l’année scolaire, le 14 juin prochain, la langue maternelle sera ainsi enseignée en Grade 10 (Form IV). Ce qui veut dire qu’il faudra également se préparer pour le Grade 11 (Form V).

Pour le Pr Carpooran, président de la Creole Speaking Union, c’est une grande satisfaction. « Le gouvernement a démontré qu’il a été sensible aux doléances exprimées à plusieurs niveaux, permettant ainsi de régler deux problèmes qui auraient pu créer une situation malsaine dans les écoles. D’une part, les droits fondamentaux des enfants n’auraient pas été respectés et, d’autre part, il y aurait eu une perception de discrimination, car certains enfants auraient été limités au Grade 9, tandis que d’autres pouvaient poursuivre au-delà, » souligne-t-il.

Le fait que le comité interministériel était présidé par le Premier ministre confère à cette décision une dimension nationale, voire étatique, précise-t-il. « Ce n’est pas n’importe quel comité qui a décidé d’inclure le Kreol Morisien en Grade 10. Cela donne une valeur particulière à la langue comme une matière académique. J’ai écouté la ministre de l’Éducation et j’ai compris qu’il y avait un problème au niveau de Cambridge, mais le gouvernement a trouvé une formule alternative et on créera un genre de National School Certificate. Je considère que c’est une bonne démarche,» affirme-t-il.

Le Pr Carpooran ajoute que Maurice étant un État souverain, des décisions peuvent être prises à notre niveau pour régler nos problèmes. « Nous ne pouvons pas forcer une institution étrangère à prendre des décisions en notre faveur, mais nous pouvons trouver des solutions pour régler un problème fondamental. Le gouvernement est venu avec une solution pour avancer, et c’est bien. » Tout de même, précise-t-il, il aurait souhaité connaître les exigences du Cambridge International Examinations afin de pouvoir travailler pour se conformer au protocole.

Il se dit également très fier d’avoir appris que l’Université de Maurice aura un rôle clé à jouer dans ce nouveau projet. « Cela nous encourage dans notre démarche et démontre que nous n’avons pas fait tout ce travail pour rien depuis toutes ces années. Nous prenons cela comme un challenge que nous allons devoir relever avec nos partenaires que sont le Mauritius Institute of Education et le Mauritius Examinations Syndicate. Cela va nous obliger à nous mettre au travail rapidement. »

Quant à savoir s’il y aura suffisamment de temps d’élaborer un syllabus pour le Kreol Morisien en Grade 10 un mois avant la rentrée scolaire, il répond : « J’ai cru comprendre que le MIE avait déjà commencé un travail. Il faudra continuer à développer le matériel pédagogique. C’est faisable. Ce n’est pas la première fois que l’on se retrouve dans cette situation. Il y a déjà eu des cas où le matériel n’était pas tout à fait prêt à la rentrée, mais on a démarré avec ce qu’on avait et on a continué à développer le matériel par la suite, » conclut-il.

Une question reste toutefois posée et concerne plutôt les administrations des collèges : comment accommoder le Kreol Morisien quand le choix des matières a déjà été effectué et que le time-table pour l’année 2021-2022 a aussi été élaboré ?

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