Éducation secondaire — Les enseignants toujours mitigés au sujet des cours en ligne

Le troisième trimestre tire enfin à sa fin, les élèves se préparent déjà aux examens du School Certificate et du Higher School Certificate. Le syllabus étant terminé, des élèves se retrouvent ainsi à suivre des classes en ligne afin de pouvoir compléter leurs révisions avant le début des examens, prévu la semaine prochaine. Certes, l’expérience du premier confinement leur aura été bénéfique en ce sens, mais nombre d’enseignants restent malgré tout encore mitigés sur ce type d’enseignement. Ils craignent en effet de « perdre le contrôle » sur l’élève. Ils notent par ailleurs que certains jeunes ne soient pas disciplinés et craignent que les résultats du troisième trimestre ne soient pas à la hauteur des attentes.

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« Lors du premier confinement, nous avions noté que les élèves n’étaient pas intéressés avec les cours en ligne. Ceux qui prenaient des leçons particulières démontraient un faible intérêt », explique un enseignant d’un collège d’État de Terre-Rouge. Lui-même appelé à assurer ses classes en ligne, il dit avoir eu beaucoup de problèmes à rassembler tous ses élèves en ligne. « Je travaille dans une école où le niveau académique est relativement bas, et la plupart des élèves sont issus de familles pauvres. L’enseignement en ligne était un échec total », concède-t-il. Selon lui, certains n’avaient pas de connexion à l’Internet et ne pouvaient par conséquent pas suivre les cours. Dans cette dernière catégorie figuraient des élèves « assez compétents, mais dont les familles sont pauvres ».

Afin de pouvoir enseigner aux élèves, il dit avoir utilisé la plateforme Zoom ainsi que WhatsApp. Toutefois, sur Zoom, il est impossible de pouvoir dépasser 30 minutes par séance, dit-il. « Cet aspect n’a pas été pris en compte. Je ne pourrais pas payer de ma poche », ajoute-t-il, avant de poursuivre que les enseignants n’étaient pas équipés durant le premier « lockdown » et ont dû utiliser leur propre ordinateur portable, leur téléphone et leur connexion Internet. Ayant mis en place toute la logistique nécessaire pour ses élèves, il se dit surpris par le nombre de jeunes qui ne suivent pas la classe. « La participation des élèves était quasi nulle », regrette-t-il.

Il fait en outre ressortir que pour un groupe d’élèves en HSC, seul un élève avait envoyé quelques questions à la suite d’une leçon. « On estime que l’enseignement a été un succès, mais ce n’est pas vrai », dit-il. Cependant, cet enseignant dit ne pas comprendre l’utilité des cours en ligne « si les élèves doivent repasser tous leurs cours du deuxième trimestre ». De plus, le deuxième trimestre a été « plus long que d’habitude ». Pour lui, qui compte plus d’une dizaine d’années dans l’enseignement, « la transition vers les cours on line a été trop brusque pour les élèves », ce qui explique que certains n’ont pas pu s’adapter.

Par ailleurs, il fait ressortir : « Suite au premier confinement de l’année dernière, où nous étions obligés de donner des cours en ligne, nous avons soumis un document au ministère de l’Éducation avec des propositions pour que l’enseignement en ligne soit mieux planifié, et pour que les élèves puissent terminer leur troisième trimestre l’an dernier. Mais notre document n’a pas été pris en considération. » Selon lui, les élèves auraient pu passer leurs examens du School Certificate et du Higher School Certificate, « étant donné que les élèves du privé ont pu le faire ». Des propositions qui n’ont pas été prises en compte, « et cela au détriment des élèves ».

Une autre enseignante, habitant le village de Saint-Pierre, et qui dispense uniquement des cours en ligne, affirme que la première expérience pendant le « lockdown » de 2020 aura été « un peu une déception, dans la mesure où plusieurs élèves ont cessé de suivre leurs leçons ». Ce relâchement, elle dit l’avoir noté auprès des élèves de Grade 9. « Certains élèves avaient rompu tout contact avec moi durant le premier confinement », dit-elle. Une situation qu’elle a « mal vécue » avec certains de ses élèves, ces derniers payant en effet pour ces leçons privées.

Cependant, depuis que le deuxième confinement a été annoncé, elle a recommencé ses cours en ligne pour ses élèves de SC et de HSC. Et surprise : elle dit avoir noté « un certain changement », ses élèves semblant en effet cette fois avoir adopté la technologie dans le cadre de l’apprentissage. « Ils savent que ce confinement est temporaire », dit-elle.

D’un autre côté, elle dit avoir beaucoup appris de cette première expérience, ce qui lui a permis d’améliorer l’expérience de ses élèves. Elle dit également préférer l’utilisation de WhatsApp à Zoom, et ce par « respect de la vie privée de la famille » de ses élèves. De ce fait, elle enregistre ses vidéos avant de les envoyer à ses élèves. « Certains élèves n’étaient pas connectés à l’Internet et utilisaient d’autres plateformes digitales qui ne sont pas appropriées », dit-elle.

Accélération du Blended Learning à l’UoM

L’enseignement en ligne existe depuis dix ans à l’Université de Maurice (UoM), et ce, sous forme de « blended learning ». Le pro-VC (Planning & Resources), le Dr Mohammad Santally, explique : « Depuis que nous nous sommes tournés vers le Learner-Centred Credit System, une combinaison de l’enseignement en ligne et de face-à-face est devenue la norme. Et avec le premier confinement, nous avons accéléré la mise en application de l’enseignement en ligne et blended. »

Selon lui, les étudiants ont toujours accueilli différents modes d’enseignement. Les étudiants ont une préférence pour les cours en ligne et en face-à-face. S’agissant de l’engagement des étudiants à travers ces modes d’enseignements, il soutient que plusieurs facteurs doivent être pris en ligne de compte, citant en premier lieu la motivation de l’étudiant pour ses études. En deuxième lieu, il y a selon lui les facilités auxquelles il a accès. Et le troisième facteur est la manière dont le cours a été conçu par le chargé de cours et le niveau de préparation des étudiants pour qu’ils soient des apprenants autonomes. « Il s’agit d’un processus qui doit être examiné sous différents angles », dit-il.

S’agissant de la soumission des « assignments », les étudiants doivent respecter un certain « deadline ». Toutefois, il fait ressortir qu’en temps de crise, une certaine flexibilité est acceptée envers les étudiants. « Généralement, les étudiants sont engagés dans leurs études et soumettent leurs devoirs à temps, que ce soit en ligne ou non », dit-il. Quant à la question du contrôle des étudiants, il avance que lorsque ces derniers sont en ligne, « tout est surveillé, contrairement à ce qui se passe dans une classe ».

Il est aussi d’avis que les étudiants ont « plus de contrôle sur leur apprentissage » en ligne. De plus, « ils deviennent plus responsables ». Concédant qu’aucun système d’enseignement n’est parfait, il affirme que « le plus grand défi est d’apporter ce changement de paradigme dans la nouvelle normalité ». Ainsi, pour lui, notre façon d’enseigner doit être conçue de telle manière qu’elle intègre de facto la technologie. « Toutefois, nous devons nous assurer que nous comblons davantage cet écart numérique entre les pauvres et les riches en termes d’accès à l’Internet et aux équipements technologiques », dit-il.

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