Église anglicane — Mandement de carême — Mgr Ernest : « Gare à une culture de passe-droit et de corruption »

L’évêque anglican : « Maurice doit s’imprégner de ce désir de contrecarrer les injustices qui produisent l’exploitation, l’oppression, la souffrance et l’idolâtrie »

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Mgr Ian Ernest, évêque de Maurice, s’interroge sur le rôle de l’église dans un « monde rempli d’incertitudes » et en fait le sujet de sa réflexion dans son mandement de carême, rendu public aujourd’hui. Sur le volet social, il fait part de son indignation face aux droits qui sont bafoués et aux cas d’injustices. « Notre pays, qui est sur la route vers le progrès, doit s’imprégner de ce désir de contrecarrer les injustices qui produisent l’exploitation, l’oppression, la souffrance et l’idolâtrie. Sinon, il sombrera dans une culture de passe-droit et de corruption (…) L’île Maurice plurielle a besoin de se dépasser pour qu’elle arrive à démanteler les situations corrompues et les discriminations déshumanisantes », écrit Mgr Ernest.
L’évêque anglican fait de cette interrogation, « A quoi sert l’église dans nos incertitudes ? », le titre de son mandement de carême 2019. Mais de quelles « incertitudes » parle-t-il? « En observant les événements du monde, nous voyons que le spectacle est affligeant. Bien que d’énormes progrès dans différents aspects de notre vie ne soient pas négligeables, nous n’arrivons pas à dépenser notre énergie pour que ce monde soit plus juste et plus fraternel. Les tentations de se servir au lieu de servir semblent être toujours victorieuses et il nous est difficile de les vaincre. Il est toujours plus facile de médire et de mépriser les autres, de se venger et de se laisser posséder par l’amertume », écrit-il.
Le manque de confiance de la population dans plusieurs structures de la vie et dans la gestion des affaires de la société civile donne lieu aussi à des incertitudes. « Lorsque nous constatons que tous les efforts que nous faisons dans la vie pour progresser sur le plan individuel et sur le plan collectif sont bafoués par une injustice criante et par des choses corrompues, et face aussi à toute forme de violences, aujourd’hui, il y a une certaine peur. Ne pas savoir de quoi demain sera fait suscite la peur », explique Mgr Ernest. Les incertitudes qu’ils observent au sein de la population sont donc liées à l’avenir.
Devant ce tableau quelque peu sombre et qui donne lieu à un certain pessimisme au sein de la population, Mgr Ernest soutient que l’église a une réponse à apporter et évoque le « projet de Dieu, qui donne l’espérance » . Sur un volet strictement social, il y a, selon le chef de l’église anglicane, « un grand besoin de renforcer les moyens afin d’avoir un système de santé qui soit adéquat et performant ».
Il appelle aussi à « une politique de logement qui rehausse la qualité de vie de certains de nos concitoyens » et plaide pour « un système d’éducation qui ose faire de la place pour ceux et celles qui ont des compétences qui ne soient pas nécessairement académiques ».
Mgr Ernest insiste aussi avec fermeté sur le respect des droits humains et sur la notion de la justice dans toutes les sphères de la vie : « Notre pays, qui est sur la route du progrès, doit s’imprégner de ce désir de contrecarrer les injustices qui produisent l’exploitation, l’oppression, la souffrance et l’idolâtrie. Sinon, il sombrera dans une culture de passe-droit et de corruption. Nous avons donc besoin d’annoncer la justice et de promettre une action qui pourrait générer un mouvement de changement et faire de nos rêves humains des réalités de vie où nous goûterons en toute liberté le lait et le miel. »
Sur le plan religieux, l’évêque de Maurice appelle les fidèles anglicans en ce temps de carême a une réflexion sur « leur présence et sur leur action au sein de la société mauricienne ». Il encourage vivement ces derniers « à participer activement dans la vie du pays tant sur le plan social que sur le plan politique » mais en s’alignant dans leurs prises de position sur les messages de l’Évangile. Mgr Ernest interpelle aussi les chrétiens anglicans sur leur devoir de « missionnaire » face aux nouveaux défis et de souligner la nécessité d’une église « ancrée dans le monde » et s’adaptant aux nouvelles réalités de la même manière, rejoignant ainsi l’appel du cardinal Piat aux catholiques dans sa lettre pastorale publiée la semaine dernière. « Cette mission transcende le domaine religieux car elle est aussi concernée à soutenir le progrès social et économique, qui favorise le développement de la personne », précise Mgr Ernest.

Par rapport à la place des jeunes au sein de l’église, l’évêque de Maurice fait part de deux situations qui sont des préoccupations du diocèse anglican et qui constituent des défis à relever : d’une part l’indifférence des parents envers l’éducation religieuse de leurs enfants et, de l’autre, « la population âgée, qui reste attachée à la tradition de l’église, tandis que les jeunes recherchent d’autres façons d’être église ».

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